Suite à quelques échanges dans un fil de commentaires, où la question de la “connerie” émergea, un sympathique participant me dit qu'il préférait qu'on parle de sottise que de connerie, ce à quoi je lui répondis que j'y songerais désormais et opterais pour “sot” en lieu de “con”, en précisant que cependant j'écrirais “con” avec un indicutable con. C'est d'ailleurs pour ça que depuis quelques billets j'use des mots “sot” et “sottise”, sinon que, malicieusement (eh! Je suis un méchant garçon), il m'arrive de placer des séquences “con sot” et “connerie sottise”. Après quoi je fis ce commentaire:
«Justement, c'est pour ça que je me permets, je ne suis pas le plus mal placé pour parler sottise, je connais aussi de l'intérieur. Puis, quand je traite quelqu'un d'imbécile c'est que j'ai des indices, et si je me trompe je me le ferai dire, du coup l'imbécillité change de côté. Je m'excuse rarement, parce que ce qui est dit est dit, mais du moins j'accepte de bon gré de me faire moucher s'il y a lieu.
Sans vouloir trop parler de moi, il n'y a pas si longtemps j'ai été inutilement méchant, cette fois-là j'ai tout de même présenté mes excuses et dépublié mes insanités. Mais parfois on peut être utilement méchant».
Une tout aussi sympathique et pertinente participante, Babette Grivinci, fit ce commentaire:
«"Mais parfois on peut être utilement méchant."
Par écran interposé, j'en doute fortement! C'est déjà pas évident sans...
Bref, tout dépend ce qu'on entend par ces mots.
Permettez-moi une question, un peu disons marginale: croyez-vous, inversement, que l'on peut être inutilement gentil?
😕 ».
Excellente remarque. J'y fis une longue réponse, qui me sembla pouvoir constituer un billet. Je lui demandai alors si je pouvais me permettre d'en créer un qui reprendrait aussi son commentaire, et voici sa réponse:
«Faites, votre commentaire mérite en effet un billet, voire plus».
Ce qui me semble plus qu'aimable. Donc, voici ce commentaire. Je le reprends tel que rédigé, sinon peut-être quelques corrections si je repère des coquilles, erreurs d'orthographe ou de syntaxe, ou formulations peu claires.
Suite à un commentaire avisé, je vais tenter de faire mieux qu'un simple copier-coller.
Est-ce qu'on peut être utilement méchant ou inutilement gentil? Selon moi oui, sinon que la signification qu'on donne à des mots varie assez d'une personne à une autre, d'un contexte à un autre.
Ces derniers temps j'ai réfléchi à une question qui me semble cruciale, celle de la division, et son pendant, la confusion. Toutes les sagesses, qu'on les nomme religions, philosophies, sciences ou idéologies, s'entendent sur un point, ce qui sème le trouble dans le monde, notamment dans la société, qui oppose les humains, est la division. Mais elle peut naître aussi bien de la discorde que de la concorde. J'en discutais dans un billet récent, on peut lire les Évangiles comme la chronique d'un échec annoncé, le personnage principal de ces récits, que le philosophe Michel Onfray nomme assez justement un personnage conceptuel, même s'il en tire des développements d'une moindre justesse (pour l'avoir souvent entendu, notamment sur France Culture où tous ses cours de l'Université populaire de Caen furent diffusés jusqu'à l'an dernier, j'ai constaté qu'il est assez dans le ressentiment et dans l'opposition, ce qu'il admet mais dont il ne tire pas les conséquences, notamment dans les deux domaines qui ont toute son attention, la religion et la philosophie: avec la première il est dans le ressentiment et anti-religions radical, ce qui le fait les rejeter en bloc; avec la philosophie il est dans l'opposition, ce qui lui fait mettre en cause la “philosophie dominante” et proposer une “contre-philosophie”. Je trouve ça d'autant plus regrettable qu'il a beaucoup de propositions très intéressantes mais son intransigeance quelque peu militante lui vaut d'être symétriquement rejeté en bloc ou mal compris par beaucoup), tantôt est mis en doute, tantôt rejeté ou menacé, souvent incompris, et au moment de l'épreuve finale est trahi ou désavoué par les siens mêmes.
Mes remarques sur Onfray et ses développements de moindre justesse concernent le fait que, dans son analyse du personnage Jésus il le considère comme un personnage de fiction, et de cela il tire la conclusion spécieuse que s'il est un personnage “faux” alors tout est “faux” le concernant. Ce qui pose deux problèmes: la supposition qu'il y aurait un “vrai” toujours vrai et un “faux” toujours faux; la supposition qu'il y aurait des paroles “vraies” parce que se référant ou se reliant à un élément vérifiable de la réalité, des paroles “fausses” parce que se référant ou se reliant à un élément invérifiable de la réalité. Or toute parole est toujours à la fois en partie vraie et fausse, toujours à la fois entièrement vraie et fausse, toujours réelle et toujours non réelle. Parce que toute parole ne se relie qu'à elle-même et à d'autres paroles, jamais à quelque réalité à laquelle elle se réfère. Je m'éloigne ici du sujet de ce billet pour tenter autant que ce peut de comprendre pourquoi il est à la fois vrai et faux, réel et non réel qu'on puisse être utilement méchant ou inutilement gentil.
