Je ne le mentionne que rarement, au détour d'un billet ou d'un commentaire, mes réflexions n'ont que peu d'originalité, je puise dans le stock de savoir disponible, il s'agit surtout de synthèses et de mises en relation d'un savoir constitué mais souvent épars. L'intérêt possible de ces réflexions vient justement de cet aspect synthétique. Je cite rarement mes sources, d'autres le font très bien et à coup sûr mieux que je ne le pourrais le faire, voir par exemple le blog de Vivre est un village, point de départ particulièrement intéressant pour aller voir beaucoup plus loin que soi. Pour des raisons circonstancielles, en premier cette limite dépassable si je n'étais pas aussi cossard de mon peu de connaissance d'autres langues que le français et l'anglais, je n'ai de toute manière pas accès à une infinité de savoirs, et ma fainéantise correctible mais que ne cherche pas à corriger – trop fainéant pour ça – me dissuade d'approfondir, d'autant que le plus souvent on s'aperçoit qu'approfondir n'apporte rien sinon de “mieux connaître” ce qu'on connaît déjà – en matière de savoir, le mieux se révèle souvent ennemi du bien. Cela dit, à l'évidence les “spécialistes” sont une nécessité sociale, il est donc heureux que certains aient le courage d'aller loin dans la connaissance d'une frange limitée du savoir humains, pour autant qu'ils ne soient pas enfermés dans leurs spécialité. Les généralistes sont aussi une nécessité sociale, c'est plus mon truc, voilà tout.
Donc, l'Histoire de la folie et la Police de la Pensée. Puisque j'en suis à parler de ma pratique, je pars entre autres de cette hypothèse: les mots n'ont pas de sens. Ça peut sembler étrange, venant d'une personne qui les utilise beaucoup et publie des textes dont elle suppose qu'ils ont “du sens”. Justement: un texte est constitué de mots et il a “du sens” sans nécessairement que les mots mêmes en aient. Pour prendre une comparaison, une brique n'est pas un mur mais un mur peut être formé de briques. Il me semble important de bien différencier deux mots, “sens” et “signification”, qui ont des acceptions convergentes et d'autres divergentes. La signification d'un mot correspond aux acceptions parfois très diverses et parfois même contradictoires, qui se réfère au mots en tant qu'éléments d'un système de signe: la signification du mot “mot” émerge par une définition constituée de mots, c'est, nous dit le Trésor de la langue française (le TLF) un «son ou groupe de sons articulés ou figurés graphiquement, constituant une unité porteuse de signification à laquelle est liée, dans une langue donnée, une représentation d'un être, d'un objet, d'un concept, etc.». La mention «unité porteuse de signification à laquelle est liée, dans une langue donnée, une représentation d'un être, d'un objet, d'un concept, etc.» réfère précisément au sens, qui pourtant est donné dans le même TLF comme un synonyme de “signification”: «Idée, signification représentée par un signe ou un ensemble de signes; représentation intelligible évoquée ou manifestée par un signe ou une chose considérée comme un signe». Y est ajouté que c'est une “idée”, ce qui va... contre le sens, le “sens commun” défini dans la même définition: un mot “porte une idée” mais n'en est pas une. Je ne suis pas législateur de la langue, de fait je sais qu'aujourd'hui “sens” et “signification” sont devenus des synonymes dans la langue courante quand ils s'appliquent à la langue et aux mots, ce qui obligea les spécialistes du langage à forger de nouveaux termes pour de nouveau différencier
Ah zut! Encore une série de billets dont l'un est une brève esquisse. Si le sujet à peine discuté ici vous intéresse, je vous invite à poursuivre par vous-même cette discussion, je dois publier celui-ci avant deux autres non enregistrés, «Ondes» et «Muddy Waters». Ils sont censés former un triptyque, celui-ci en étant censément le dernier élément, précédé de «Ondes», et en premier «Muddy Waters» mais bon, c'est un ordre hypothétique et non nécessaire, par contre l'ensemble forme bien un ensemble qui n'est compréhensible que si on lit toutes ses parties. Allez, hop! Je publie.