Olivier Hammam (avatar)

Olivier Hammam

Humain patenté mais non breveté.

Abonné·e de Mediapart

1158 Billets

5 Éditions

Billet de blog 24 août 2024

Olivier Hammam (avatar)

Olivier Hammam

Humain patenté mais non breveté.

Abonné·e de Mediapart

L'anonymat.

Si vous supposez que les mots ne sont pas ou ne doivent pas être paradoxaux ni dans leur signification ni dans leur valeur, vous avez tort: beaucoup le sont, beaucoup disent une chose et son contraire, beaucoup ont une valeur à la fois positive et négative. L'anonymat est positif et négatif aux yeux de la société. Car la société a des yeux, et des oreilles.

Olivier Hammam (avatar)

Olivier Hammam

Humain patenté mais non breveté.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La société, c'est l'ensemble des individus qui la constituent. M'intéressant surtout à Ma Pomme, mon attention va surtout aux sociétés humaines, et dans celles-ci aux ensembles humains qui la constituent. Certes  toute société, humaine ou autre, intègre en son sein des individus et des groupes, et même des espèces d'autres lignées mais il y en a toujours une qui domine, les autres (végétales ou animales) étant ses symbiotes en second, ses mutuelles, ses commensales ou ses parasites. Pour le mutualisme et le commensalisme la différence est ténue et le rapport de dominance pas toujours évident mais dans le cadre d'une société, c'est-à-dire avant tout d'un espace de vie entièrement aménagé par une espèce donnée de manière à la favoriser, on peut dire que toutes les autres dépendent, directement ou indirectement, d'elle.

Les sociétés humaines sont comme toutes les autres, ses membres veulent tout et le contraire de tout. Par exemple, chacun veut à la fois vivre le plus longtemps possible, veut vivre éternellement, et se perpétuer en produisant des descendants, deux désirs incompatibles car eux aussi auront le même désir, ce qui exclue la réalisation de son propre désir d'éternité. Une société a des yeux et des oreilles, elle a une pensée et une volonté, qui sont réalisées à travers ses membres, qui sont ses yeux et ses oreilles, qui sont sa pensée et sa volonté. Or il y a contradiction entre l'être de chacun de ses membres et l'être de la société, et contradiction en chacun de ses membres et en la société: les humains socialisés ne peuvent se réaliser en tant que tels que par l'existence de la société, celle-ci ne peut se réaliser que par l'existence de ses membres, mais le projet propre de la société s'indiffère de celui de chacun de ses membres, le projet propre de chacun de ses membres de celui de la société. Ils doivent trouver un compromis qui ménage autant que possible la réalisation de ces projets toujours contradictoires.

L'anonymat, donc. Chaque membre de la société veut à la fois être “anonyme”, “inidentifiable”, “sans nom”, et “onyme”, “identifiable”, “avec nom”, et la société veut à la fois que chaque membre soit “inidentifiable” et “identifiable”. Les motifs de la société et de ses membres sont contradictoires car l'anonymat est pour l'individu la garantie de ne pas être identifié en tant que lui-même alors qu'il est pour la société l'indice de l'interchangeabilité de de ses membres, l'identité le moyen pour l'individu de se signaler comme singulier afin de déterminer sa position dans la société pour son propre bénéfice, le moyen pour la société de déterminer cette position pour son propre bénéfice, or le projet de l'individu et de la société ne concordant qu'occasionnellement, le bénéfice de l'un n'est pas toujours, est même rarement, le bénéfice de l'autre. Mais la société et l'individu concordent cependant sur ce point: l'anonymat est ambivalent, à la fois positif et négatif.

Étant un individu je tends à préférer l'ambivalence du terme selon la valorisation favorable aux individus, être identifiable “pour le meilleur” selon l'interprétation individuelle de ce meilleur, anonyme “pour le pire” selon la même interprétation. De l'autre bord je dois faire le constat que “le meilleur” individuel peut être considérablement augmenté dans le cadre d'une société, “le pire” considérablement augmenté hors de ce cadre, “le meilleur” individuel en moyenne peu ou nullement diminué, “le pire” individuel en moyenne peu ou nullement augmenté dans ce cadre. Pour les individus les moyennes ont une valeur faible mais par le fait, en moyenne il est plutôt profitable de vivre en société.

