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C’était l’hiver,
jusque dans mes os,
les chairs transies en auto-défense.
À bien des égards,
j’étais un fœtus d’une bonne
vingtaine d’années
enrobé d’une couverture verte.
Fébrile et tellement dépendant…
Je tremblais comme un fétu de paille,
dans un courant d’air glacial.
Mes dents claquaient malgré moi,
mes pieds se réchauffaient
l’un contre l’autre.
Dans un silence contraignant,
ma panse gargouillait de tout
l’air qui la gonflait,
inondant mes papilles de
sensations acides,
juste pour se venger d’être si vide.
C’était l’hiver, jusque dans ma vie.
J’étais une cigale prisonnière,
fiévreuse et sans voix.
Mes rêves avaient gelé,
mes espoirs avaient fondu…
Je fixais le rai de lumière qui
filtrait sous la porte,
comme s’il pouvait me réchauffer.
La laine grattait ma peau nue,
mon souffle s’emballait comme
les pleurs d’un enfant.
La détresse frigorifiait mon cœur,
mes yeux brûlaient d’envie de pleurer,
mais ces larmes étaient ma seule richesse.
« Je ne leur ferai pas ce plaisir ! »
C’était l’hiver, j’avais faim.
Et pour la première fois de ma vie,
je n’y pouvais rien.
— Par Tito
"La prison par les prisonniers. Quand les détenus prennent la plume" : découvrez la note d'intention du 100eDedans Dehors, numéro exceptionnel entièrement rédigé par les détenus.
Ainsi que les témoignages de la rubrique "Conditions de détention" :
- Prison : premières impressions (1/21).
- L'arrêt public (2/21).
- Sommeil d'enfant (3/21)
- Inventaire non-exhaustif des conditions de vie en maison d’arrêt (4/21)
- Une journée en prison : le contrôle et le vide (5/21)
- La promenade, seule activité garantie en prison (6/21)
- Les maux de la prison (7/21)
- (Ré)veilleurs de nuit (8/21)
- La prison (9/21)
Et les témoignages de la rubrique "La loi de la prison" :
- Le code des détenus (10/21)
- Arbitraire partout, justice nulle part (11/21)
- En prison, tout est fait pour que vous craquiez (12/21)