Le titre avait un complément ironique dans son introduction, est-ce que Plan C va tomber à l'eau avant même de monter dans le bateau? Je n'ai pas de réponse sur la fin de cette question, possible qu'il monte dans le bateau avant de tomber à l'eau. Ce qui donne ma réponse pour l'autre interrogation: il va tomber à l'eau, avec Plan A et Plan B. Le bateau en revanche restera à flot et continuera son voyage comme avant, en louvoyant, parfois en changeant de route, tantôt accélérant, tantôt ralentissant, parfois encalminé, parfois pris dans une tempête.
Le bateau c'est ce que chacun envisage, pour moi c'est le phénomène qu'on nomme la vie et qui localement s'incarne dans la biosphère mais la vie étant fractale c'est aussi chaque fragment de la biosphère qui “fait système”, qui sous un aspect au moins peut se décrire comme un système fermé. Pour citer l'article de Wikipédia, voici ce qu'en dit l'introduction:
«Un système fermé est un système “isolé de son environnement”. Le terme renvoie souvent à un système idéalisé où la clôture est parfaite. En réalité, aucun système ne peut être complètement fermé; il y a seulement divers degrés de fermeture».
Pas tout-à-fait exact, il y a nominalement un système fermé parfait, l'univers dans sa totalité puisque nominalement il n'a pas d'extérieur, nominalement il forme donc un système isolé, «un système physique qui n'interagit pas avec ses environnements», puisque nominalement il n'a pas d'extérieur. Désolé pour la lourdeur de la phrase, je précise que chaque proposition est nominale car ce n'est vrai que dans le cadre de la connaissance imparfaite que nous avons de la réalité effective, quand on discutait de l'univers et de ses systèmes avant 1920 ça ne concernait qu'une part restreinte de l'univers effectif actuel, en gros la Voie lactée, ce qui conduisit d'ailleurs Albert Einstein à proposer en 1917 un modèle d'univers qui trois ans plus tard se révéla inexact car basé sur une hypothèse qui n'intégrait pas deux éléments importants, le phénomène de l'expansion de l'Univers et l'existence de galaxies distantes ce qui fit soudain passer les dimensions de l'univers d'environ deux cent mille années-lumière dans son plus grand diamètre à plusieurs milliards d'années-lumière. Non que ce soit si important, on peut nominalement considérer que l'univers est un système isolé, et factuellement qu'il n'existe aucun système isolé dans le cadre de l'univers, aussi peu que ce soit tout système fermé interagit avec ses environnements.
Localement le système fermé “le plus fermé” est le système solaire, il interagit très faiblement avec le reste de l'univers, au point que sauf si se produisait dans son contexte proche une catastrophe du genre supernova son évolution est très prédictible pour environ les cinq milliards d'années terrestres à venir. Pas dans les détails, il peut se produire des catastrophes plus locales encore pour ses planètes, notamment celles telluriques, ce qui modifierait un peu son évolution, mais dans sa globalité ce système est assez prédictible. Pour le système fermé qui nous concerne le plus, la biosphère, il y a beaucoup moins de certitude, tenant compte de ce que depuis les quatre milliards d'années de la vie sur Terre ce système s'est montré extrêmement résilient et a pu traverser plusieurs catastrophes sans en être durablement affecté.
Le bateau qui m'intéresse le plus est celui sur lequel navigue l'humanité. Une chose est certaine, ce bateau-là va finir par sombrer, et cela bien avant la fin de la vie sur la Terre. Quand? Aucune idée. Demain, ou dans plusieurs milliers, ou centaines de milliers, ou millions, ou dizaines de millions d'années. Une autre chose est certaine, ce ne sont pas les humains qui le feront sombrer même si à leur petit niveau ils y contribueront peut-être un peu.
Ce début pour cadrer le thème de ce billet, une critique raisonnée de la série du blog de Mediapart «Vowl / SCRIBE», dont le titre général est «“Plan C”: Que faudra-t-il faire quand l'effondrement sera complet?». Dans un billet de ce blog, «“Plan C”: une conclusion ou une introduction?», je propose la liste des parties suivies de la courte présentation par l'auteur de chacune.
