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Billet de blog 22 février 2019

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Processus: une victoire surprise annoncée.

Début décembre 2016: à peine sorti de l'œuf Emmanuel Macron est un “has been” sorti des listes; fin janvier 2017: Emmanuel Macron est au deuxième tour de l'élection présidentielle. Miracle! Dieu est avec nous! Ouais, faut voir...

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Peu avant le premier tour de l'élection présidentielle française de 2017 j'ai inventé une petite blague sur mon propriétaire (oui, Emmanuel Macron, parlant des Français, dit «mon peuple», comme je suis Français, je fais partie de son bien), sur son nom: en hébreu, Emmanuel signifie “Dieu avec nous”; en grec, Macron signifie “grand, gros, long”; en français, Emmanuel Macron signifie “Dieu est avec nous et ça promet d'être long”. À l'époque, ma petit blague ne faisait rire personne; depuis la fin de l'été 2018, elle fait rire tout le monde, mais un peu jaune. Tiens ben, je me demande: une anticipation sur la dominante de couleur depuis la fin de l'automne 2018?

Quand je l'ai inventée, je n'avais pas d'intention spéciale, j'aime jouer avec les mots. Comme en outre, durant sa campagne il avait une gestuelle assez “christique” (non qu'on sache comment Jésus gesticulait, plutôt la gestuelle hollywoodienne du “prophète”, et aussi un peu et même beaucoup, la gestuelle de certains “télévangélistes”), et comme il apparaissait assez évident dès avant l'élection qu'il figurerait au second tour et deviendrait donc Notre Président, ça me semblait un peu gros et même un peu grotesque, mais j'ai préféré l'acception “long”, pour construire une phrase plaisante. Mon sujet n'est pas là, d'autant que, de ce qu"il en semble, ça pourrait ne pas être si long qu'on aurait pu croire (bien que, ça semble déjà avoir été assez long jusque-là – passons...). Mon sujet est: chronique d'une victoire surprise annoncée.

Possible que j'en aie déjà parlé un peu. Je vérifie. Apparemment non mais c'est pas sûr, comme je fais beaucoup de digressions il se peut que ce soit niché au détour d'un billet sans grand rapport, ou glissé dans un commentaire (191 au compteur, trop pour que j'aille y vérifier, puis ça ne me dérange pas trop de radoter, je n'escompte pas que mes possibles lectrices et lecteurs lisent toute ma prose, pas de raisons qu'elles ou ils fassent autrement que moi, et rares sont les “blogs” que je lis du premier au dernier billets). Il me semble avoir évoqué le sujet sur mon site personnel (si ça peut vous intéresser, celui-ci porte mon nom, sans majuscules et sans espace entre prénom et patronyme, avec un “.fr” juste après. Je ne vous le conseille pas, c'est le même site personnel original que celui de tout le monde. Remarquez, si vous appréciez le même genre d'humour et d'ironie que moi, quelques discussions de ce site me semblent assez drôles et bien tournées. Quelques seulement. L'avantage du moteur de CMS/SGC – système de gestion de contenu – que j'utilise est qu'il annonce la longueur des textes, ça permet d'éviter d'aller voir ceux trop longs. Au fait, mon nom n'est pas Ma Pomme, ça c'est un pseudo). Donc, une victoire surprise annoncée. Ce qui est somme toute assez courant depuis 1995: Chirac n'aurait pas du figurer au second tour cette année-là, en 2002, à l'inverse Jospin aurait du y figurer et remporter l'élection, donc Chirac, qui n'aurait déjà pas du être élu, n'aurait pas du être réélu – cette fois-là il y eut cependant une vraie, sinon réelle, surprise, Le Pen au second tour, d'où la demi-surprise de la victoire de Chirac –; en 2007 Royal n'aurait pas du figurer comme candidate du PS; en 2012, personne n'aurait mis un euro sur Hollande comme candidat du PS, et personne n'aurait mis un centime sur Hollande président, donc le “candidat surprise” – et en deux cas le “vainqueur surprise” (pour 1995, c'est plus discutable) – est l'ordinaire des élections présidentielles depuis quelques temps déjà. Les commentateurs patentés et brevetés de la chose politique ont semble-t-il une mémoire historique d'environ six mois dans les meilleurs cas, et parlent à chaque élection d'un candidat surprise et d'une situation inédite, mais quand c'est le cas à chaque fois et depuis plus de vingt ans, en 2017 ça devrait avoir cessé de les étonner. Bon. Passons... Ah mince! J'oubliais 1988 où Chirac avait inauguré la série, normalement c'était un second tour Mitterrand-Barre assuré. Champion ce Chirac! Surprenant trois fois de suite!

Emmanuel Macron apparaît dans la liste des bookmakers instituts de sondage, je ne me rappelle plus trop, faudrait que je regarde sur mon site où il y a des données précises, mais là non, si vous voulez vérifier vous-même que je dis des choses inexactes, vous savez où chercher, une discussion de mon site perso permet de certifier que ce billet est rempli d'informations imprécises, donc que ce que je raconte est faux. Remarquez, comme ça vous lirez un texte qui dit des choses vraies, puisque les chiffres, les nombres et les dates sont exacts. Eh! Quand les chiffres sont VRAIS alors le discours basé sur eux est VRAI. Évident: les chiffres (qui en général sont des nombres) ne mentent pas. Bon, je ne vérifie pas et je vous brosse un discours à la truelle de maçon, ça ira bien, de toute manière je vais écrire sur des trucs pas trop “fact checking” vu que ça se base sur les discours de commentateurs politiques à mémoire de poissons rouges qui en outre s'appuient sur les sondages, donc des nids à “fake news” assurés – Donald Trump dit pas mal de conneries sottises mais je dois lui concéder que les médias sont de gros fournisseurs de fausses nouvelles, y compris et même en particulier ceux qui sont favorables audit Donald Trump. On n'est jamais si bien servi que par soi-même.