Croire qu'une parole parle réellement de la réalité revient à croire que la carte est le territoire; croire qu'une parole ne parle en aucune manière de la réalité parce qu'elle n'est pas la réalité dont elle parle revient à croire que la carte ne représente pas le territoire. J'en discutais assez longuement par ailleurs, les deux positions les plus répandues concernant le lien entre les mots et la réalité observable, le nominalisme, qui se relie au matérialisme, et le réalisme, qui se relie à l'idéalisme, bien que contradictoires ont fondamentalement une même prémisse donc sont convergentes. Cette prémisse peut se décrire comme la croyance en ce qu'on peut nommer la transparence de la langue, son insubstantialité. Le troisième courant important mais non principal, que je nomme réalisme dans le cadre de ma réflexion, tient compte de l'autonomie de la langue relativement à ce à quoi elle se réfère parce que tenant compte qu'elle est en elle-même un objet autonome de la réalité, une réalité en soi. Ce qu'exprima notamment Marshall McLuhan en disant que «le moyen est le message», qu'un message a un faible lien à la fin qu'il est supposé viser, est à lui-même sa propre fin. Voici le passage d'où cette sentence provient:
«[In a culture like ours, long accustomed to splitting and dividing all things as a means of control, it is sometimes a bit of a shock to be reminded that,] in operational and practical fact, the medium is the message. This is merely to say that the personal and social consequences of any medium – that is, of any extension of ourselves – result from the new scale that is introduced into our affairs by each extension of ourselves, or by any new technology».
J'en ai tenté la traduction, probablement fautive, raison pourquoi je cite la version initiale. Cette traduction:
«[Dans des cultures comme les nôtres, depuis longtemps habituées à (utiliser la) séparation et la division les choses comme un moyen de contrôle, il est quelquefois un peu choquant de se faire rappeler que,] d'un point de vue effectif et pratique, le moyen est le message. C'est-à-dire, tout simplement, que les conséquences individuelles et sociales de tout médium – c'est-à-dire, de toute extension de nous-mêmes – proviennent du changement d'échelle produit dans nos entreprises par chaque extension de nous-mêmes, ou par toute nouvelle technologie».
La partie entre crochets est une citation exacte figurant à cette place dans le texte de McLuhan, il s'agissait simplement pour moi de marquer que la partie s'insérant proprement dans ma discussion est ce qui suit, mais que ce début a son importance pour comprendre la suite. Il parlait avant tout de sa réalité effective, de son contexte propre, d'où la nécessité pour lui de bien marquer que son propos parle de la réalité observable et n'est pas une généralité du type que l'on dit abstrait, ce en quoi il n'a pas si bien réussi puisque comme souvent ce qui en fut retenu est un “slogan”, la partie la plus singulière, «le moyen est le message», et fut rabattu sur “les médias” en tant qu'entreprises ou que moyens de diffusion de “messages”, alors même que l'auteur a pris soin de définir ses termes, et précise que “medium” et “toute extension de nous-mêmes” sont équivalents dans le cadre de sa réflexion, raison pourquoi dans ma traduction j'ai pris soin d'écrire “moyen” au lieu de “médium”, usuellement utilisé dans les traductions françaises. Il y a beaucoup de réflexions très intéressantes sur cette question de la traduction, notamment à celles de Umberto Eco et de Barbara Cassin, qui outre leur intérêt pour ces questions de traduction ont un autre point commun notable, tous deux ont commencé un parcours universitaire en philosophie pour s'en distancer par la suite, ou plus précisément pour se distancer de la philosophie en tant que domaine académique autonome. Une question de moyens et de fins.