L'hypothèse de l'auteur est que dans un temps indéterminé, moins d'une décennie à moins d'un siècle, la “société globale” que constitue actuellement l'ensemble de l'humanité connaîtra un “effondrement complet”, et que la cause effective de cet effondrement sera, est, l'action même des humains sur leur milieu et leur environnement. Or cette hypothèse est invraisemblable ou plutôt, incroyable: je ne peux y croire. En même temps ça n'a guère de signification, je suis du genre incrédule donc je ne crois en rien, on dira que c'est invraisemblable car cet “effondrement complet” à cause anthropique n'a aucune vraisemblance. De ce fait, tout “plan” qui se base sur cette hypothèse ne peut qu'être inconsistant. Les “plans” A et B sont supposés éviter cet “effondrement complet”, celui C supposé se réaliser après cet événement. Partant de mon postulat, il n'y aura pas d'effondrement complet de la société humaine globale à cause anthropique, presque toute la série est, de mon point de vue, insignifiante: elle n'a pas de signification. Partant d'une prémisse fausse, toute la partie expliquant quel sera le processus de l'effondrement n'a aucune validité; les deux projets censés viser à éviter cet événement, le “plan A” et le “plan B”, existent peut-être mais n'ont pas de pertinence en tant qu'ils ne peuvent empêcher qu'advienne ce qui n'adviendra pas, et pas d'intérêt puisque selon l'auteur cet “effondrement complet” adviendra, donc pourquoi s'intéresser à ce qui est censé viser à éviter l'inévitable? Reste donc la partie traitant du “plan C”. Avant d'y venir, je vais tenter d'étayer mes propres hypothèses, tenant compte du fait que leur base est tout aussi idéologique que celle de “Vowl / Scribe”. On peut les dire plus consistantes que celles de l'auteur de la série mais pas plus vraies, et pas plus à croire, d'autant que je suis un fervent défenseur de l'incrédulité.
C'est d'ailleurs mon premier point: il faut savoir et non pas croire, quand on prétend parler de la réalité effective. Je ne crois pas à cette hypothèse d'un “effondrement complet” parce que je ne crois jamais quand ça concerne la réalité effective, soit je sais, soit je ne sais pas. En d'autres questions je peux “croire”, je peux faire montre de crédulité, mais une crédulité conventionnelle, une “suspension de l'incrédulité” telle qu'on la pratique pour le jeu ou pour la fiction, dans ces domaines on “fait comme pour de vrai” tout en sachant que “ce n'est pas vrai”, que ça ne ressort pas de la réalité effective, ça a lieu dans la réalité effective mais ce sont des “causes sans effets” ou des “effets sans causes”. Quand un cow-boy de cour de récré pointe son doigt ou son pistolet factice vers un indien de cour de récré en criant «Pan! T'es mort!» et que l'indien s'écroule dans un râle d'agonie, il ne tire sur personne et personne ne meurt, de même quand un cow-boy de cinéma tire sur un indien de cinéma avec un pistolet de cinéma. Quand la réalité effective intervient dans la fiction comme récemment lorsque «l'acteur Alec Baldwin tue accidentellement une femme sur un tournage après un coup de feu», ça interrompt immédiatement notre suspension d'incrédulité, on n'est plus dans le “comme pour de vrai”, on est dans le vrai, qui n'a rien à faire dans le jeu ou la fiction.
Mon incrédulité vaut donc pour les seuls discours censés concerner la réalité effective, le “vrai démontrable”, le “vrai vraisemblable”, qui outre d'avoir les apparences du vrai est vérifiable. J'ai abandonné et renoncé à publier le précédent billet de même titre que celui-ci parce que j'y discute longuement de la première séquence, les parties qui traitent de cet “effondrement complet”, et moindrement mais déjà trop longuement des parties “plan A” et “plan B”, et de l'aspect inconsistant de la notion même de “plan C” en tant que “plan à réaliser après l'effondrement complet”: partant de l'hypothèse de l'inconsistance de cette prémisse d'un effondrement complet de la société humaine globale, de son indémontrabilité, une critique de tout ce qui se lie à cette prémisse sera inconsistante, donc inutile. Il y a une aporie initiale, vouloir “démontrer l'indémontrabilité”, et je n'ai pas souhait de la résoudre.
En revanche, et ça fera le second point, j'ai souci de
En revanche rien, le premier point suffit, je n'ai pas souci de discuter les trois premières parties et tout autre point m'y engagerait. Les quelques remarques pouvant porter sur ces parties interviendront quand utile ou nécessaire.
Il y a ce problème évident, le “plan C” se situe... sur le même plan que les deux autres, sur le même plan temporel, donc exposé avant cet "effondrement complet” supposé, et conceptuel, une réponse audit effondrement, un plan censé en pallier les effets ou en empêcher certains. Ce qui le rend tout aussi valide ou invalide que les deux autres, car si on va vers un “effondrement complet” aucun “plan” conçu préalablement ne peut y remédier: s'il est appliqué ça signifiera que l'effondrement ne sera pas complet, que se maintiendra une structure conçue avant et se poursuivant après ce supposé événement, ce qui sera le signe clair d'un effondrement seulement partiel, ou qu'il n'y aura pas eu d'effondrement, ni complet ni partiel.
Mince! J'ai déjà tout dit! Moi qui supposais devoir faire quelques longs développements pour appuyer ma proposition! Un peu déçu. Faut faire avec. En tout cas ça ne sera pas trop long, c'est sûr...