Après l’annonce par Emmanuel Macron de la dissolution de l’Assemblée nationale, il y a effectivement urgence à gauche, à condition de se mettre d’accord sur cette urgence.
L’urgence n’est pas de « faire barrage » ou de « constituer une force de résistance à l’extrême droite[1] », encore moins de se lancer dans des négociations d’appareils sur la base d’une élection de CSP+ ou de ressusciter certains des responsables de la situation actuelle (Hollande et Cazeneuve notamment).
L’urgence c’est de faire gagner la NUPES afin qu’elle gouverne enfin. Le programme est prêt et les candidats en grande partie connus, puisqu’il suffit de reconduire les députés sortants (qui aurait l’idée de s’y opposer et sur quels motifs) ainsi que la majorité des candidats d’il y a deux ans (il peut y avoir quelques ajustements pour diverses raisons mais ces ajustements ne peuvent bloquer un accord d’union). Certains évoqueront des désaccords mais ces désaccords existaient déjà il y a deux ans et les positions de chacune des forces de la NUPES, sur les sujets internationaux notamment, n’ont pas évolué et ne sont d’ailleurs pas forcément totalement irréconciliables. Puisque beaucoup évoquent depuis hier soir le Front Populaire, souvenons-nous que les désaccords entre les forces qui le composaient étaient bien plus grands sur quasiment tous les sujets (politique étrangère, politique économique, politique sociale, etc .)
C’est le programme et la stratégie de la NUPES qui ont mobilisé il y a deux ans, c’est ce programme et cette stratégie qui mobiliseront dans trois semaines. Car oui, il y a urgence, mais cette urgence c’est celle d’appliquer ce programme, pas d’empêcher que la lumière ne s’éteigne[2] ou que le mal n’advienne. Car pour une part croissante de la population, la lumière est déjà éteinte depuis de nombreuses années au cours desquelles ils ont pu expérimenter le mal sous de nombreuses formes, les gouvernements qui se sont succédé ayant toujours poussé plus loin une forme de sadisme social dont la future réforme de l’assurance chômage n’est qu’une nouvelle étape. Ce que la population attend ce n’est d’être contre un nouvel ennemi probablement pire que l’actuel mais d’en finir avec une nuit qui n’a malheureusement pas commencé un dimanche 9 juin à 21h00.
Donc épargnons-nous les discussions d’appareil et les prises de positions morales et terriblement petites-bourgeoises sur le mal qui serait à nos portes, alors qu’il en a déjà allègrement franchi le seuil, et exigeons une reconduction de la NUPES. Cela nous permettrait de faire campagne dès demain. Ce ne serait pas du luxe avec un premier tour se tenant dans moins de 3 semaines.
[1] Comme l’a annoncé Raphaël Glucksman le 9 juin après l’annonce de la dissolution
[2] https://blogs.mediapart.fr/emmanuel-zemmour/blog/100624/lunion-de-la-gauche-avant-que-la-lumiere-ne-seteigne