Emmanuel Macron apparaît dans les listes, comme ça, au pifomètre (on n'est pas à un mois près) en mai 2016, et disparaît le mois suivant. Probable que son apparition est contemporaine de sa déclaration anticipée de candidature, et que sa disparition est tributaire du silence accablant sur sa candidature les mois suivants. Il réapparaît en septembre ou octobre, et disparaît de nouveau ensuite. Possible qu'il ait sorti son fameux bouquin ce mois-là, ça aide toujours les politiciens un peu à la ramasse de sortir un bouquin, mais pas toujours très longtemps, ça dépend de leur notoriété. Tiens, un cas: Jospin est revenu, brièvement (deux ou trois mois) dans la liste des possibles candidats à l'élection présidentielle, je ne sais plus trop, en 2015? Avant? Bon, à un moment quelconque, suite à la sortie de son bouquin dont je ne me rappelle plus le titre (et pourtant je l'ai acheté mais bon, c'était une denrée à date limite de mémorisation assez brève), un  truc du genre Moi, Ma Vie, Mon œuvre, mes Échecs Réussites. Ah! Je vais chercher ça. J'aime l'exactitude. Pour le titre c'était pas loin, Le Monde comme je le vois, pour la date j'ai tout faux, octobre 2005. Je dois avoir retenu la date où je l'ai acheté – d'occase, je précise, et vraiment pas cher, pour ne pas le vexer je tairai le prix. Comme je l'ai acheté sur Internet (site “Les Libraires”) je peux tout de même vous confier que les frais d'envoi dépassaient le prix du bouquin... C'est moins tant à cause du bouquin, assez creux, qu'à cause de la séance de torture live sur je ne sais plus quelle chaîne ou l'homme-tronc de service lui soutira aux forceps (ouais, les forceps utilisés sur un homme ça vous ferai avouer n'importe quoi pour que ça cesse) une vague concession assez normande sur une hypothétique mais très peu vraisemblable candidature à la candidature (primaire socialiste) qu'il est revenu dans le “baromètre présidentiel”, comme quoi il en faut vraiment peu...

Donc, Macron, un p'tit tour et puis s'en va. Il ne revient dans la liste qu'en décembre 2016, pour une raison dérisoire: a pus d'candidat d'gôche. Enfin, de candidat de la gauche “convenable”, vous savez, celle “de gouvernement”. Hollande vient d'annoncer que non, il n'ira pas au b'lot (je m'en excuse auprès des possibles commentateurs politiques qui me liraient, j'ai des références en argot et en langue populaire trèèèès anciennes, genre plus de trente ans et même, horreur! Carrément antédiluviennes, plus d'un siècle...). Il y revient mollement, rapport au fait que la “primaire de gauche” (bon d'accord, la primaire socialiste avec deux sociaux-libéraux repeints en vert – qui se mettront En Marche peu après – et un figurant radical de plus ou moins gauche) n'a pas eu lieu et que les paris placent Manuel Vals en tête. Un poil trop à droite, le Vals, mais faute de Hollande on prend ce qu'on a... Et là, après la catastrophe “primaire de droite” avec un lauréat très à droite, la catastrophe “primaire de gauche” avec un lauréat très à gauche (bon, très à gauche dans le cadre du PS, ce qui modère un peu le niveau de gauchitude...). Panique chez les commentateurs politiques: après Charybde (Juppé tricard), Scylla (Vals blackboulé), le chouchou de droite et le (demi-)chouchou de gauche sortis des pronostics, et assez sèchement, en faveur de deux cloches imb...ables (vous connaissez désormais la distinction des termes en vigueur dans les rédactions parisiennes – LOL™!!! Moi je n'utilise pas ces termes, je suis vulgaire mais j'évite d'être grossier – la partie censurée est “itt”). C'est là, juste après la désignation de – c'est quoi déjà son nom ? Je cherche. C'est pratique Internet. Voilà, Benoît Hamon. Rarement vu un politicien devenir aussi invisible en aussi peu de temps. Faut dire, vu son score nanométrique à la présidentielle, à sa place je me serais rangé des voitures. Mais ces gars sont des drogués, il fut dans les hautes sphères de son parti dès 1993 mais déjà bien inséré quelques années avant, on n'arrête pas comme ça, c'est sûr. Je me demande s'il y a des cures de désintoxication pour les politiciens. Donc, c'est juste après la désignation de Hamon que Macron devint le nouveau, mais tardif, chouchou. C'est aussi presque contemporain du début de dessoudage de Fillon. Ça avait commencé un peu avant mais ça devint sérieux à partir de la mi-janvier 2017. C'est que, un “candidat surprise” aussi improbable ça ne se construit pas si facilement, il faut un peu, et même beaucoup, faire le ménage. Pour Hamon, bon, pas de problème, les socialos ont l'habitude de faire le travail eux-mêmes, cf. Jospin 2002, cf. Royal. Hollande y a échappé, rapport au fait qu'un type qui a été officiellement ou officieusement à la tête d'un parti aussi longtemps que lui a des fiches et des dossiers sur tout le monde, ça calme les ardeurs assassines...

Donc, faire le ménage. Le plus emmerdant (là je ne censure pas, vulgaire mais non grossier) était Fillon. Remarquez, à droite c'est comme à gauche, on sait très bien couler un candidat, lui savonner la planche, mais plus discrètement, y a des trucs qui sortent, on ne sait trop d'où ni comment mais il n'y a pas besoin d'être Grand Clerc pour imaginer la chose. Bon, le reste, les usages douteux (licites mais douteux) de l'argent public, le train de vie, les emplois fictifs, ça peut venir d'un peu partout, mais le coup de couteau dans le dos, le truc qui ne peut venir que de très proches, des “amis de trente ans”, ce sont les costumes de luxes payés en liquide par un “sympathisant” un peu espion, un peu escroc, un peu mafieux: là, aucune enquête journalistique, aucun “cabinet noir” ne peut découvrir un truc pareil. C'est signé. On n'est jamais si bien servi que par ses amis de trente ans. Faut dire, sa désignation a fait plus d'un aigri, un bureaucrate pâlichon (vous savez, «je décide, il exécute») qui banane tous les grossiums, ça crée des rancunes.