L'anonymat social n'est pas celui des individus, c'est l'anonymat “de la moyenne”, il lui est indifférent de savoir lesquels de ses membres tirent le meilleur profit de la vie en société, lesquels en subissent les pires conséquences. Et bien sûr, l'identité, donc la possibilité d'identification, répond à a même logique: ce n'est pas pour récompenser les “méritants” ni pour punir les “déméritants” qu'elle souhaite identifier au plus précis chaque individu mais pour déterminer lesquels lui ont été favorables, lesquels défavorables. Un sale type qui, par son action, favorise le projet social, mérite une récompense, un brave type qui par son action le défavorise mérite une punition. Comme il m'arrive de le dire, l'intention ne compte pas, seule compte l'action.

Ces temps-ci (cet été 2024) je dis que l'actuel président de la République mérite récompense. Est-ce que je le suppose, disons, avoir de bonnes intentions envers la société? Non. Je ne suppose rien, possible qu'il en ait de bonnes, possible que non. En revanche, au cours des deux ou trois dernières années, le processus qu'il a enclenché pour aboutir à la situation actuelle de remise en cause radicale d'un certain état de la société, qu'on peut déterminer comme dysfonctionnel, est favorable. Il doit donc en être récompensé. Avait-il une bonne intention? Pour le redire, je n'en ai aucune idée. Le processus enclenché favorise-t-il le projet social de la France et même, de l'Union européenne? La réponse est oui. Donc, la société doit l'en récompenser, ce que probablement elle finira par faire. Peut-être pas de la manière qu'il escomptais, si du moins son propre projet social est contradictoire à celui de la société dont il est provisoirement le chef, c'est-à-dire, parmi les membres de la société, celui le plus visible, celui “au sommet“. Est-ce qu'il la dirige? Ça dépend de ce qu'on veut signifier.

Un chef d'État est un impuissant social, il n'a strictement aucun pouvoir ce qui fait qu'il n'a aucune “puissance sociale”. Comme vous le savez, si vous êtes de mes contemporains, l'actuel chef de l'État occupe cette fonction depuis juin 2017. Peu après son élection, il a disposé d'une majorité au sein d'un autre pouvoir que celui qu'il dirige, l'Exécutif: une majorité au sein du Législatif. La logique voudrait que, disposant du “pouvoir” dans ces deux institutions, il aurait du sans la moindre difficulté mettre en œuvre puis appliquer en très peu de temps son “programme”, le projet social qu'il a présenté lors de la très longue “campagne électorale” (en fait, la campagne médiatique) précédant son élection puis celle de cette majorité législative. Factuellement, lui, son gouvernement et sa majorité ont largement échoué. Pourquoi? Parce que cette “prise de pouvoir” est un leurre, factuellement, tant lui que les députés se réclamant de lui et de son programme étaient minoritaires. À l'époque j'avais procédé à une estimation beaucoup plus consistante que celle de ce “résultat sorti des urnes”:

Illustration 1
Présidentielle française 2017, résultats. © Olivier Hammam

Ce tableau est en date de février 2019 mais découle d'une réflexion bien antérieure. en fait, d'une réflexion antérieure même au premier tour de la présidentielle française de 2017. Je prétends, parce que j'ai une assez bonne mémoire, qu'une certaine plaisanterie, ultérieurement confirmée par les faits, je l'avais inventée avant cette date. La plaisanterie, dans sa formulation initiale:

«Emmanuel signifie en hébreu “Dieu est avec nous”. Macron signifie en grec ancien “long” ou “grand”. Emmanuel Macron signifie en français: “ça sera long d'avoir un président que l'on dit grand, surtout s'il a Dieu de son côté...“».

