Rédigée par les Collectifs de solidarité avec Pinar Selek et publiée initialement dans Libération, une Lettre ouverte à Emmanuel Macron demande que la France apporte son « soutien ferme et inconditionnel » à la sociologue persécutée par le pouvoir turc. Parmi les premiers signataires le journaliste Edwy Plenel, des personnalités du monde politique (Julien Bayou, Elsa Faucillon, Olivier Faure, Mathilde Panot, Sandra Regol), de la culture (Annie Ernaux, Ariane Ascaride, Robert Guédiguian, Valérie Manteau …), des chercheur·es et des intellectuel·les engagé·es (Etienne Balibar, Ludivine Bantigny, Judith Butler, Claude Calame, Laurence De Cock, Eric Fassin …), des avocats (Arié Alimi, Henri Braun, Patrick Baudouin, président de la LDH…), des présidents d’université et des responsables syndicaux (Solidaires, SNESUP et CGT). Un formulaire permet de recueillir de nouvelles signatures. Signez et faites signer cette lettre ouverte. Merci à vous ! Merci pour Pinar Selek.
Pascal Maillard
PS : Pour plus d'informations voir le site dédié à Pinar Selek et cet autre billet. Je signale également une tribune signée par des chercheur.es en sciences sociales parue dans Le Monde. Je rappelle enfin le lien vers une cagnotte qui doit permettre de financer les frais d'avocat et les déplacements en Turquie pour soutenir et défendre Pinar Selek.
LETTRE OUVERTE
À M. Emmanuel Macron, Président de la République Française,
Copie : Mme Élisabeth Borne, Première ministre
Copie : Mme Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des affaires étrangères
Copie : Mme Laurence Boone, secrétaire d’État chargée de l’Europe
Copie : M. Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur et des outre-mer
Copie : Mme Sylvie Retailleau, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche
Copie : Mmes et MM. les président·es de groupes à l'Assemblée nationale
Lyon, le 12 juillet 2022
Objet : Quatrième annulation de l’acquittement de Pinar Selek par la Cour suprême de Turquie le 21 juin 2022 et réaction de la France
Monsieur le Président de la République,
Au cours des dernières années, nous avons été amenés à échanger à plusieurs reprises avec vous et avec des membres de vos gouvernements successifs au sujet de la situation de Pinar Selek et de l’indispensable mobilisation de l’État français pour assurer la sécurité de notre concitoyenne eu égard à la persécution judiciaire dont elle est victime en Turquie, son pays d’origine.
Ainsi, répondant à notre sollicitation, vous nous écriviez le 16 janvier 2018 que vous entreteniez « avec la Turquie un dialogue soutenu et exigeant sur la question des Droits de l’Homme », et que « la Turquie [devait] respecter ses engagements européens et internationaux en matière de libertés fondamentales ».
Aujourd’hui, la situation de Madame Pinar Selek a brutalement évolué depuis l’annonce par la Cour suprême de Turquie mardi 21 juin 2022 de l’annulation de son acquittement, en dépit d’un dossier judiciaire vide et des quatre audiences qui après un examen des faits ont conduit, au fil de 24 ans de procédure, à ce que soit à chaque fois reconnue son innocence. Outre la gravité de la nouvelle injonction de la Cour Suprême de Turquie, qui au mépris de la réalité des faits exige que Pinar Seleksoit condamnée, ce sont également des demandes de dommages et intérêts qui risquent à présent de s’abattre sur Pinar Selek et de faire peser sur elle et sa famille une pression financière inouïe.
Nous nous permettons de rappeler que Pinar Selek a bénéficié de l’asile politique dans notre pays, qu’elle a ensuite acquis la nationalité française et qu’elle est aujourd’hui enseignante-chercheure à Université Côte d’Azur. Femme engagée, sociologue reconnue et écrivaine talentueuse, Pinar Selek est une grande figure de la défense de la liberté, de la recherche et des Droits humains. Nous croyons qu’elle mérite la reconnaissance et le soutien de la République.
C’est pourquoi nous attirons votre attention sur l’urgence qu’il y aurait à ce que la France rappelle publiquement son soutien ferme et inconditionnel à notre compatriote et proteste auprès de la Turquie contre cette décision, qui traduit un harcèlement judiciaire hors du commun, une torture institutionnelle insupportable, et une atteinte au droit de Pinar Selek à être jugée de manière équitable, par un juge indépendant et impartial dans un délai raisonnable. Nous estimons enfin essentiel que votre gouvernement mette tout en œuvre pour assurer la protection nécessaire de notre ressortissante face aux conséquences de cette décision de justice, en particulier sur la sécurité et les biens de Pinar Selek.