Je ne retrace pas toutes les péripéties, faites comme moi, recherchez les infos sur la période, elles sont encore disponibles (Vive Internet! bis), ou allez sur mon site, il y a plus de détails et plus précis (enfin non, pas sur ce site, il y a des milliers de pages, je maintiens des sites depuis 2002 et si je suis rarement aussi productif que ces derniers jours j'ai du créer dans les 100 à 150 pages par ans, plus quelques milliers d'autres pages glanées un peu partout sur le Net ou ailleurs, alors pour retrouver la page où il y a des données précises sur ce sujet, c'est pas évident... Par là-dessus, à mon jugé plus de la moitié, je dirais même facilement les deux tiers, sont d'un inintérêt profond. J'ai une sale habitude, tout ce que j'écris je le publie, donc il y a pas mal de brouillons dans le tas, il y a même des pages avec juste un titre et un brève introduction – je place presque toujours un chapeau sur mes pages – et rien dans le corps de texte, sauf une lettrine avec un Z, le texte par défaut quand je créais des pages statiques. Ces derniers temps je crée des pages dynamiques, comme celles d'ici, donc c'est pire puisque je publie directement sur le site. Pour vous donner une idée, ici je me tiens, je publie des billets “corrects”, donc ça vous laisse imaginer quant au niveau de qualité de mon site perso...). Je vous conseille le visionnage des couvertures de tous les (comme on dit en français contemporain) news magazines, pour y constater la brusque apparition, semaine après semaine, d'Emmanuel Macron. J'exagère, on a eu droit à Fillon (pour suivre le feuilleton de ses déboires), Mélenchon (pas précisément pour faire sa propagande) et Le Pen (pas exactement pour en dire du bien) de temps à autre. Hamon, il a peut-être eu droit à quelques couv' après sa désignation, après...

Je caricature, je caricature (pas trop mais un peu quand même, il s'agit d'un libelle plus qu'autre chose, mais un libelle pas trop inexact, faut dire que sur ce sujet il suffirait presque de faire un verbatim de Macron et Cie quand ils causent sans prompteur et sans coaching – encore du français contemporain –, la spontanéité c'est pas leur fort, et en plus notre président vient de perdre ses deux “plumes”, pas sur qu'il trouve des ventriloques aussi brillants question rhétorique désormais, j'ai comme dans l'idée que les entretiens pour les offres d'emplois seront rares à l'Élysée, désormais... Tiens, une idée: j'ai du talent, envoyer une lettre de candidature? C'est que, je sais me tenir pour la forme et le fond quand il faut, j'ai même travaillé quelquefois pour des négriers, bon, du travail propre, entretiens mis en forme, rewriting – en vous savez quoi contemporain. Si le salaire est bon, un peu de mercenariat ne me rebuterait pas). Bon, soyons un peu sérieux. Ouais, difficile... Écrire sur une pantalonnade en étant sérieux, est-ce sérieux? Allez, j'y vais de mon violon.

Macron Emmanuel, je l'aime bien. De loin du moins. De l'autre bord, ça ne signifie pas grand chose sous mon clavier, les gens je les aime bien le plus souvent. Des fois je me demande s'il est vraiment un gens, ce gars-là, quand il a discours bien écrit ça passe, il a un réel talent d'acteur, il a peut-être raté sa vocation, par contre il est nul en improvisation. Des fois je me demande s'il ne serait pas un peu (et même beaucoup) con sot. Je ne dis pas, dans les prestations publiques où il est seul en scène, et quand le public est acquis, il sait y faire, mais on voit qu'il suit de près la “canne” (un terme de théâtre, on parle de la “canne” et de la “broche”, le canevas, une ligne directrice, quelques chevilles, et va-s-y, improvise!, et la brochure, le texte tout écrit avec les didascalies – Macron est plus à l'aise avec la “broche”), pas trop sortir de la ligne et reprendre les “éléments de langage” préparés, mais avec une vigueur, un allant! Du coup, ça passe. Par contre vaut mieux ne pas transcrire, quand on lit ses morceaux de bravoure de tribun on s'aperçoit que c'est plus par son jeu que par son texte qu'il brille. Je ne voudrais pas insulter nos villes moyennes de province, d'autant que je vis dans un trou perdu, mais c'est comme ça, on a parfois des tics de langage droits venus de morceaux de bravoure d'auteurs “parisiens” qui ont quelque mépris pour la cambrousse (surtout quand ils en viennent), j'ai failli écrire «tribun de sous-préfecture», alors que la plus proche sous-préfecture de mon petit Liré est une ville charmante es culturellement dynamique. Bon, tant pis, j'aime bien ce lieu commun malgré tout, donc j"y vais de mon mépris injustifié pour la cambrousse: ses morceaux de bravoure de tribun de sous-préfecture passent mal à l'écrit. J'ai des doutes sur ses capacités intellectuelles. Enfin non, pas vraiment. Pour moi il y a deux types d'intelligences, celle qu'on nommera plus proprement culture, et celle qu'on peut nommer discernement. Tel que je le ressens Emmanuel Macron a de la culture mais manque de discernement. En toute honnêteté je préfèrerais me faire traiter de con que de me faire dire que je manque de discernement. Je trouve ça cruel. Ouais, j'admets, je suis cruel. Et en plus, là je donne dans la facilité, il est si facile de se gausser de Notre Maître Président!

Tiens, un exemple: vous avez suivi le débat de l'entre-deux-tours à la dernière présidentielle? Moi non, j'en ai entendu un peu ça m'a suffi. Pourtant j'ai enregistré, mais jamais visionné. La-men-table! Cela dit, il l'était aussi lors du supposé débat d'avant le premier tour. De toute manière ils l'étaient presque tous, les seuls qui surnageaient furent Le Pen, Mélenchon, Artaud et Poutou. Les gauchos ça s'explique, ils ont l'habitude, je ne sais pas si vous avez déjà assisté à une réunion de cellule d'un mouvement trotskyste ou anarchiste, y a intérêt à avoir des arguments et du bagout pour s'imposer. Mélenchon est aussi de cette école, et en plus il a de la culture, et Le Pen, même si c'est la fille à papa, pour réussir à diriger un parti d'extrême-droite quand on est une femme, vaut mieux assurer question rhétorique et coups de gueule. Tiens ben, en parlant de fille à papa, je me rappelle de cette phrase, je ne dirai pas immarcescible (voir le billet «Le Sabre et le Goupillon (version militaro-industrielle)» pour la définition – je ne désespère pas d'être lu par quelque commentateur politique donc je pense à eux et à leur mémoire de poisson rouge), n'exagérons rien, mais du moins mémorable, «Je préfère mes filles à mes nièces, mes nièces à mes cousines, mes cousines à mes voisines, mes voisines à des inconnus et des inconnus à mes ennemis». Ouais. Je me demande si, depuis, il n'a pas été amené à réviser son échelle de valeurs en la matière... De toute manière, il y a une incohérence là-dedans (mais Le Pen père n'était pas à une incohérence près), rapport au fait que, et bien, comment savoir si un inconnu n'est pas un ennemi? Remarquez, maintenant il n'a plus besoin d'aller au-delà du premier substantif de cette phrase pour savoir ou sont ses ennemis.

