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La rentrée des chasseurs a lieu ce week-end, comme toujours mi-septembre, en plein débat d’une réforme de la chasse loin de faire l’unanimité dans l’opinion publique, d’autant que la Fédération nationale des chasseurs (FNC) s'est quasiment autoproclamée « 1ers écologistes de France », notamment après un sondage réalisé auprès d'auditeurs d'une émission de radio (visionner aussi la 4ème vidéo en fin d'article). Un peu léger comme adoubement ! La régie publicitaire de la RATP et l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité, circonspects, ont même imposé au début de la campagne publicitaire des chasseurs de France, en 2018, un point d’interrogation sur les affiches. C'est dire ! L’affirmation est devenue une question, ce qui a quelque peu mis du plomb dans l’aile à l'opération de Com', affichage de pub disséqué en plus à la loupe dans les médias. Et avec quelques couacs régionaux dans l’application de cette autosatisfaction écologique de la FNC, comme pour la plage des Pauvres, en réserve naturelle de la baie de Canche, où quelques irréductibles chasseurs « Gaulois » se sont faits gauler par la gendarmerie en chasse interdite... Dans le Marais vendéen, le jour de l'ouverture de la chasse aux gibiers d'eau, le 21 août 2018, dix chasseurs sur 58 contrôlés ont été verbalisés, certains ayant dézingué des espèces non chassables. Exemples parmi d'autres... Il n'y a pas à dire, les chasseurs, pour certain(e)s, n'ont pas vraiment l'écologie dans le sang...
Mieux ! On compte en gros aujourd'hui 1 million de chasseurs actifs (perte de 2 à 3 % des effectifs par an), en constante baisse depuis 20 ans, et il y a fort à parier que ce n'est pas le permis de chasser à 200 euros (lui aussi deux fois moins cher) qui changera le cour des choses, dans un contexte populaire où la chasse a de moins en moins bonne presse. Sans compter les attentes des Français(e)s en matière de protection animale et des espèces en danger, encouragés en plus, désormais, par le succès du projet de référendum pour les animaux...
Autre préoccupation majeure des Français(e)s, les tirs accidentels de chasseurs, qui ont fait plus de 420 morts à la chasse depuis 2000, dont des non-chasseurs, quand ce ne sont pas des balles perdues qui finissent dans les maisons (↓ voir vidéo). À quand une visite médicale et vision annuelle (au frais du chasseur), pour valider le permis de chasser ; une interdiction de chasse dans un périmètre de 300 mètres des voies et habitat (équivalent du tir à longue distance, interdit à plus de 300 m), et une formation des "nemrods" tous les 5 ans, au lieu de tous les 10 ans ?
Hulot impose une charte de la vènerie ;
Pompili et le conseil d'état lancent la fin des chasses traditionnelles
Car la réforme de la chasse, "cher" loisir économique, est demandée par beaucoup de Français - avec abolition des controversées chasse à courre, chasses traditionnelles, et vènerie sous terre - et la chasse est de plus en plus controversée sur le fond et la forme par plus de 80 % de la population. Dans le dernier sondage de l’IFOP sur la chasse, les Français(e)s se disent préoccupés par la sécurité, l’écologie ou encore la protection animale. Les chasses traditionnelles sont également majoritairement honnies par les Français(e)s, dans un autre récent sondage IFOP, et les chasses présidentielles à 65 %. Les sondé(e)s désapprouvent même pour 84 % d’entre eux la chasse à courre héritée du 15ème siècle. Il faut dire que ses dérives défraient régulièrement la chronique, depuis qu’Alain Drach, maître d’équipage dans l’Oise, s’est illustré une fois de plus, en direct, à Lacroix-Saint-Ouen, fin 2017, où un cerf non blessé fut harcelé puis abattu dans un jardin privé sans autre forme de procès. Des images de cervidés qui auraient été achevés par noyade par des veneurs en barques ont aussi mis le feu aux poudres, ce qui a d’ailleurs poussé Nicolas Hulot, alors ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, avant sa démission, opposé aux chasses traditionnelles en tous genres, à initier une charte de la vènerie qui, dans un premier temps, impose la grâce pour les cervidés réfugiés, et interdit les « pièges par noyade ». Des noyades ont eu lieu aussi pour des cervidés lors de chasse à courre, pourtant niées jusque-là par la Société de vènerie, malgré des vidéos alarmantes d’associations pour la protection et la défense des animaux, comme ONE VOICE ou la Fondation 30 millions d'amis, ou le média Konbini News.