En anglais, spécialement en anglais américain, le mot medium a une acception plus large qu'en français contemporain et renvoie plus à l'acception latine «moyen» qu'à celle bien plus restreinte de «moyen de communication» qui correspond plus à l'emploi en anglais du pluriel media, implicitement mass media, «moyens de masse» ou plus proprement, «moyens [de communication] pour/vers les masses». Beaucoup d'erreurs de traduction de l'anglais vers le français et réciproquement viennent de caractéristiques propres à chacune de ces langues, très notablement la question des “niveaux de langue” que l'on nommerait plus justement “langues de niveaux”, langues de classes ou de castes ou de groupes sociaux: en français canonique, le “français de France”, la langue est assez unifiée et sauf dans des groupes sociaux qui disposent de ce qu'on nomme un sociolecte, une “langue de métier” ou un “argot”, parfois très distante de la “langue commune”, la différenciation porte surtout sur la richesse du vocabulaire et la variété des formes syntaxiques; en anglais il y a un plus grand contraste et on peut parler de langues différentes, la situation est assez comparable à celle des situations de type colonial, avec une langue du pouvoir, une langue des clercs, plusieurs langues des auxiliaires du pouvoir et des clercs, une langue mixte, “créole” ou “pidgin”, et plusieurs langues des populations soumises, colonisées. Entre autres caractéristiques, les langues des clercs et du pouvoir ont un substrat “latin” important, celles des autres classes ou caste ayant plutôt un substrat “saxon”, ce qui se marque très notablement dans une mention qui figurait dans les moyens de transport collectifs comme les trains et omnibus de Grande-Bretagne ou, en leur temps, figurait une recommandation “bilingue”: «Please do not expectorate» et «It is forbidden to split». La signification nodale est “ne pas cracher”, la première mention est “latine”, la seconde “saxonne”, cela dans les termes comme dans la syntaxe; et la signification explicite marque aussi la considération différente qu'on a envers les personnes: celle “latine” est polie et invite à ne pas sans imposer, «s'il vous plaît, ne crachez pas», la seconde est impérative et sans marque de politesse, «il est interdit de cracher». La langue du maître contre la langue du serviteur, du serf, de l'inférieur. Au maître on marque la déférence et la réserve, au serviteur on marque son statut d'infériorité.
Factuellement il en va de même dans les pays francophones et anglophones, on ne s'adresse pas de la même manière à un “supérieur”, un “égal“ et un “inférieur”. Pour le point qui m'occupe ici, la traduction de l'anglais au français et du français à l'anglais, ne pas tenir compte des particularités des deux langues peut conduire à des contresens sur la signification, l'usage ou les deux. Dans le cas de cette citation, quelle que soient ses intentions, McLuhan écrit en première intention pour ses pairs, les clercs, les “savants”, les universitaires, avec les codes linguistiques de ce groupe: dans ce contexte “medium” renvoie à la signification nodale “moyen” et non à celle spécifique “moyen de communication”, dans ce même contexte “media” est le pluriel de “medium” sinon dans des expressions comme “mass media” qui réfère à l'acception “moyens de communication”; de ce fait, reprendre tel quel le “medium” de la phrase anglaise est une erreur de traduction et change la signification de la sentence «the medium is the message» en restreignant “medium” à l'acception “moyen de communication”, ce que confirme le commentaire de McLuhan, «any medium – that is, of any extension of ourselves», traduit ici par «tout médium – c'est-à-dire, de toute extension de nous-mêmes». La raison pour laquelle j'ai conservé le mot “médium” dans cette partie de la citation avait précisément pour but de signaler que “medium”, traduit par “moyen” dans la sentence «the medium is the message», n'équivaut pas au terme “médium” en français: pour McLuhan, explicitement c'est «toute extension de nous-mêmes», tout “moyen”, non «tout moyen de communication». À remarquer que McLuhan, très conscient du problème dans le cadre des usages de l'anglais où en dehors du contexte “clérical” et en partie celui des groupes sociaux liés aux instances de pouvoir les termes “medium” et “media” ont la même restriction qu'en français et s'appliquent en général aux moyens de communication, spécialement aux médias de masse, ce qui l'amena à produire des sentences “insensées” qui reprennent formellement la sentence, dont le (plus ou moins) célèbre «le massage est le message», qui outre son aspect comique avertit sur le risque d'erreurs de compréhension d'une sentence qui prend la forme d'un slogan et ne s'accompagne pas des gloses de l'auteur sur les restrictions d'interprétation: “medium” vaut “meaning”, “moyen”, et non “mass media”.
Outre l'intérêt propre de ces propos de McLuhan, cette glose qui, je l'espère, n'est pas trop un commentaire, se rapporte à cette question de la carte et du territoire, de la représentation symbolique de la réalité et de la réalité observable: une langue ou pour élargir tout système de signe est une réalité en soi, chaque occurrence singulière réfère assez faiblement à la réalité observable qu'elle est censée représenter et se relie pour l'essentiel au système de signes dont elle participe: le texte que vous lisez actuellement n'a pas un “sens intrinsèque” mais n'acquiert une certaine signification que parce que vous avez une familiarité au système de signes “alphabet latin“ et à l'organisation de ce système de signes dans une occurrence restreinte se rapportant à un autre système de signes, “langue française”: une personne familière à des systèmes de signes primaires et secondaires de même ordre pourra identifier qu'il s'agit d'une formalisation correspondant à un autre ensemble de systèmes de signes secondaire et primaire, une “langue orale” avec ses signes élémentaires, que l'on nomme en linguistique les phonèmes, leurs correspondants écrits étant des graphèmes, qui par combinaison forment des “mots”, qui à leur tour forment des “phrases” qui forment des “discours”, sans pouvoir les associer à une réalité observable s'il n'a pas de familiarité avec ces systèmes de signes précis. Ces structures en gigogne, en “poupée russe”, ne renvoient de manière un peu consistante à la réalité observable que si on a le moyen de les “décoder”, d'associer “la carte” avec “le territoire”: je sais sans même avoir accès aux clés de décodage que les systèmes de signe “chinois” et “japonais” sont du même type que ceux “français” et “anglais”, par contre je ne suis pas plus capable de déterminer si telle occurrence est “chinoise” ou “japonaise” qu'une personne ne possédant pas les clés de décodage “alphabet latin” et “organisation propre aux langues anglaise et française”. Par contre, quand un système de signe est trop distant de ceux dont on est familier, ils sont “opaques”, non déterminables comme systèmes de type “écriture”, cas par exemple de celui de l'écriture hiéroglyphique égyptienne qui pour un praticien des systèmes alphabétiques apparaît “du dessin” ou “de la peinture” et non “de l'écriture” sauf s'il est informé que c'est un système de signe ET un système d'écriture.