Donc, Emmanuel Macron, question débats, c'est pas son truc. Les éléments de langage, les phrases creuses, les bouts de papier avec tous les chiffres et tout, ça va avec les journalistes, mais avec les politiciens aguerris c'est pas terrible... Heureusement que Le Pen l'a aidé dans cette histoire sinon, je me demande s'il n'aurait réussi l'exploit d'être battu. Justement, à ce propos... Et bien, j'ai une hypothèse. Une hypothèse malveillante (ce qui ne m'ennuie pas spécialement en ce cas) mais vraisemblable: elle l'a aidé. Oh! Pas genre match truqué, hein! Plutôt genre intérêts bien compris. J'explique.

Vous avez suivi cette campagne, un peu? Moi oui, mais un peu, de loin, c'est pas trop le genre de choses qui me passionnent. Je m'intéresse beaucoup à la politique mais l'élection présidentielle en France, je ne suis pas certain qu'on puisse qualifier ça de politique, vu les métaphores et comparaisons préférées des commentateurs politiques et des sondagiers, pardon, des sondeurs, ça ressemble plus à une course de chevaux ou à un steeple-chase (ah! Là c'est du vieux français) qu'à une élection politique. Cela dit, vu que je suis branché sur France Culture presque en permanence (là non, c'est l'heure de La Dispute, une émission nullissime, une des rares que j'évite, du coup j'écoute du Taj Mahal (pas le bâtiment, le chanteur nord-américain), mais en général je suis sur la radio en permanence, même quand je dors. Puisque je vous raconte ma vie, ce soir je remet la radio à 21h, après La Dispute on aura droit à Mme Sarkozy, j'ai écouté la première, après j'ai renoncé, une gentille dame mais bon, c'est pas sa sœur, Valeria Bruni Tedeschi, c'est comme ça, les talents sont souvent mal distribués dans les familles. Après, le feuilleton, pas terrible, une adaptation de Moby Dick pas très réussie selon moi – ça arrive – donc, après Taj Mahal j'écouterai Rare Earth, un vieux groupe funky-rock qui arrache, un rare groupe “non coloré” produit par la Motown (ouais enfin, non coloré, faut le dire vite, y en a des roses, y en a des bronzés et y  en a des basanés, bref, y a d'la couleur. Je veux bien qu'on me dise qu'ils sont “blancs” mais alors c'est “blanc foncé”, genre, ouais ouais, blanc foncé, on dira ça... C'est comme Barack Obama, paraît que c'était le premier président “noir”, je veux bien mais moi je le trouve plutôt basané – “blanc foncé” chez Rare Earth et “noir clair”, mais alors très très clair, avec Obama, tu le mets à côté de son épouse, avec le contraste il fait presque cachet d'aspirine. Passons, il paraît que des goûts et des couleurs on ne discute pas, alors je ne discute pas mais bon, quand même, y en a qui ont des conceptions bizarres en matière de couleurs). Ouais, revenons z'à nos moutons.

France Culture, j'écoute assez souvent sinon toujours, et même là on n'y échappe pas, m'ont tanné l'oreille avec La Présidentielle à presque tous les journaux, du fait j'ai un peu suivi, bon gré mal gré, et j'ai constaté que Marine Le Pen elle assurait un max. Non que ses propos soient spécialement relevés, c'était ses trucs habituels, je ne veux pas dénigrer mais ces extrême-droitiers sont un tantinet obsessionnels et manquent de variété, l'explication à tout – à tout ce qui ne leur plaît pas – c'est soit “l'Europe”, soit “les immigrés” et “l'immigration”, soit “l'Islam”. Un poil prévisibles les gens du FN (ouais je sais, ils ont changé de nom mais ça ne change rien, c'est quand même le FN, quand on te vend de la lasagne avec viande de cheval roumain, tu peux toujours marquer “pur bœuf français” dessus, c'est quand même du cheval roumain). Je parlais du style: posée, la dame, à l'aise, pas trop de jeux de mots débiles, un discours bien lisse, pondéré, clair, bref quand elle veux elle peut paraître raisonnable, presque acceptable. Et les débats d'avant premier tours, elle ne se laissait pas déborder, elle avait de la répartie mais pas trop d'agressivité, bien quoi. Et voilà-t-il pas que LE jour où il ne faut pas elle dérape, elle pète les plombs, elle déblatère, elle raconte n'importe quoi, bref, elle se disqualifie. L'autre avec sa moraline à deux ronds, ses lieux communs à un rond et son ton de bon élève qui se la joue donneur de leçons, il était pitoyable. Mais ça n'avait pas d'importance vu comme elle y allait.

Bon, où en étais-je? C'est que, je suis du genre à me disperser, j'avais laissé de côté ce billet pour mettre mon grain de sel ou de sucre dans quelques fils de discussion. Revenons une nouvelle fois à nos moutons, ou à nos bergers.

Ah oui! Le Pen la Pertinente qui Pète les Plombs. Ouais. Plus ou moins pertinente. Disons, la quasi-gentille qui devient la très très vilaine. Je suis du genre pas très malin, si j'ai une série longue marquée BON et dans la série un élément marqué MAUVAIS, ma tendance est d'en inférer que l'exception confirme la règle et non que la règle confirme l'exception. De mon point de vue, l'une ne confirme pas l'autre ni l'autre ne confirme pas l'une, j'analyse cela en termes de régularités et d'accidents. Si, sur une très longue série, toutes les occurrences sont assez similaires sauf une, je ne dirai pas, comme un commentateur politique de base (et même un du sommet) tend à le faire, que l'accident est “le vrai”, la régularité “le faux”, que par exemple, Marine Le Pen qui a prouvé avant et après ce débat sa maîtrise indéniable du discours public et ses talents de débatteuse, aurait montré “son vrai visage” en une seule occasion, cette fois-là. Je ne connais pas son “vrai visage”, je ne connais que son masque, celui de personne publique qui donne dans la politique politicienne. Dès lors, la question est de savoir pourquoi elle a changé de masque en une seule occasion, et que cette occasion est précisément celle où, dans la logique de la recherche d'un succès lors d'une postulation à une fonction politique, elle aurait particulièrement du avoir le masque que Le Pen la Pertinente. Et j'ai une réponse: elle a volontairement changé de masque pour se disqualifier en tant que vraisemblable présidente de la République.

