Le mot “rhétorique” est un synonyme partiel du mot “parole”. La rhétorique est la «technique du discours; [l']ensemble de règles, de procédés constituant l'art de bien parler, de l'éloquence», la parole la «faculté d'exprimer et de communiquer la pensée au moyen du système des sons du langage articulé émis par les organes phonateurs»; la parole est la faculté même, la rhétorique le moyen de la mettre en œuvre; tout être parlant possède la faculté mais elle ne se réalise que par l'apprentissage de la technique. Il existe plusieurs types de rhétoriques: celle qu'on dira implicite, chaque être parlant apprend la technique de manière intuitive, par imitation et conditionnement; celle qu'on dira efficiente, qui correspond à la sophistique, apprendre les méthodes discursives permettant de convaincre son auditoire ou son lectorat; celle qu'on dira critique, qui correspond à la dialectique, apprendre les méthodes de compréhension permettant, dira-t-on, de discerner le vrai du faux; celle qu'on dira exégétique ou philologique, qui consiste à évaluer la signification des éléments de discours dans leur emploi. D'autres types de rhétoriques encore, mais qui m'intéresseront moins, à les analyser ce sont généralement des variantes de ces quatre premières.
Ce blog est très répétitif. Fondamentalement, il vise à la dialectique mais ne néglige ni la philologie ni la sophistique; quant à la manière dont je rédige mes billets, le plus souvent j'emploie la langue intuitive, je ne cherche pas spécialement à en soigner le style, j'écris presque comme je parle. Je n'y suis pas délibérément répétitif, c'est une manière comme une autre d'augmenter les chances de me faire comprendre: abordant les mêmes sujets de manières diverses je puis espérer, sans certitude, être compris par des personnes diverses. Telle préférera une approche “scientifique”, telle une approche “religieuse”, telle une approche “idéologique”, etc. Plus bien sûr les formes plaisantes, humoristiques, comiques, pamphlétaires, poétiques, etc. Quel est le but d'un auteur de discours? Se faire comprendre, soit pour persuader, soit pour convaincre, soit pour apporter de l'agrément. Ou du désagrément d'ailleurs. Disons, pour étonner en plaisant ou en déplaisant mais avant tout étonner.
Le thème général de ce billet sera, peut-on dire, une leçon de rhétorique. Les deux billets de même titre, «999: Que sais-je de la réalité?», suivis l'un de la mention «version sophistique», l'autre de la mention «version dialectique», proposent deux leçons: un passage du roman Seigneur de lumière de Roger Zelazny, où celui-ci propose un morceau de rhétorique visant à convaincre, donc sophistique; une partie du Tractatus logico-philosophicus de Ludwig Wittgenstein, qui est un discours visant à persuader, donc dialectique. Selon le Trésor de la langue française (le TLF), “persuader”, «amener (quelqu'un) à être convaincu (de quelque chose) par une argumentation logique ou faisant appel aux sentiments», et “convaincre”, «emporter l'adhésion intellectuelle d'un ou plusieurs interlocuteurs réels ou hypothétiques», sont des synonymes, ce qui n'est pas entièrement inexact, je n'ai pas choisi ces termes sans motif, mais les synonymes vrais sont rares. Dans le même dictionnaire il y a une remarque:
«Convaincre/persuader. Convaincre quelqu'un, lui apporter des preuves en soi irréfutables; persuader quelqu'un, l'amener à adhérer à un énoncé par une décision personnelle».
Où l'on voit l'écart: convaincre ne requiert pas de décision personnelle, persuader n'induit pas de ne pouvoir être réfuté.
Donc, un blog répétitif. La question qui m'intéresse ici je l'ai développée dans d'autres billets: comment «discerner le vrai du faux»? Une de mes approches est ce que les fidèles de la “religion des Hébreux” nomment 'etc.)
Ce billet ainsi que les deux précédents (les versions “sophistique” et “dialectique”) sont des brouillons datant de mars 2020. En parcourant la liste de mes billets pour enregistrer sur mon disque dur les brouillons je me suis dit que ces trois-là pouvaient être publiés, surtout à cause des deux autres, Zelazny et Wittgenstein, ça vaut toujours le coup de les lire, et relire. Pour celui-ci je n'ai pas d'avis parce que je ne l'ai pas lu.