Nestor Romero (avatar)

Nestor Romero

Enseignant... encore un peu

Abonné·e de Mediapart

316 Billets

0 Édition

Billet de blog 18 avril 2017

Nestor Romero (avatar)

Nestor Romero

Enseignant... encore un peu

Abonné·e de Mediapart

Dignité et courage de Philippe Poutou

Bien sûr il ne sera jamais Président (Mélenchon non plus d’ailleurs) pourtant je m’apprête à voter pour lui dimanche prochain. Inutile de s'appesantir son programme puisqu’il n’a aucune chance d’être appliqué dans un avenir prévisible (comme celui de Mélenchon d’ailleurs).

Nestor Romero (avatar)

Nestor Romero

Enseignant... encore un peu

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bien sûr il ne sera jamais Président (Mélenchon non plus d’ailleurs) pourtant je m’apprête à voter pour lui dimanche prochain.  Inutile de s'appesantir son programme puisqu’il n’a aucune chance d’être appliqué dans un avenir prévisible (comme celui de Mélenchon d’ailleurs).

Je voterai donc Philippe Poutou car il est le seul à avoir fait preuve de dignité et de courage lors du fameux débat (si l’on peut appeler ça un débat) télévisé entre les onze candidats.

Il a refusé avec dignité et courage de figurer sur la prétendue « photo de famille » car, en effet, il ne fait pas partie de la « famille », cette famille dont les attributs sont le patriotisme et, conséquemment, le nationalisme qui, en dernière instance, réduit toutes les altérités, efface tous les antagonismes, gomme ne serait-ce que pour un instant les affrontements entre faibles et forts, entre dominants et dominés, entre privilégiés et « défavorisés », entre riches et pauvres car tous sont membres  de la même « famille », tous français…, et fier de l’être.

Pourtant il n’y a pas de quoi être fier car nul n’a choisi son lieu de naissance, nul n’a choisi ses parents, nul n’a choisi sa famille. Comment alors pourrait-on être fier d’un événement (être né en France) à l’origine duquel notre volonté n’est pas intervenue, d’un événement à la réalisation duquel seul a présidé le hasard ?

Ils sont là pourtant bien fier(e)s derrière leur cravate ou  leur joli collier, bien convenables : au diable la gauche et la droite !, Français, tous Français… Jadis cette fierté était une stupidité réactionnaire, celle d’une droite nationaliste et xénophobe (le nationalisme est xénophobe par définition) et voici qu’elle est maintenant une stupidité de gauche et que les prétendus insoumis, sous la baguette de leur chef (le nationalisme crée toujours un chef), se soumettent fièrement à la tradition nationaliste et réactionnaire de l’hymne hurlé à pleins poumons.

Bien sûr, bien sûr, il fut un temps où la Marseillaise était révolutionnaire, un temps où Nation et Patrie signifiaient Révolution mais ce n’est plus vrai depuis que la réaction s’en est emparée au mitan du dix neuvième siècle ou peut-être même  un peu avant.

Les voici donc  tous ces soumis de toujours et ces prétendus insoumis sur la photo de « famille », tous frères, tous sauf Philippe. Et c’est la raison pour laquelle je voterai pour lui. Mais il en est d’autres. Ainsi, par exemple  a-t-il été le seul à réagir dignement aux injonctions de journalistes qui confondent impertinence (à l’égard de certain seulement d’ailleurs) et irrespect (à l’égard de certain, bien sûr), le seul à envoyer paître une sorte d’institutrice acariâtre comme il n’y en a plus dans les écoles.

Et puis, il a été le seul à avoir la dignité et le courage de dire leur fait, face à face, les yeux dans les yeux, à celle et celui qui sont tellement fiers d’être français, de faire partie de la famille qu’ils n’hésitent pas, comme leur a dit Philippe, à « piquer » dans la caisse  commune.

Il a été le seul enfin à faire passer une souffle de vie dans ce lieu mortifère,  le seul par son attitude toute de dignité à dire aux ectoplasmes qui l’entouraient, imperturbables derrière leur cravate, à leur signifier qu’il n’est pas de leur monde et qu’il combat, pour de vrai, ce monde.

Mais alors, votant pour le seul candidat digne et courageux ne vais-je pas faire le jeu de… je-ne-sais-qui ? Voici bientôt un demi-siècle que j’entends à chaque campagne, la même sornette et c’est ainsi que de renoncement en renoncement pour ne pas faire le jeu de je-ne-sais-qui, nous avons permis l’émergence d’un discours fascisant, l’amplification des inégalités et le déploiement d’un productivisme fou qui nous conduit inéluctablement à la catastrophe. Je voterai donc Philippe Poutou.

NB: je ne suis pas membre du NPA

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.