Addendum. J'ai oublié d'expliquer mon hypothèse. Le FN est un “parti d'opposition”. Je mets des guillemets alors que ce doit être le rare parti qui n'est que ça. Son fond de commerce c'est de s'opposer, dès qu'il occupe une position de pouvoir, c'est la cata. Marine Le Pen est d'accord avec les médias mais pour d'autres raisons, elle ne doit pas devenir présidente de la République, sinon c'est la fin du business. Or, rien ne garantissait que Macron gagne. Comme je le relève dans un autre billet, c'est l'un des plus mal élus parmi les présidents de la République. En «exprimés» c'est pas mal mais pas si haut, en rapport aux inscrits sur les listes électorales, entre les abstentionnistes, un des plus hauts niveaux pour le second tour d'une présidentielle, et les nuls et blancs, un record absolu, 8,6%, il obtient environ 44% des suffrages. Vu ses talents de débatteur, si Le Pen avait déployé les talents qu'elle a démontrés lors des précédents débats, j'aurais voulu voir sa gueule, à Macron. En ayant un comportement tel que celui qui fut le sien durant la campagne, elle prenait le risque de gagner. Je me dis que vu ladite prestation de son adversaire, ne réunir que deux suffrages exprimé sur trois c'est pas terrible. Je ne certifie pas que c'est exact mais du moins c'est vraisemblable: Marine Le Pen a sciemment sabordé sa prestation pour ne pas être élue. Fin de l'addendum.

Je disais que le match n'était pas truqué, c'est à la fois vrai et faux. Bon, faudrait que je renouvelle mon stock de phrases toutes faites, le coup du «à la fois vrai et faux» ça commence à faire rengaine. Vais-je sombrer dans le «et-en-même-tempisme»? Le match est truqué dès le départ: dans la configuration dessinée par les médias dits dominants, dans tous les cas de figure Marine Le Pen devait figurer au second tour de l'élection présidentielle, le candidat en face d'elle devait être un “bon candidat” et devait remporter l'élection. Parce que dans ce simulacre d'élection politique que constitue la présidentielle en France la personne qui remporte les suffrages doit nécessairement être lié à un sous-ensemble particulier, les “partis de gouvernement”, ce qui ipso facto disqualifie un candidat “extrémiste” (allez, un bref aparté: il est bon, dans un billet à tendance rhétorique, de placer des termes “classieux”, notamment des mots rares et des expressions latines. Non que ça apporte quelque chose de spécialement pertinent, c'est juste pour que le lectorat, y compris s'il a une opinion du genre «y s'la pète çui-là!», ou selon les cas «è s'la pète cè-là!», se fasse aussi l'opinion que çui-là ou cè-là “sait écrire”, “a du style”, “a de la culture”: si l'autrice ou l'auteur est valorisée, valorisé, son texte est valorisé. Si le texte est valorisé “il a de la valeur”, ce qui induit une opinion favorable envers son contenu. Je sais, utiliser des trucs de rhéteur pour les disqualifier juste après peut sembler contradictoire, ce qui serait vrai si j'avais une sérieuse visée rhétorique, ce qui n'est pas le cas, ici je pratique la rhétorique avec l'intention de faire rire et mettre les rieurs de mon côté, mais je veux aussi qu'ils n'adhèrent pas à mon propos parce que ça les fait rire, je tiens à ce qu'ils conservent leur esprit critique et les alerte donc sur une possible adhésion non critique au propos, à mon propos ici, qui sous ses aspects décousus et ironiques est somme toute assez sérieux et argumenté, mais d'abord sur les propos d'aspect plaisant qui favorisent l'adhésion non critique, lesquels ne sont pas toujours aussi argumentés et sérieux, pour le dire aimablement). Ce qui donc, par voie de conséquence (traduction courante de ipso facto), disqualifie les candidats “extrémistes”.

Marine Le Pen devait figurer au second tour parce que, du point de vue des médias, elle était la moins susceptible des candidats supposés extrémistes à remporter le second. Bon, mais ça c'est dans le cas d'une configuration “normale”, d'un côté un candidat extrémiste, de l'autre un candidat acceptable, ou aussi, autre configuration possible, deux candidats acceptables. Dans le contexte du début de la campagne médiatique, celle où on évalue la cote des bourrins canassons chevaux, soit à la fin de l'année 2014, la configuration “deux acceptables” apparaît difficile, donc il faut promouvoir la solution “un extrémiste, un acceptable”, et le “meilleur choix” est la candidature FN, d'où la configuration “Le Pen au second tour” presque continument établie tout au long de cette première phase. Sans vouloir médire des sondagiers et des poissons rouges commentateurs politiques (ah mince! J'en ai déjà médit! Bon ben tant pis, sans le vouloir mais en le faisant) ils ont tendance à réfléchir (disons, à réfléchir) selon le mode “toutes choses égales”, ce qui est nécessairement une erreur, les choses changent donc sont régulièrement “inégales”, autres que prévues. Exemple dans un autre domaine: au début de ce siècle, je ne sais plus quand exactement mais peu importe, probablement alentour de 2005, la majorité “de droite” de l'époque, constatant avoir été en tête dans une large majorité des régions, mais constatant aussi que c'était souvent ric-rac et plusieurs fois moins que ric-rac, majorité relative, a eu cette idée géniale et dans la ligne “toutes choses égales”, la “prime au premier”: la liste arrivant en tête se voyait réserver plus de sièges que ce que son résultat aurait du lui accorder. Ouais. L'élection suivante dans presque toutes les régions la liste en tête fut celle de gauche, qui eut donc sa “prime au premier” et une majorité absolue en sièges alors que presque partout elle avait une majorité relative en voix. Quand on traficote, vaut mieux réfléchir en mode “toutes choses inégales”...