En contraste, les systèmes de signes dits “Linéaire A” et “Linéaire B” découverts en Crète en 1900 apparaissent immédiatement comme des systèmes de signes pour des connaisseurs d'écritures alphabétiques ou syllabiques, mais l'un, le A, reste indécodable, alors que le B est en large partie décodable. Le processus d'élucidation du linéaire B est très intéressant pour comprendre comment s'articulent le système de signe primaire, l'alphabet, celui secondaire, les mots, et leur relation à la réalité observable. La première personne à élucider en partie le système primaire, Alice Kober, part d'une démarche de type philologique, elle tente, et réussit en partie, de mettre en évidence des régularités formelles et par des indices faibles mais constants, des régularités, et par association à des éléments secondaires d'un autre système de signe, idéographique celui-ci, parvient à déterminer des voyelles. Sa mort anticipée (43 ans) ne lui donna pas l'opportunité d'aller plus loin, mais son successeur, Michael Ventris (mort lui aussi fort jeune, à 34 ans) qui reprit ses notes et étendit ses déterminations notamment pour les consonnes, donna les bases pour une compréhension étendue à la fois des systèmes primaire et secondaire en reliant certaines formes à des réalités observables, des toponymes. En revanche le linéaire A reste largement inaccessible. Cela illustre bien un, disons, un de mes concepts, la triangulation: pour déterminer assez fiablement un segment de la réalité on doit disposer de trois points d'observation.
Le linéaire B est devenu accessible quand on a pu relier les systèmes de signes primaire et secondaire à la réalité observable: chacun de ces points n'est pas compréhensible en soi, sinon comme réalité propre. Pour qui est familier de ce genre de systèmes le système primaire est d'évidence un système de graphèmes, et par la disposition de ceux-ci le système secondaire est d'évidence un système alphabétique ou syllabique; le travail d'Alice Kober est une critique interne, elle procède à une élucidation philologique et par l'observation de régularités en déduit des très probables équivalences phonétiques, mais sans un troisième point de référence, soit l'association avec un autre système de signe déjà connu qui “traduit” le premier (cas de la pierre de Rosette), soit l'association avec la réalité observable pointée (cas du linéaire B), on ne peut pas aller plus loin qu'un décodage partiel du système primaire. Le linéaire A reste peu décodable parce qu'on a peu d'indices sur le système secondaire et sur la réalité observable pointée. La pierre de Rosette est intéressante pour une autre forme de triangulation: l'écriture hiéroglyphique ne fut perceptible comme système de signe que grâce à la présence des trois versions d'un même texte, deux systèmes alphabétiques ou syllabiques dont l'un connu, le grec ancien, et l'association avec une version hiéroglyphique: le grec donne accès au démotique parce qu'il s'agit de formes de notation équivalentes de deux langues différentes, et le démotique donne accès aux hiéroglyphes parce qu'il s'agit de deux formes de notation non équivalentes d'une même langue. Sans le démotique, on pouvait comprendre que le grec “traduit” les hiéroglyphes mais sans clé d'accès primaire qui permettrait d'associer la forme et son équivalent oral.