Par la suite je l'ai rodée et simplifiée, là c'est un peu trop verbeux. J'explore rarement mes archives, je me fie à ma mémoire que je sais fidèle, ce n'est que quand je ne suis pas sûr de ce que j'affirme que je me donne la peine de vérifier. Aujourd'hui, en allant à la recherche d'un article qui me permettrait de confirmer mon assertion relativement à ma réflexion sur les résultats de juin 2017 je suis tombé sur le premier texte écrit où figure cette plaisanterie, «Dieu est avec nous et ça promet d'être long...». Il est en date du 17 mai 2017. Factuellement, l'élection présidentielle de 2017 était parfaitement inutile tant le résultat final était prévisible. Et factuellement, le devenir de la prévisible “majorité présidentielle” était tout aussi prévisible: Quand “Dieu” est “avec nous”, ça promet toujours d'être long, parce que Dieu a le vilain défaut d'être bienveillant envers ses opposants, sévère et injuste avec ses partisans.

Les croyants ont la triste habitude de “lire entre les lignes”, or c'est dans les lignes qu'il faut lire. Je prétends que “Dieu” et “la société” sont des synonymes. Les “croyants en Dieu” supposent trop souvent, malgré les dogmes de leurs religions, de toutes les religions, qu'il y a d'un côté “Dieu”, de l'autre “nous”. Même si elles le formulent chacune à sa manière, toutes les religions s'entendent sur le fait que “Dieu” fait sa création “à son image”, donc il n'y a aucune distinction entre lui et elle. On doit en conclure que “Dieu”, “la société” et “Ma Pomme” c'est tout un. Bien qu'athée, j'accepte cette proposition d'être “à l'image de Dieu”. Et comme sa manifestation la plus concrète pour les humains, identifier “Dieu” et “la société” est acceptable pour Ma Pomme et pour les tenants d'une quelconque religion si du moins ils acceptent ce présupposé d'être ”à l'image de Dieu”. J'en parle à cause de ce passage dans le Nouveau Testament:

«Instruction sur les autorités
Que tout homme soit soumis aux autorités qui exercent le pouvoir, car il n’y a d’autorité que par Dieu et celles qui existent sont établies par lui. Ainsi, celui qui s’oppose à l’autorité se rebelle contre l’ordre voulu par Dieu, et les rebelles attireront la condamnation sur eux-mêmes. En effet, les magistrats ne sont pas à craindre quand on fait le bien, mais quand on fait le mal. Veux-tu ne pas avoir à craindre l’autorité? Fais le bien et tu recevras ses éloges, car elle est au service de Dieu pour t’inciter au bien. Mais si tu fais le mal, alors crains. Car ce n’est pas en vain qu’elle porte le glaive: en punissant, elle est au service de Dieu pour manifester sa colère envers le malfaiteur. C’est pourquoi il est nécessaire de se soumettre, non seulement par crainte de la colère, mais encore par motif de conscience. C’est encore la raison pour laquelle vous payez des impôts: ceux qui les perçoivent sont chargés par Dieu de s’appliquer à cet office. Rendez à chacun ce qui lui est dû: l’impôt, les taxes, la crainte, le respect, à chacun ce que vous lui devez.
Amour mutuel et vigilance chrétienne
N’ayez aucune dette envers qui que ce soit, sinon celle de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime son prochain a pleinement accompli la loi. En effet, les commandements: Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas, ainsi que tous les autres, se résument dans cette parole: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait aucun tort au prochain; l’amour est donc le plein accomplissement de la loi. D’autant que vous savez en quel temps nous sommes: voici l’heure de sortir de votre sommeil; aujourd’hui, en effet, le salut est plus près de nous qu’au moment où nous avons cru. La nuit est avancée, le jour est tout proche. Rejetons donc les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme en plein jour, sans ripailles ni beuveries, sans coucheries ni débauches, sans querelles ni jalousies. Mais revêtez le Seigneur Jésus Christ et ne vous abandonnez pas aux préoccupations de la chair pour en satisfaire les convoitises» (Romains, 13, TOB, 2010).