Donc, les choses devinrent progressivement “inégales”, en ce sens que la situation sociale, économique et politique se dégrada considérablement à partir de 2015, ce qui dégrada conséquemment l'image du “parti de gouvernement” en place, tendance “de gauche”, sans pour cela que l'opposition “de droite” et “de gouvernement” se relevât (allez, encore une entourloupe, aucune idée si le subjonctif se justifie ici, il me semble que oui mais peu importe, si ce n'est pas le cas peu de lectrices ou lecteurs le sauront, beaucoup se diront, il maîtrise bien la “concordance des temps“. C'est inexact mais j'escompte que mon possible lectorat ne le maîtrise pas plus et sera favorablement impressionné de l'usage d'une forme verbale devenue rare. Enfin, je ne l'escompte pas et moins encore maintenant, par contre, un conseil: ne vous laissez pas abuser par l'usage de forme verbales rares, c'est un truc de sophiste). Du coup, on se trouve avec un problème: les “extrémistes” deviennent possiblement de possible vainqueurs de l'élection. Faut dire, la diffusion dans les médias de l'idée que le FN devient un parti, je ne me rappelle plus le terme, un truc du genre “honorable”. Ok, je vérifie – parfois les conseilleurs sont des payeurs. Ah ouais, encore pire: “dédiabolisation”. Au départ c'est une propagande du FN, mais à force de répéter le terme les médias ont pris le doigt pour la Lune, ont fini par croire que leur propre tropisme à la propagande pointait vers la réalité effective. Factuellement le FN n'était ni plus ni moins diabolique mais comme les médias croyaient ou disaient que c'était le Diable et qu'il ne fallait pas le recevoir à sa table. Comme ils se sont mis à croire que ce n'était pas ou plus ou que c'était moins le Diable, on commença de l'accueillir à sa table et le temps passant, à raccourcir la cuiller. Or, c'est connu, «Il faut une longue cuillère pour souper avec le Diable». Tiens, une autre sentence, due à Raymond Barre, qui prouve que ce gars n'était pas sot: «On ne déjeune pas avec le diable, même avec une très longue cuillère». En tout cas, à coup sûr si on dîne avec lui la longue cuiller est de rigueur. Dîner, souper, déjeuner, peu importe le repas, soit ne pas, soit longue, très longue cuiller. Ben oui: si le Diable n'est plus le Diable et qu'on en est très proche, ça indique qu'il devient fréquentable. Difficile de mobiliser la diabolisation et la distance quand on a passé un très long temps à parler de la dédiabolisation et qu'on s'est beaucoup rapproché du Diable.

Configuration à l'automne 2016: les “de gouvernement” sont de moins en moins fréquentables, les “infréquentables” à l'inverse deviennent fréquentables. Arrive la Catastrophe des Catastrophes, les deux vagues “fréquentables de gouvernement”, Hollande et Juppé, passent à la trappe, l'encore plus vague second choix, Vals, se rétame. Macron a émergé faute d'alternative. Ce n'était pas un très bon candidat, trop bateleur de foire, trop visiblement candidat des riches, trop de casseroles au cul, notamment en tant que ministre et en tant que planteur de couteaux dans le dos. Je me demande encore comment il a pu, même brièvement apparaître comme le Chevalier Blanc prêt à pourfendre le Léviathan (encore une couche de cuistrerie, non seulement je fais des références culturelles mais en plus je semble considérer mon possible lectorat comme de vulgaires incultes commentateurs politiques: le Léviathan c'est l'État, la référence est le philosophe écossais anglais – ce coup là je raye pour laisser la trace d'une erreur, je le croyais Écossais – Thomas Hobbes, voir l'article de Wikipédia pour plus ample informé. Pas vraiment de la cuistrerie cette fois, pour qui aurait reconnu la référence, cette note peut faire sourire, pour ceux qui ne la connaissaient pas il peut être intéressant d'y aller voir. Remarquez, même pour qui l'aurait relevé il y a des chances qu'il vaudrait d'y aller voir, à une époque j'ai fait une étude de la mention de l'expérience de Milgram, et très souvent ça se résumait à «comme le montre l'expérience de Milgram» suivi d'élucubrations très vaguement reliée à cette expérience et à ce qu'elle démontre. Bref, savoir relier “Léviathan” à Hobbes ne garantit pas qu'on sait de quoi il s'agit. Tiens ben, je vous donne le titre complet du bouquin: Léviathan ou Matière, forme et puissance de l'État chrétien et civil. Un gars qui a fait du plagiat par anticipation et qui m'a piqué toutes mes idées il y a quelques quatre siècles). Un gars vraiment pas intéressant, mais le seul “acceptable” qu'on ait. Et en plus, nul dans les interviews. Je vous ait dit qu'il ne savait pas improviser? Ouais, je l'ai dit (truc de rhéteur encore, on fait semblant de dialoguer avec le lectorat et semblant de devoir se remémorer ce qu'on n'a pas oublié, ça crée une fausse complicité et une fausse égalité, teins ben il est pas si intelligent que ça, il me ressemble un peu... Sans vouloir vous taxer d'inintelligence, c'est encore ma fréquentation des humains qui me donne l'indice que beaucoup d'entre eux croient faussement qu'un certain talent d'écriture serait l'indice d'un truc genre “intelligence supérieure”, je connais pas mal de cons sots qui ont un indéniable talent d'écriture. Moi non. Moi je ne suis pas con sot, mais parfois un peu salaud méchant).

Pourquoi je raconte tout ça? et bien, pour exposer comment un complot non complotiste peut se constituer. De fait, Macron est une construction issue d'un réel complot, cela dit, et comme l'exposa il y a longtemps un autre type intéressant, Nicolas Machiavel, les complots sont presque toujours destinés à échouer. Machiavel parle de conspirations, pour moi je fais une différence entre complots et conspirations, je vous cite le passage intéressant en ne vous obligeant pas mais en vous invitant à lire “complot” à la place de “conspiration”. Mmm... Tout est à lire dans ce passage du Discours sur la première décade de Tite-Live. Du coup, à ma grande honte je vous place un lien vers la page de mon site où je l'ai repris. Le titre du livre est trompeur, Machiavel parle essentiellement de son temps, la référence à Tite-Live et à l'Antiquité romaine lui sert avant tout à montrer que, et bien, les choses ont l'apparence de changer mais ce n'est qu'apparence, et quand on regarde derrière le masque ou le voile on s'y voit, on voit son temps et ses contemporains. Je n'aime pas trop commenter mais là je le fais brièvement: vous y lirez le cirque macronien, cf. ce passage:

«Mais laissons ces projets formés par un seul, et parlons des conspirations tramées par plusieurs. Je dis qu'elles ont toutes pour auteurs les grands de l'État, ou des hommes amis du prince. Tous les autres, à moins qu'ils ne soient fous, ne peuvent chercher à former des conspirations. Ils manquent de tous les moyens de succès et d'espoir de réussite, qui sont nécessaires pour s'engager dans de pareilles entreprises. D'abord des hommes qui ne peuvent rien n'ont pas de quoi s'assurer la fidélité de leurs complices. Nul ne peut consentir à suivre leur parti, sans l'espoir d'aucun de ces avantages qui déterminent les hommes à braver les plus grands périls ; en sorte qu'à peine se sont-ils ouverts à deux ou trois personnes, ils trouvent un accusateur qui les perd. En supposant qu'ils n'eussent pas d'accusateurs, ils éprouvent tant de difficultés dans l'exécution, l'accès auprès du prince est pour eux si difficile, qu'il est impossible qu'ils ne soient accablés dans l'exécution. Si les grands d'un État qui ont un accès facile chez le prince succombent eux-mêmes accablés par les difficultés sans nombre dont nous parlerons bientôt, on sent que ces difficultés doivent croître pour les autres.«
«Mais comme les hommes ne perdent pas tout à fait le jugement lorsqu'il s'agit de leur vie ou de leurs biens, quand ils sont faibles, ils s'éloignent de cette espèce de dangers, et quand ils haïssent un prince, ils se contentent de s'exhaler en reproches, en injures, et ils attendent leur vengeance d'un offensé plus puissant qu'eux. Si cependant il était quelqu'un de cette classe d'hommes qui eût osé faire pareille entreprise, on doit plutôt louer son intention que sa prudence.«
«On voit donc que tous ceux qui ont conspiré sont des grands ou des amis des princes ; or les bienfaits excessifs leur en inspirent aussi souvent le dessein que les cruelles injures. C'est pour un pareil motif que Pérennius conspira contre Commode ; Plautianus contre Sévère ; Séjan contre Tibère. Tous ces favoris avaient été comblés par leurs maîtres de tant de biens, d'honneurs et de dignités, qu'il ne leur manquait plus que le trône pour combler leur puissance et leur ambition, et ils conspirèrent pour y monter. Leurs complots eurent l'issue que méritait leur ingratitude. Quoique dans ces derniers temps, nous ayons vu réussir la conspiration de Jacques d'Appiano contre Pierre Giambacorti, prince de Pise, cet Appiano, qui avait été élevé et qui tenait ses biens et sa fortune de ce prince, le dépouilla de ses États».

Le second alinéa parle aussi des Gilets Jaunes, je le cite seul, du coup, pour le mettre en exergue:

«Mais comme les hommes ne perdent pas tout à fait le jugement lorsqu'il s'agit de leur vie ou de leurs biens, quand ils sont faibles, ils s'éloignent de cette espèce de dangers, et quand ils haïssent un prince, ils se contentent de s'exhaler en reproches, en injures, et ils attendent leur vengeance d'un offensé plus puissant qu'eux. Si cependant il était quelqu'un de cette classe d'hommes qui eût osé faire pareille entreprise, on doit plutôt louer son intention que sa prudence».

Ce en quoi il a raison: si on s'affronte aux puissants, mieux vaut être puissant, tous les Gilets Jaunes qui croupissent en prison vous le diront. Bon, je ne crois pas nécessaire de poursuivre. Ah si! Parlons brièvement du “complot macronien”, et brièvement du “complot médiatique”.

Le complot macronien est transparent parce que concernant trop de comploteurs, et ourdi trop longtemps avant l'élection. Seules les circonstances ont transformé une opération de pieds nickelés (enfin, plutôt dorés ou platinés en ce cas mais ça ne change rien au fait, ici “pieds nickelés” ou “bras cassés” ça se vaut) destinée à échouer en réussite, et à mon avis, ça dut passablement contrarier les commanditaires, de ce que j'en comprends Macron n'aurait pas du être élu, les “bons choix” étaient plutôt Juppé ou Hollande, au pire Vals. Macron avait, de ce que j'en comprends encore, une fonction de rabatteur, il drainait en un premier temps un “électorat flottant”, se retirait au dernier moment et se rabattait sur un des deux “bons choix”. Et puis, plus de bon choix. Donc il est devenu “le moins mauvais choix”. Remarque au passage, je ne crois en rien que Macron soit la marionnette imbécile décrite ici, ni même que ce soit le Candidat des Riches, je crois, et pourtant je me prétends incrédule, cependant en ce cas c'est une croyance, donc mal fondée, mais avec beaucoup d'indices, qu'il a son propre but, qui est de faire cesser la mascarade du pouvoir. Ou non. On verra. Je fais des hypothèses et des conjectures mais pas de prédiction. Une anecdote que j'aime bien: lors d'une “traditionnelle” (entre guillemets parce que c'est une plus ou moins tradition et pas très ancienne) adresse télévisée aux Français du 31 décembre, dite “vœux”, Georges Pompidou, pourtant agrégé de grammaire, énonça un très brillant «Et je puis vous prédire à l'avance». Ouais. D'accord. C'est sûr que prédire vers l'arrière c'est plus facile... Là-dessus, je ne sais pas trop ce qu'il prévoyait mais vu que c'était en 1973, il n'a en tout cas pas prévu que quatre mois plus tard il mourrait, ce qui à l'évidence ne lui donna pas l'opportunité de vérifier si ses prédictions pour 1974 se réalisèrent. Je dis ça, rapport au fait que tout ça est compliqué, qui est Macron? Le Chef des Salauds ou un gars “un peu” coincé par son entourage? Le type qui est au sommet de la pyramide, il croit qu'il est au pouvoir le jour où il y arrive, et juste après, et ben, il s'aperçoit que tout seul il ne peut rien, donc il doit faire avec les autres, et les autres, pas sûr qu'ils aient les mêmes idées que lui pour se mettre en marche. Et ceux encore en-dessous non plus, et comme ça jusqu'en bas de la pyramide. Bref, je peux prédire à l'avance qu'il vaut mieux ne pas trop prédire à l'avance.