De Rugy (le député mais pas l'ex-ministre de la Transition écologique) opposé à la chasse à courre,
de plus en plus de parlementaires, et ministres !
Il y a même fort à parier que le débat « chasse à courre » ne va pas en rester là, y compris avec le projet de retour sous Macron des chasses présidentielles à Chambord (remplacées en 2010 par des battues de régulation), chasses présidentielles qui deviendraient alors « un instrument d’attractivité » au service diplomatique de la France… En gros, zigouiller des animaux pour favoriser les affaires et créer des liens... François de Rugy, alors ministre de la Transition écologique et solidaire ne semblait pas « emballé », en mars 2017, par les chasses présidentielles. Sans oublier que le député De Rugy a cosigné, en 2011 et 2013, une proposition de loi pour abolir la chasse à courre en France. Comme depuis, avec d'autres parlementaires, Laurence Rossignol au Sénat et Bastien Lachaud à l’Assemblée nationale… Ce qui provoque aujourd’hui une certaine « interrogation » du monde de la chasse sur l’avenir de certaines de leurs « traditions » archaïques, comme les chasses dites traditionnelles, la chasse à courre (où l'on achève l'animal épuisé au couteau), et la vènerie sous terre où l'on massacre blaireaux et renards, parfois à la barre de fer. Même Barbara Pompili a signé aussi, en 2013, une proposition pour abolir la chasse à courre (en attendant la ministre de la Transition écologique a gelé la chasse à la glu, mais seulement un an, pour 2020-2021, mais laisse courir les autres préhistoriques chasses traditionnelles pratiquées par une poignée d'inconditionnels : pierre qui tombe et tue l'oiseau, collet étrangleur, etc...). Et plus récemment, les député(e)s Cédric VILLANI, Matthieu ORPHELIN, Frédérique TUFFNELL, Sébastien NADOT, Paula FORTEZA ont eu aussi proposé une loi relative à de "premières mesures d'interdiction de certaines pratiques génératrices de souffrances chez les animaux et d'amélioration des conditions de vie de ces derniers".
Coté réforme de la chasse, le permis national de chasse, comme promis par le président Macron, est passé de 400 € à 205 €, ce qui n'a pas manqué de faire jaser l'opinion publique (et même les chasseurs qui ne s'y retrouvent pas toujours localement, où des taxes locales de chasse augmentent le coût de permis de chasser "d'avant"). Le nouveau permis de chasse à 205 euros, sorte de « laissez-passer » pour chasser partout en France, a été vu aussi par certain(e)s comme un « cadeau » fait par le gouvernement Macron aux chasseurs électeurs. Un peu comme le radar à oiseaux offert récemment à la chasse par Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France, et les larges subventions de Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes à l'égard de la chasse… Ou Christian Estrosi, président de la région PACA, avec son enveloppe prévue pour les chasseurs de 2,5 millions d'euros.