La question est donc: peut-on être utilement méchant ou inutilement gentil? La réponse est oui. Maintenant, il faut que vous et moi nous entendions sur les termes. Pour vous je ne sais pas, pour moi c'est simple: je ne donne pas toujours et partout la même valeur aux mots “méchant” et “gentil”, et n'attribue aux notions d'utilité et d'inutilité qu'une valeur contextuelle. De mon point de vue rien n'est absolument utile ou inutile, parfois il est utile de se mouvoir, parfois ce n'est ni utile ni inutile, parfois c'est inutile, “anti-utile”, parfois il est utile de rester immobile, parfois ce n'est ni utile ni inutile, parfois c'est inutile, “anti-utile”. J'ai une définition relativement stable des notions de “méchant” et de “gentil” mais beaucoup moins de la réalité effective (plutôt qu'observable) des substantifs associés qui formellement en dérive, “méchanceté” et “gentillesse”, mais dont les adjectifs découlent sémantiquement, est “méchant” qui fait preuve de “méchanceté”, est “gentil” qui fait preuve de “gentillesse”. En un apparent paradoxe on peut parfois être “gentiment méchant” ou “méchamment gentil”, pour exemple une anecdote d'un contributeur de Mediapart dans un fil de discussion – probablement le mème qui donna lieu à ce billet – où suite à une remarque très générale de ma part sur la violence qui ne peut jamais être une solution à la violence, il raconta un épisode où, tentant de sauver une personne en risque de se noyer, par son agitation et sa violence incontrôlée suscitée par la panique il se trouva obligé de l'assommer à la fois pour sa propre survie et pour celle de la personne secourue. Ce à quoi je lui dis que ça correspondait à ma remarque sur le fait que la seule violence justifiable est celle qui répond à une violence dirigée contre soi: autant qu'on le peut prévoir, ne pas être auteur, initiateur de la violence, mais s'en protéger si elle est dirigée contre soi au risque de sa propre survie. Ici on a le cas de la circonstance “gentiment méchant” ET “utilement méchant”. On peut aussi être, le cas échéant, utilement méchant sans l'être gentiment, pour autant que ce soit une méchanceté non violente, une méchanceté verbale, et que le but soit selon les cas, de mettre en évidence une fausse gentillesse ou une violence verbale qui a pour but d'inciter à la violence agressive effective, un “appel au meurtre” par exemple, ou pour arrêter une violence effective en cours, genre «Eh les gars! Arrêtez vos conneries ou je vous en colle une!», à quoi s'ajoutent les cas de possible méchanceté effective pour faire cesser une violence délétère, comme avec le noyé récalcitrant.
La question de la gentillesse inutile n'est pas moins complexe. Sans relire le commentaire source de ce billet, il me semble n'y évoquer que le cas d'une gentillesse qui ne parvient pas à réduire une violence effective, ou verbale, ou potentielle. Je me relis. C'est le cas: les situations où je tente gentiment mais inutilement de convaincre une personne qui m'affirme que le blanc est noir qu'en toute hypothèse et selon l'expérience commune le blanc est blanc. Cette présentation réfère aux réflexions de type “faux syllogisme” telles que
Si A égale C et si B égale C alors A égale B
Qui peuvent produire des énoncés tels que
Si le blanc est une couleur et si le noir est une couleur
alors le blanc est le noir
Pour citer une n-ième fois cette sentence de Gregory Bateson, «d'un ensemble inconsistant d'axiomes, on ne peut pas déduire un corpus consistant de théorèmes». Et pour citer une sentence de mon cru qui dit plaisamment à-peu-près la même chose, «si on a un niveau de maçon “un peu” faux on en tirera des calculs “un peu” faux et le résultat sera entièrement faux». Ce qui soulève le cas d'une autre forme de possible gentillesse inutile: quand on a une “gentille intention” basée sur des prémisses fausses, à coup on ne sera pas utile, et parfois ça résultera en quelque chose de “méchant”, quelque chose de tellement contradictoire au contexte que ça aura une conséquence néfaste. À quoi s'ajoutent les cas de fausse gentillesse. Sans le jurer mais avec de forts indices le groupe social – et groupe d'intérêts – représenté par Emmanuel Macron et son gouvernement, par la “macronie”, est “faussement gentil” sans pour cela que j'en déduise qu'il serait “vraiment méchant”, je veux dire: très probablement, dans leur majorité les membres de la “macronie” ont de bonnes intentions mais un mauvais niveau de maçon, le problème étant que toutes les alertes pour leur dire qu'ils prennent “de mauvaises mesures” parce que leur instrument de calcul est faussé ne leurs parviennent pas, du fait ils continuent de prendre des mesures “de plus en plus grosses” avec le même outil défectueux, ce qui amplifie leurs erreurs et plus que de les faire inutilement gentils, les font “utilement méchants”, efficaces dans l'aggravation de la situation.
J'espère que ce billet conviendra à Babette Grivinchi, en tout cas il me convient. Rapport au fait que je suis presque certain (on ne peut jamais affirmer être absolument certain si on est réellement sérieux) d'avoir un bon niveau de maçon. Par contre, j'ai tenté ici d'être utilement gentil mais si des personnes qui disposent d'un niveau de maçon “un peu” faux mesurent mes propos avec celui-ci, pour eux je serai inutilement gentil.
ANNEXE: Copie de la réponse fait dans le commentaire en réponse à la question de Babette Grivinchi.
Oui, bien sûr, et merci de la question. J'explique.