Le complot médiatique. Il y a beaucoup plus de gens honnêtes dans les médias qu'il n'en paraît, mais il sont comme vous et moi, pris dans un réseau complexe d'intérêts divergents. Ils ne complotent pas mais conspirent: quand le temps est venu de séparer le bon grain de l'ivraie, ils commencent par ,le faire dans leur propre parcelle, d'où la “découverte” de ce qui est visible de longue date, que dans les rédactions comme ailleurs il y a de l'ivraie, mais qu'on ne peut séparer que quand le temps est venu. Je cite:

«Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l’ivraie parmi le blé, et s’en alla. Lorsque l’herbe eut poussé et donné du fruit, l’ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire : Seigneur, n’as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie? Il leur répondit: C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent: Veux-tu que nous allions l’arracher? Non, dit-il, de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et, à l’époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs: Arrachez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier.» (Matthieu, 13, 24-30, traduction Louis Segond, 1910).

Bon, le coup du “royaume des cieux” c'est comme ça, pour dire, les cieux, ça commence juste au-dessus du sol, vu que les humains ont tendance à être au-dessus du sol ils sont nativement “dans les cieux”, donc pas la peine d'aller les chercher sur la Lune ou sur Mars. De nos jours, on est un peu moins radical qu'en ces temps lointains, “l'ivraie” on la brûle le moins possible, ou alors dans une feuille de papier avec du tabac (l'ivraie était une plante genre cannabis) ou on la mange dans des cakes. C'est une image, il y a “les bons” et “les méchants”, dans certains contextes ou s'ils ne sont pas trop nombreux, “les méchants” on les laisse vivre, ils ont même leur utilité, des gens plutôt actifs et inventifs, mais un peu trop agressifs. Et dans certains contextes où on doit un peu ralentir ou quand ils sont trop nombreux, faut moissonner et séparer. C'est comme ça, les sociétés sont sages donc cruelles, les emmerdeurs ils doivent savoir se tenir sinon ils giclent. LOL™!!!

Structurellement les médias ne sont pas complotistes mais ils sont imparfaits, comme le sont les médiateurs, comme nous le sommes tous, donc ils dérivent vers “le mal”, “la discorde”, mais savent quand nécessaire se corriger, comme les médiateurs, comme presque nous tous. Et ceux qui ne savent pas se corriger, même motif, même punition: ils giclent. MDR™!!!

Il n'y a pas eu de “complot médiatique” pour propulser Emmanuel Macron, juste une opportunité. Quand un parfait inconnu devient soudain lumineux, trois hypothèses: c'est accidentel, c'est un faux prophète, c'est un prophète. Quel que soit le cas il faut le propulser: si c'est accidentel, autant en tirer parti, si c'est un faux-prophète il est annonciateur de l'apocalypse, du dévoilement, donc en le plaçant à la place la plus éminente il attirera “le mal”, ce qui aura l'intérêt de concentrer “le mal” et de l'éclairer, vu que le gars en haut est un “porteur de lumière”, si c'est un prophète, alors c'est signe que les temps sont venus, les temps de la moisson et de la séparation du bon grain et de l'ivraie. La vérité n'est pas dans la parole mais dans l'oreille qui sait l'entendre, dans l'œil de qui sait la lire.

Mince! J'avais pensé à une conclusion mais j'ai oublié – et là ce n'est pas rhétorique. Je me relis un peu, ça devrait revenir. Sinon tant pis.

Me rappelle plus. Ce n'est pas grave, de toute manière je ne détiens pas la Vérité ni ne connais les Tenants et les Aboutissants, et j'ai une certaine réticence envers les noms communs qui commencent avec une majuscule. Si je me souviens de cette hypothétique et non nécessaire conclusion j'y reviendrai. J'ai comme dans l'idée que ce texte est assez décousu mais plutôt intéressant. Faudra que je le relise, ou non. Je parle souvent de moi non en tant qu'être singulier (ce que je suis) et très intelligent (même si je le suis) mais parce que je suis n'importe qui, et que je suis un peu escroc, et parlant de moi je parle de ce que vous êtes ou pouvez être: une personne singulière, intelligent et un peu escroque? Faut bien un féminin à escroc, non?

Donc je parle souvent de moi et entre autres de mes trucs de prestidigitateur: je ne sais positivement pas ce que j'ai écrit dans ce billet, j'en ai une vague idée et me souviens plus ou moins des diverses choses dont je discute. Je l'ai dit à quelques correspondants dans Mediapart, positivement j'écris au fil du clavier, sans préméditer ni chercher à donner de la cohérence à mes discours. De fait, quand je me relis je constate souvent une certaine cohérence, ce qui ne me surprend pas vraiment parce que ça fait un bout de temps que je pratique l'écriture, ça fait maintenant environ 54 ans (oui, j'ai commencé à ;lire à quatre ans, et à écrire à cinq ans) donc j'ai l'habitude de constater que quand on écrit librement, tout texte prend sa cohérence. Tiens, un truc que j'aimais bien faire à une époque, la, que dire? Rétro-poésie? Un truc du genre: on écrit d'abord les rimes, on les choisit au hasard (le plus souvent je cherchais les rimes au hasard dans le dictionnaire, on ferme les yeux, on ouvre, on pose le doigt, on a un mot, on ouvre une autre page et on cherche le premier mot qui fait la rime), puis on construit le vers depuis la rime en allant vers la gauche (dans ce cas, puisque j'écris selon la convention latine et en français. Résultat, un poème «qui a du sens». Incroyable? Peut-être incroyable, mais vrai.

Vous savez quelle est la meilleure façon de marcher? C'est de mettre un pied devant l'autre. Plus ou moins un pied devant l'autre mais si on commence à bien calculer la direction, la distance où poser le pied, si c'est bien en ligne droite du point de départ au point d'arrivée, on avance très lentement et très mal. La meilleure façon de marcher c'est de mettre un pied devant l'autre sans se poser trop de questions, ça sera plus ou moins devant mais c'est sûr, si on avance sans se poser de questions ça marche très bien et ça va vite, et en plus on finit par arriver là où on voulait aller. Pour moi, la meilleure manière d'écrire c'est de mettre un mot devant l'autre, et je fais l'hypothèse que quand je mettrai un point final, je serai là où je voulais aller, à la fin de mon  texte. Et aussi l'hypothèse, jusque là jamais démentie, que ça aura du sens. Quelqu'un m'a demandé il n'y a pas longtemps comment je faisais pour écrire aussi vite, là il a sa réponse: en mettant un mot devant l'autre et sans me demander s'il est bien à sa place. S'il est devant celui qui précède, il est à sa place.

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