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Billet de blog 26 juin 2024

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Je vote Corbière...

Je vais donc devoir voter Corbière. Non que je partage toutes les formes de son militantisme ni même celles de ses options politiques, loin de là. Mais après ce qui vient de lui tomber sur la tête, cette excommunication dans le plus pur style stalinien, comment faire autrement ?

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Je vais donc devoir voter Corbière. Non que je partage toutes les formes de son militantisme ni même celles de ses options politiques, loin de là. Mais après ce qui vient de lui tomber sur la tête, cette excommunication dans le plus pur style stalinien, comment faire autrement ?

Il n'en demeure pas moins que je ne comprends toujours pas comment lui et nombre de ses camarades ont pu supporter pendant tant d'années les foucades, les avanies, les déblatérations du Chef, de Mélenchon pour le nommer.

Quelle sorte de fascination ce personnage peut-il bien exercer sur des femmes et des hommes intelligents et généreux ? Comment n'ont-ils pas vu (ou voulu voir ?) depuis tant d'années que cet homme était mu non par un quelconque dévouement à la cause de l'émancipation mais par un démesuré égotisme à l'égal de celui de ses héros de référence, Castro et Chávez sans oublier Mitterrand ?

Comment n'ont-ils pas vu que célébrant Castro il affirmait et justifiait une démarche politique totalisatrice, totalitaire, mais surtout il exprimait son propre désir, sa propre aspiration à se poser en tant que « Comandante », en tant que guide suprême ? Comment ont-ils pu le laisser déblatérer sans broncher, affirmer que Castro n'était pas un dictateur ?

N'ont-ils jamais eu la curiosité de lire le témoignage d'Hubert Matos (Et la nuit est tombée. Ed. les Belles Lettres), « Comandante » à l'égal de Camilo Cienfuegos et du Che, emprisonné trente ans durant dans les conditions les plus atroces pour avoir osé contredire le « Comandante jefe ».

Comment n'ont-ils pas eu la curiosité de lire le témoignage bouleversant de « Benigno » (Dariel Alarcón Ramirez, ce « guajiro » (paysan) qui combattit aux côtés du Che depuis les premiers accrochages de la Sierra Maestra jusqu'en Bolivie où il réussit miraculeusement à échapper aux assassins du Che ? (« Vie et morte de la révolution cubaine », Fayard)

Comment ont-ils pu croire un instant que ce personnage qui se confondait en embrassades avec Chavez et n'hésitait pas à faire de Mitterrand un modèle, ce Mitterrand qui s'écriait à la tribune du Congrès d'Epinay en 1971 :  « Celui-qui n'accepte pas cette rupture avec l'ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là ne peut pas être adhérent du Parti socialiste » et qui une fois dans ses meubles à l'Élysée s'accommoda fort confortablement de ce capitalisme avec lequel il avait prétendu vouloir rompre ?

Comment ces militant(e)s ont-il pu croire un instant que Mélenchon parviendrait un jour à la Présidence de la République alors qu'il ne lui a été donné ni l'impétuosité charismatique d'un Castro, ni la culture, ni l'intelligence toute en roublardise d'un Mitterrand ?

Comment ont-ils pu croire (croient-ils encore?) qu'un individu, quel qu'il soit, parvenu au pouvoir en usant de tous les ressorts de la société spectaculaire (il serait temps de relire Debord), pourrait-il accomplir une œuvre émancipatrice en l'absence d'un mouvement massif anticapitaliste, féministe, écologiste au sens révolutionnaire du terme, celui d'une sobriété raisonnable qui seule, c'est une évidence, nous évitera la catastrophe qui chaque jour menace un peu plus ?

Mais je me trompe sans doute puisqu'ils sont si nombreux à aduler le « guide » (de moins en moins nombreux semble-t-il). Quoi qu'il en soit le pire est possible de sorte qu'il est vital de s'opposer au fascisme qui vient mais aussi aux insupportables résurgences staliniennes. Raison pour laquelle, dimanche je voterai Corbière.

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