Ici, dans le cadre de Mediapart, je suis un personnage et même plusieurs. Comme individu je suis assez simple, assez stable, plus ou moins toujours le même. Comme tout le monde j'ai des variations d'état, des variations d'humeur, mais ma représentation de moi est constante même si évolutive dans le temps (je suis à-peu-près le même que celui que j'étais à cinquante ans, pas significativement différent de qui j'étais à quarante et à trente ans, significativement différent de moi à vingt ans, très différent de moi à quinze ans, au-delà il y a une continuité historique, je suis le même individu, mais sous l'aspect de la personnalité la divergence est toujours plus importante, j'ai une représentation tout autre de moi, de mon entourage, du monde et de l'univers que celle que j'avais à dix ans, à cinq ans, de mes trois premières années je ne peux plus restituer ma personnalité, j'ai beaucoup de mémoire mais de cette période ne me restent que quelques rares sensations qu'on ne peut pas strictement nommer des souvenirs, reliées à des événements marquants, “traumatiques” dirait-on en version “psy”, sinon que ça ne m'a pas spécialement traumatisé, des moments “impressionnants” en une acception presque photographique, ça a “impressionné ma mémoire” comme la lumière impressionne le film), comme personne, comme être social globalement stable, j'ai plusieurs “personnalités” assez peu divergentes mais assez variées, selon le contexte – d'évidence, je n'aurai pas le même comportement en famille, avec des amis, au café du coin, dans une réunion publique, au travail, dans une administration, etc., le noyau de cette personnalité est constante mais il y a nécessairement une adaptation au contexte –, enfin je suis aussi un personnage social, il m'arrive, je ne dirai pas comme tout le monde mais du moins comme une large part de mes semblables, de jouer des rôles qui ont peu de rapport avec le noyau de ma personnalité.
Dans le cadre de Mediapart c'est le cas, je joue plusieurs rôles, certains sont assez proches de mon “rôle social”, de cette personnalité nodale assez stable qui varie selon le contexte, d'autres non. Dans l'ordinaire des jours et en interaction réelle je peux me qualifier de “plutôt gentil”, il m'arrive, quand je suis seul, de faire des sortes de sketchs, je dialogue avec un ou plusieurs tiers imaginaires non parce que, dirait-on encore en typologie “psy”, parce que je serais fou, ou malade mental, ou psychotique, ou névrosé, ou que sais-je, mais parce quand je pense à certaines choses en lien avec des tiers réels ou des situations possibles j'ai besoin de verbaliser ces pensées, de leur donner la consistance que seule une parole réellement prononcée peut leur donner. Dans ces sketchs je suis souvent assez radical dans mes propos, tranchant, pète-sec, ironique, véhément, sentencieux, moralisateur, “plutôt méchant”.
De fait, la seule personne à qui je m'adresse est moi-même, et de fait, si quelqu'un s'adressait à moi de cette manière, et bien, c'est sûr que j'apprécierais plus que modérément, ce qui est très favorable à me rendre “plutôt gentil” quand je sors de chez moi parce que dans ces sketchs je m'identifie beaucoup à ces tiers imaginaires qu'au personnage que je joue, ce qui réduit de beaucoup les tendances agressives dont, comme presque tout le monde, je suis porteur. Ce qui favorise aussi mes capacités d'échange, de communication, ayant déjà expérimenté ces capacité en privé, dès que je les sens émerger je m'interdis de les exprimer pour formuler mes pensées en m'accordant à mes interlocuteurs plutôt qu'en m'opposant à eux. Ce qui ne m'empêche, bien sûr, d'être parfois plus tranchant ou ironique mais considérablement moins que dans mes sketchs privés. Dans le cadre de Mediapart une part somme toute importante de mes interventions (je dirais, plus de la moitié, spécialement dans mes interventions dans les fils de discussion mais aussi dans mes billets) sont des sketchs assez proches de ceux privés.
Donc, est-ce qu'on peut être inutilement gentil? Je le suis très souvent. Nettement plus souvent que je ne puis être utilement méchant. J'apprécie modérément de me faire propagandiste de moi-même mais je vous invite à visiter mon “blog” si ce n'est déjà fait, pour constater que je suis une personne intelligente, perspicace, disserte, pas toujours mais souvent assez plaisante (du moins, pour les personnes qui ont les mêmes goûts que moi en matière d'humour, d'ironie et de comique). Dans les interactions directes je ne le suis pas moins, par contre je suis beaucoup plus poli et modéré, sauf dans les cas où je joue un rôle explicitement, où je raconte des blagues et des plaisanteries, où je fais des sketchs, dans ces cas il y a un contrat implicite et parfois explicite, je ne m'adresse pas à mes interlocuteurs mais à ces même tiers imaginaires que quand je rode mes interventions en privé, voire, dans les plaisanteries et dans certains sketchs, je joue deux rôles ou plus, avec le plus souvent la structure clown blanc-auguste, un type un peu (ou beaucoup) sentencieux, péremptoire, “supérieur”, un type un peu (ou beaucoup) benêt, humble, “inférieur”, avec à la fin le coup de pied de l'âne, le benêt apparaît intelligent, le sentencieux ridicule. Je vous en fais l'analyse ici, mais on ne peut pas dire que ce soit proprement prémédité, cette structure est la plus courante quand on vise à “donner du discernement”. Il y a quelques temps, relisant un de mes textes pour y récupérer des citations que je savais pouvoir y trouver (une discussion sur l'expérience de Milgram), je suis tombé sur cette phrase où je décrivais brièvement le cadre général du protocole de cette expérience, «Quoi qu'il semble se passer, ce qui se passe est autre». C'est en gros ce que vise cette structure courante du couple “intelligent idiot” / “idiot intelligent”: ne pas se fier aux apparences.