“TOB” signifie Traduction œcuménique de la Bible. Jusqu'ici je préférais citer la traduction  dite Segond 1910 (“dite” car Louis Segond était mort un quart de siècle auparavant) mais elle a un défaut, elle ne comporte que les parties acceptées par les diverses sectes “réformées” et “protestantes”; il y a peu, j'ai référé à l'épisode dit des Maccabées ou Macchabées, mais les sectes récentes ne les admettent pas, alors que celles catholiques et orthodoxes les intègrent. J'avais pensé opter pour la traduction dite Bible de Jérusalem (parce que dirigée par l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, non parce que faite et publiée sur place) mais elle souffre des mêmes limites, une traduction “catholique”, or les traditions “orthodoxes” intègrent des éléments non admis par les autres traditions. Remarquez, si on devait recenser tous les écrits que les sectes ou même les religions qui se réclament du christianisme on n'en finirait pas: les “mormons” par exemple ne se réfèrent que vaguement aux textes “bibliques” courants puisque pour “la Bible” c'est plutôt le Livre de Mormon; les “moonistes”, la «fédération des familles pour la paix mondiale et l’unification», antérieurement «Église de l’unification» puis «association de l’esprit saint pour l’unification du christianisme mondial», se réclament certes de Jésus, mais comme Moon était plus ou moins censé être sa réincarnation, ça fait que ses paroles, orales comme écrites, sont pour ces “chrétiens” des “paroles d'évangile”. Tout ça nous éloigne un peu de l'anonymat. J'y reviens.

Bon, je renonce à chercher des traces antérieures à février 2019 concernant l'élection de 2017, je ne suis ni un saint-pierre ni un saint-thomas (une de mes typologies sociales, une autre manière de nommer les matérialistes, qui ont “besoin de voir pour croire”, et les idéalistes, qui ont “besoin de croire pour voir”), vous avez vu les bidonnages de 2017, exactement les mêmes que ceux de 2022, 2012, 2007, 2002 et toutes les autres élections, affirmer contre l'évidence qu'un élu obtient “la majorité”, absolue ou relative, même quand plus de la moitié des personnes en capacité de voter ne le fait pas, et vous avez cru, au moins en 2022 et 2024, que les électeurs s'étaient “fait voler la victoire”, or comme les élections de 2017 ont fonctionné exactement de la même manière, il en alla ainsi cette année là. N'étant pas un saint-thomas ni un saint-pierre je ne suis pas dans la croyance, je me contente des faits, qui ont une fâcheuse tendance (du point de vue des croyants) d'être extrêmement répétitifs donc extrêmement prévisibles. La “victoire” d'Emmanuel Macron a été prévisible dès janvier 2017, la certitude de son échec à rassembler une réelle majorité de suffrages sur son nom prévisible “de toute éternité” – une toute petite éternité, environ cinq décennies – parce qu'en France comme dans la majeure partie des “démocraties libérales” c'est le cas général depuis au moins aussi longtemps, pour certaines depuis plus de deux siècles. Mon tableau rend compte du cas 2017 mais il ressemble aux cas de 2012, 2007, 2002, etc., et bien sûr le cas de 2022 lui ressemble on ne peut plus mais c'est toujours comme ça pour les présidentielles, sinon peut-être, et ce n'est pas sûr mais ça ne m'intéresse pas de le vérifier, pour la toute première élection du chef de l'État au suffrage “universel” direct.

Je vous explique un peu le tableau: entre parenthèse, à droite des noms de candidats, le résultat “officiel”; dans la deuxième colonne, en haut le total de la population, des inscrits et des résultats par candidats ou hors candidats (blancs, nuls, abstentionnistes); dans la première colonne de pourcentages les 100% mentionnés sont la population totale, les 71% le total des inscrits dans la population; reportant dans la dernière colonne les 100% d'inscrits, ce curieux 141% rend compte du rapport du total de la population au total des inscrits. Dans le billet où figure ce tableau pour la première fois, «Macron et la merde, apologue», je l'explique ainsi:

«Ça indique le rapport entre la population officiellement en situation de “s'exprimer” [...] et la population totale [...]: quand les lycéens et collégiens sont dans la rue, ils s'expriment et leurs voix comptent; quand un demi-million de travailleurs étrangers illégaux manifestent pour que leur situation soit régularisée, ils s'expriment et leurs voix comptent; [etc.]».

