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Billet de blog 6 juin 2022

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« Que faire des réfugiés », ou comment se refiler la patate chaude ?

Suite au démantèlement du camp du Cheval Noir à Pantin, il y a un mois, quelques dizaines de personnes réfugiées cherchent des abris dans des conditions précaires. La solidarité s'organise. Mais quel est le rôle des pouvoirs publics ?

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Le 11 mai au matin, la préfecture ordonnait le démantèlement d'un camp de réfugiés dit du Cheval noir. 300 personnes avaient été emmenées, avec le soutien tactique de la mairie de pantin. Après quelques jours de "mise à l'abri" — qui consistait surtout à les emmener dans des centres en régions ou à contrôler leurs statuts administratifs — des dizaines d'entre elles et eux ont été relâchées, abandonnées devrait-on dire, dans les environs de Pantin. Depuis, les autorités exercent leur scandaleuse politique anti-migratoire.

Ballotés des quais du canal au parc de la bergère à Bobigny, traqués par les flics ou les agents de sécurités des jardins, ils sont toujours en quête de protection, d'un toit, de nourriture quotidienne, de soins, de soutien moral. Actuellement un groupe s'est regroupé dans un camp en bordure du périphérique, porte de Pantin. La vie s'organise, dans la plus grande précarité, dans ce camp dit de "La Marseillaise".

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Ils et elles viennent majoritairement d'Afghanistan mais aussi d'Iran, de Syrie, du Maroc et de plusieurs pays d'Europe — des hommes surtout, et aussi quelques femmes et quelques enfants. Mais quels que soient les pays où ils ont grandi et les continents qu'ils ont parcourus, ils vivent maintenant sous des tentes, sous la chaleur écrasante ou la pluie torrentielle, dans les hautes herbes où se planquent les rats, au pied du périph. Un avantage à cela ? c'est d'être rassemblé.e.s, mieux visibles et peut-être mieux organisé.e.s. Les autorités vont-elles enfin réagir autrement que par la force ?

En attendant, la solidarité est là, surprenante. Ce sont les réfugiés qui organisent l'accueil des nouveaux venus, qui prêtent des tentes aux plus précaires. Ce sont des militant.e.s qui apportent des vivres et tentent des formes de soutien psychologique ; des membres de groupes informels qui accueillent les réfugié.e.s, qui les accompagnent dans leurs démarches et font des lessives ; des habitants, parfois venus de banlieues éloignées avec des dizaines de repas - comme ces gens de Rosny-sous-Bois venus spontanément ce dimanche soir. Ce sont enfin les personnes réfugiées, elles-mêmes, qui tentent parfois de remonter le moral des habitant.e.s les plus impliqué.e.s. Et on découvre que les gens ne baissent pas les bras, qu'ils sont nombreux à manifester et à agir, sans le moindre cadre officiel, juste "parce qu'il faut le faire". Mais que faire quand les pouvoirs publics n'assurent pas leurs responsabilités en matière de droits fondamentaux ?

D'urgence, la mise à l'abri est indispensable. D'urgence, un accueil digne, l'accès au soin, le droit à l'emploi. Et à court terme, l'abandon des procédures "Dublin", et l'obtention du statut de réfugiés — puisque dans les faits, ils et elles sont réfugié.e.s ! Il faut maintenant que les mairies cessent de se défausser sur l’État. Qu'enfin les villes de Paris, de Pantin et alentours, et l’État et les départements assurent leurs missions. Pour rappel, il y a 400.000 logements inhabités, dont plus de 100.000 rien qu’à Paris, selon le ministère du logement. (Et on ne parle pas des logements de particuliers mais uniquement des entreprises et des administrations). Largement de quoi répondre aux urgences. La France investit des milliards dans l'armement, dans le contrôle aux frontières, dans la défiscalisation des entreprises du Cac40, et dans le financement d'énergies carbonées polluantes. Bon. Maintenant il suffit d'utiliser ce fric à bon escient. Alors, qu'est-ce qu'on attend ?

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