Contrairement à ce qu'en dit le proverbe, très souvent “l'habit fait le moine”, ce qui est logique d'un point de vue social: quand une personne “joue un rôle” on suppose qu'elle joue le type de rôle que je décrivais précédemment comme celui d'un être social globalement stable, avec plusieurs “personnalités” assez peu divergentes mais assez variées, selon le contexte. Le contrat tacite dans les rapports sociaux est que les protagonistes jouent un rôle mais le jouent honnêtement, le garçon de café dont parle Sartre dans je ne sais plus quel texte (comme je vais le citer, je citerai aussi le titre du livre. Bon, je cherche ça sur mon site perso où j'ai utilisé plusieurs fois cet exemple). Je cite:
«Toute sa conduite nous semble un jeu. Il s'applique à enchaîner ses mouvements comme s'ils étaient des mécanismes se commandant les uns les autres, sa mimique et sa voix même semblent des mécanismes ; il se donne la prestesse et la rapidité impitoyable des choses. Il joue, il s'amuse. Mais à quoi donc joue-t-il ? Il ne faut pas l'observer longtemps pour s'en rendre compte : il joue à être garçon de café».
Il me le semblait mais je n'en étais pas sûr, c'est dans L'Être et le néant. Bien sûr, dans cette situation tout le monde joue un rôle, le garçon de café de manière évidente, mais la personne qu'il sert joue au client relativement à lui, joue au convive avec les personnes à sa table, joue au voisin relativement aux personnes à d'autres tables, etc. Ce sont des rôles “sérieux”, le garçon de café exagère ses attitudes mais il est effectivement garçon de café, c'est un rôle, une fonction, qu'il endosse en même temps que son costume de garçon de café, et qu'il remise au placard quand il quitte ce costume, mais on suppose, quand on s'assied à une table de café, que ce n'est pas un usurpateur. D'un sens, serait-il usurpateur que ça ne changerait rien si il “prend son rôle au sérieux”, il se peut que, pour diverses raisons, une personne usurpe une fonction, mais si elle se fixe le but de “bien jouer son rôle” ça importe assez peu, ce n'est un problème que si elle ne le fait pas. Beaucoup de comédies (au sens formel, pas au sens restreint de jeu “comique”, amusant, la comédie en contraste à la tragédie, la première forme est censément réaliste, prosaïque, la seconde censément imaginaire, mythique) mettent en scène les deux cas, par exemple Knock dans l'adaptation récente avec Omar Sy basée sur la pièce Le docteur Knock met plus en évidence l'aspect “usurpateur sérieux” du personnage, il endosse le costume et se donne la peine de se former pour avoir les connaissances nécessaires à remplir la fonction; à l'inverse, L'Adversaire met en scène une “usurpation non sérieuse”, celle de l'affaire Romand: c'est une comédie dramatique parce que cette usurpation y a des conséquences dramatiques mais elle est non sérieuse au sens où Romand ne se donna pas la peine de remplir sérieusement la fonction usurpée.
Pour exemple, la “comédie dramatique” qui se joue en ce moment au sein de l'Église catholique a pour but de réduire drastiquement le nombre de ces “usurpateurs non sérieux”, de ces moines qui n'ont que l'habit, qui trahissent leur fonction et ce faisant, trahissent l'institution qu'ils sont censé servir. Le nom que donne François, premier du nom et chef de cette Église, est intéressant, le “cléricalisme”: ce qu'il vise est cette structure dans la structure qui mime la fonction cléricale sans la respecter, non pas le clergé en soi mais le pan de ce clergé qui usurpe ses fonctions. On en dira autant, d'ailleurs, sur ce qui se joue un peu partout dans le monde ces temps-ci au plan des structures politiques: les institutions sociales s'usent avec le temps, pour s'en prémunir on met en place des structures de contrôle mais elles aussi s'usent, et les dérives, les usurpations, augmentent jusqu'au point d'empêcher leur bon fonctionnement.
Il m'arrive de dire que les démocraties actuelles ne sont plus des démocraties, ce qui est à la fois vrai et faux: d'un point de vue structurel les formes “démocratiques” sont très résistantes, très résilientes, pour réellement les mettre à bas il faut un coup de force, coup d'État (usurpation “de l'intérieur”) ou putsch (usurpation “de l'extérieur”). Le temps passant les sociétés, peut-on dire, “apprennent de leurs erreurs”, quand un coup de force est réalisé par des “usurpateurs”, des groupes d'intérêt pour lesquels les formes démocratiques sont défavorables à leurs projets propres, il ne pourra plus être réalisé par après sinon avec l'appui d'une aide extérieure: si on cherche aujourd'hui à déterminer un groupe “fasciste”, il ne peut apparaître dans la forme déjà réalisée, celle qui se développa dans l'entre-deux-guerres. Comme l'a si bien écrit Marx dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte,
«Tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois […] la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce».