Factuellement, Emmanuel Macron n'a pas rassemblé 66% des suffrages des “exprimés”, ni même 44% des suffrages des “inscrits”, dans une société tous les résidents, les “étrangers autant que les “nationaux”, les “mineurs” autant que les “majeurs”, sont des inscrits, ils sont inscrits dans le RNIPP, le «répertoire national d'identification des personnes physiques», à leur naissance pour les “nationaux”, à leur entrée dans le territoire pour les “étrangers” quand ils n'y sont pas que de passage, “en touristes”, y compris les “étrangers” nés en France – ils doivent être inscrits sur un registre d'état-civil français, ce qui induit automatiquement leur inscription dans ce répertoire. Cette inscription les dote d'un identifiant unique, leur “numéro INSEE”, dit aussi “numéro de sécurité sociale”, un nom adapté si l'on considère les deux significations de ce mot: du point de vue des individus, un instrument pour leur protection, du point de vue de la société, un instrument pour sa protection. Or, là aussi il y a divergence: la protection des individus est possiblement garantie par la société, en général elle l'est, mais la protection de la société peut être contradictoire de celle des individus, et parfois elle l'est.

Si j'étais un criminel, je souhaiterais ne pas être identifié quand je commets un crime, et c'est le contraire pour la société. Du fait, le numéro d'identification des personnes physiques fonctionne en parfaite symétrie: tant que nous ne contrevenons pas à ses règles, pour la société nous sommes “anonymes“, elle s'indiffère de l'individu réel qui porte cette étiquette et ne s'intéresse qu'à ses droits et devoirs, vérifiant la réalisation des seconds, lesquels conditionnent l'acquisition des premiers; pour l'individu il est important de n'être pas, grâce à cette association entre lui et cet identifiant, un “anonyme”, de faire constater que c'est lui seul le réalisateur des devoirs, lui seul l'attributaire des droits afférents; l'individu qui ne respecte pas ses devoirs ou tente d'obtenir indûment des droits, la société veut le connaître absolument, l'identifier en tant que personne physique, pour l'empêcher d'agir contre ses intérêts à elle, alors que l'individu souhaite ne surtout pas être identifié, souhaite rester “anonyme”, invisible, “non coupable”, non inculpable ni condamnable.

Les “mauvaises personnes”, celles qu'on peut qualifier de corrupteurs de la société, tablent sur un tropisme inculqué à une grande partie des membres d'une société, le désir d'être anonyme pour, croient-ils, se protéger d'une éventuelle “injustice”, se prémunir d'un coup de glaive du “bras armé de la Justice”, au faux prétexte que celle-ci serait aveugle; factuellement ils se prémunissent de son autre instrument, la balance, et croyant pouvoir échapper, disons, à leurs devoirs, en réalité ils laissent échapper leurs droits sans le moindrement échapper à leurs devoirs. Ces mauvaises personnes, quant à elles, veulent tout au contraire ne pas être anonymes, être toujours et partout identifiables, car formellement elles respectent toujours leurs devoirs, donc reçoivent toujours la récompense des droits afférents. Les rares fois où elles sont prises en défaut, elles s'arrangent presque toujours pour échapper à toute sanction lourde parce qu'elles obtiennent aide et protection des “anonymes”, lesquels ne peuvent faire autre chose que supposer que la justice est injuste.

Le jour où les anonymes comprendront qu'il ne fait surtout pas l'être aux yeux et aux oreilles de la société, aux yeux et aux oreilles de la justice, le jour où ils le comprendront, les corrupteurs perdront immédiatement leur seule protection, celle fournie par les anonymes. Car si la justice n'est pas aveugle, les anonymes le sont, qui ne voient pas de leurs yeux que la justice est toujours juste.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.