Fin des chasses traditionnelles
Ajoutez à cela, en discussion bien avancée à l’Élysée, l’élargissement de la chasse à certaines espèces, comme la période de chasse des oies cendrées régulièrement relancée par les chasseurs, mais dénoncée aussi par la Ligue pour la protection des oiseaux qui regrette, selon son président Allain Bougrain-Dubourg, non seulement que les oies soient chassées sur la route de la nidification, mais que l'on chasse en France 64 espèces d’oiseaux, contre une quinzaine dans le reste de l’Europe, et sur ces 64 espèces « 20 qui sont sur la liste rouge de l’Union internationale de conservation de la nature. » N'oublions pas la Commission européenne, et la direction générale européenne de l'Environnement, qui donnent de leur côté du fil à retordre à Willy Schraen, 1er chasseur de France, en s'opposant aux chasses dites "traditionnelles", et projettent d'arrêter l'usage du plomb à la chasse dans toute l'Europe. Sans oublier faire appliquer par la France, sous peine d'amende, la directive européenne "Oiseaux" souvent bafouée, et qui rejettent les chasses traditionnelles... D'où la décision d'Emmanuel Macron et de Barbara Pompili de geler un an, dans un premiers temps, la chasse à la glu, pour calmer le jeu. C'est le Conseil d'État qui a signé, après le gel de la chasse à la glu, la fin de la partie totale pour les chasseurs retraités férus de chasse préhistoriques aux volatiles ! Le 6 août 2021, le Conseil d'État annule les décisions ministérielles de chasse à certains oiseaux, et par là même la fin des chasses traditionnelles !
Les chasseurs dans le viseur des candidats aux élections,
et vice-versa !
Autant dire que la rentrée des chasseurs risque dans les mois qui viennent de ne pas être un long fleuve tranquille, même avec un bon réseau d’influence mené la fleur au fusil par le lobbyiste Thierry Coste, porte-flingue de la chasse, qui murmure aux oreilles des responsables depuis des décennies dans le marigot politique, droite et gauche confondues. Car qu’on le veuille ou non, les responsables politiques ne peuvent plus ignorer longtemps, désormais, les voix d’une opinion publique qui veut aussi être entendue dans le dossier « chasse » et bien être animal en général, et surtout contre les chasses traditionnelles, la chasse à courre (seulement 10.000 pratiquants en France), et la très controversée vènerie sous terre (massacre orchestré des blaireaux et des renards). L’opinion publique, sur ces sujets, est aujourd’hui un électorat aussi puissant, pour ne pas dire plus nombreux, que les chasseurs, dont le nombre est en baisse permanente et inquiétante pour la Fédération des chasseurs de France… Et comme dirait Thierry Coste : « En politique, il faut viser juste. » Ça pourrait bien arriver plus tôt que le mercenaire des chasseurs ne le croit... Car pour les responsables politiques, mieux vaut au bon moment, et surtout avant qu'il ne soit trop tard, comme par exemple pour des élections capitales...
↓ À chaque élection, les chasseurs sont dans le viseur des candidats. C'est un électorat courtisé pendant les campagnes électorales, mais dont les voix sont comme les oiseaux : volatiles. En 2017, Emmanuel Macron s'était affiché avec Willy Schraen, le président de la Fédération nationale des chasseurs et avec Thierry Coste, le mercenaire lobbyiste de la chasse. Xavier Bertrand et ses promesses clientélistes est entré dans la danse...
↓ Les chasseurs règnent en maîtres sur la campagne française et ont leurs entrées à l'Élysée, notamment leur président Willy Schraen, qui en joue, et pas toujours finement... "Complément d'enquête" s'est penché sur les têtes pensantes de la Fédération nationale des chasseurs, 1,2 million d’adhérents et son lobbying mené par leur porte-flingue : Thierry Coste.
↓ Thierry Coste minaude dans le marigot politique, depuis des décennies, droite et gauche confondues...
↓ Chasseurs, autoproclamés "Premiers écologistes de France", un slogan qui fait polémique, tout autant que le recrutement en 2020 par Willy Schraen de l'influenceuse Johanna Clermont, pour se pavaner en pub et sur les médias la fleur au fusil, et tenter de convertir la jeunesse à la chasse... Une nouvelle campagne de Com' qui, comme celle déjà des dits "Premiers écologistes de France", a déclenché une franche rigolade sur les réseaux sociaux...
↓ La sénatrice Laurence Rossignol, en 2019, s'est de nouveau élevée au Sénat (avec également de nombreux collègues) contre la chasse à courre et ses pratiques : "La population prend la défense des animaux !".