Nous sommes convaincus, Monsieur le Président de la République, que vous serez sensible à la situation de Pinar Selek et que vous agirez à la mesure de l'urgence.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de toute notre considération.
La coordination nationale des collectifs de solidarité avec Pinar Selek
50 premiers signataires :
- Arié Alimi, avocat
- Ariane Ascaride, comédienne
- Rusen Aytaç, avocate, membre du Conseil national des barreaux
- Etienne Balibar, professeur émérite, Université de Paris-Nanterre
- Ludivine Bantigny, universitaire, historienne
- Jeanne Barseghian, Maire de Strasbourg
- Zerrin Bataray, avocate, conseillère régionale Auvergne Rhône-Alpes
- Patrick Baudouin, avocat, président de la Ligue des droits de l’Homme
- Julien Bayou, député, président du groupe Écologiste-NUPES à l’Assemblée Nationale
- Alain Beretz, ancien président de l’Université de Strasbourg
- Oristelle Bonis , éditrice en chef, Éditions iXe
- Henri Braun, avocat au Barreau de Paris
- Jeanick Brisswalter, président Université Côte d'Azur
- Christine Buisson, chercheuse, co-secrétaire nationale de Sud Recherche EPST Solidaires
- Judith Butler, Maxine Eliot Professor of Comparative Literature and Critical Theory, University of California, Berkeley
- Claude Calame, historien et anthropologue, directeur d’études à l’EHESS, Président de la Section EHESS de la LDH
- Gérard Chaliand, écrivain
- Fabien Charreton, libraire
- Laurence De Cock, historienne, LDH
- Michel Deneken, président de l’Université de Strasbourg
- Jean-Pierre Djukic, Directeur de recherche, Université de Strasbourg
- Simon Duteil et Murielle Guilbert, délégués généraux de l’Union syndicale Solidaires
- Annie Ernaux, écrivaine
- Eric Fassin, sociologue, Paris 8
- Elsa Faucillon, députée, Gauche démocrate et républicaine-NUPES
- Olivier Faure, député de Seine-et-Marne – Premier secrétaire du Parti socialiste
- Robert Guédiguian, réalisateur
- Jacqueline Heinen, professeure émérite de sociologie, UVSQ Paris-Saclay
- Béatrice Hibou, politiste, directrice de recherche, Sciences Po, CERI, CNRS
- Ahmet Insel, économiste, ancien professeur de l'Université Galatasaray
- Henri Leclerc, avocat honoraire, Président d’Honneur de la Ligue des droits de l’Homme
- Marie Lesclingand, directrice du département de sociologie-démographie de l’Université Côte d’Azur
- Valérie Manteau, écrivaine, prix Renaudot 2018
- Sylvie Monchatre, sociologue, professeure, Université Lumière Lyon 2
- Rina Nissim, écrivaine, éditrice et naturopathe
- Mathilde Panot, députée, présidente du groupe LFI-NUPES à l’Assemblée Nationale
- Marie-Aimée Peyron, avocate, Ancienne Bâtonnière de Paris, vice-Présidente du Conseil national des barreaux
- Jean-François Pinton, président de l’ENS de Lyon
- Edwy Plenel, journaliste
- Martin Pradel, avocat, membre du Conseil national des barreaux
- Reine Prat, autrice, ancienne haute fonctionnaire au ministère de la Culture
- Sandra Regol, députée écologiste-NUPES
- Anne Roger, secrétaire générale du SNESUP-FSU
- Marie Rodriguez, LDH de Marseille
- Laurence Roques, avocate, présidente de la commission Libertés droits de l’Homme du Conseil national des barreaux
- Gaëlle Ronsin, directrice de publication de la revue Silence
- Réjane Sénac, directrice de recherche au CNRS
- Josiane Tack et Patrick Boumier, co-secrétaires généraux du SNTRS-CGT
Pour signer la Lettre, c'est ICI.
Mise à jour du 23 juillet : 520 nouveaux signataires consultables ICI. Prochaine mise à jour le 1er septembre. Si vous avez signé et si vous n'êtes pas encore sur la liste, merci de patienter jusqu'à la prochaine mise à jour.