Dans les deux cas c'est une «comédie humaine». Lors de la prise de pouvoir du groupe représenté par Napoléon Bonaparte, cette forme de coup de force était imprévisible, nouvelle, quand Louis-Napoléon Bonaparte voulut la renouveler, la société était prévenue et avait mis en place des structures qui sans garantir qu'un tel coup de force ne se répète pas, empêchaient qu'elle ait les mêmes conséquences. Dans sa première phase, le Second Empire fut, peut-on dire, une “farce tragique” mais bien moins tragique que lors du Premier Empire, et surtout la fin de cette “farce” fut beaucoup moins catastrophique, parce que la société française avait mis en place des mécanismes de contrôle efficaces car diffus: instruction publique obligatoire (au moins pour les garçons), développement de la presse comme institution et comme industrie, “naturalisation” de principes constitutionnels et d'une symbolique “républicaine”, etc. Y compris une symbolique “historique”: au début du XIX° siècle l'ancestralité mythique de la France allait vers deux sources, «nos ancêtres les Francs» et «nos ancêtres les Gaulois», la première représentait “les élites”, la seconde “le peuple”; quand Napoléon III fit son coup de force, l'ancestralité gauloise s'était imposée, donc “la France” c'était “le peuple” et non “les élites”, ergo la France était et ne pouvait être que “démocratique”, et toute tentative de restauration d'un régime monarchique vouée à l'échec.
Mmm... Je dérive, comme à mon habitude. Donc, inutilement gentil. Il y a maintenant environ soixante ans on eut droit, en France, à un 18 brumaire farcesque, la répétition du coup des “pleins pouvoirs” de funeste mémoire qui eut lieu dix-huit ans plutôt. Quand c'est sur le mode “farce”, on ne sait jamais trop qui est qui, qui fait quoi, mais ça n'a pas grande importance: il se peut (à mon avis il est assez probable) que de Gaulle et les personnes avec qui il conçut la Constitution de la V° République visaient réellement à préserver les institutions républicaines et démocratiques, mais qu'ils le veuillent ou non ils ne pouvaient faire autrement que de les préserver. Ce qui n'empêcha qu'ils devaient aussi ménager leur opposition radicale, les groupes d'intérêt défavorables à la démocratie, pour ne pas provoquer de guerre civile. Formellement, la V° est une sorte de monarchie républicaine, structurellement, une sorte de, comme on disait en ces temps, “démocratie populaire” – une “démocratie démocratique”... – avec les mécanismes de cette structure, planification, primat de l'exécutif, “'avant-garde” plus ou moins révolutionnaire, “centralisme démocratique”, etc. C'est la tension entre ces deux parties assez contradictoires qui a fait que la France a pu, sur une assez longue période (environ trente ans) et avec pas mal de soubresauts et de moments de tension exacerbée, rétablir peu à peu une démocratie républicaine de fait puis de plus en plus de droit. Bref, «quoi qu'il semble se passer, ce qui se passe est autre».
En ce temps présent, je suis souvent inutilement gentil, quand je discute avec mes semblables, beaucoup d'entre eux ne trouvent pas ce genre d'analyse très pertinent, je leur expose mes vues assez gentiment mais assez inutilement. Pour moi ça n'a pas grande importance, je regarde ma société, ce que je vois est une société qui, globalement, fonctionne assez bien, je peux assez librement m'y déplacer et sauf en certains points du territoire qui sont des points de fixation des tensions les plus fortes, je ne risque ni de croiser des “terroristes” ou des “casseurs”, ni de me confronter à une “police aux ordres”, aux ordres de je ne sais quel “pouvoir occulte”, et non cette société supposément à feu et à sang avec des terroristes à tous les coins de rue et des nervis au service des Puissants à tous les carrefours. Comme j'ai tendance à faire plus confiance à la réalité qu'à sa représentation, il m'indiffère assez d'être inutilement gentil, parce qu'on ne peut jamais vraiment l'être: sur le coup ma “gentillesse” n'est pas remarquablement utile mais je sème mes graines de bon sens un peu partout, en supposant que certaines d'entre elles germeront, ce qui ne sera donc pas inutile. Et parfois je suis utilement méchant en pointant les semeurs d'ivraie.
Mmm... Un poil long pour un commentaire, je crois que je vais recycler ça dans un billet, à condition que vous m'autorisiez à y inclure votre commentaire.
Amicalement.
Olivier Hammam.
Trop long. Je ne me relis pas, tant pis pour les probables scories.