(*) Association Havraise de Solidarité et d’Échanges avec Tous les Immigrés
C'est ce billet de Médecins sans Frontières La France, entre accueil des réfugiés et logique de tri qui m'a "autorisée" à relayer ici le plaidoyer du "Mouvement d’Éveil pour la Régularisation au Havre" : " [...] Félicitons-nous sans réserve de cet élan de solidarité.[...] Il y a pourtant de l’indécence dans ce sursaut, lorsqu’on sait toute l’hostilité dont ces mêmes dirigeants font preuve depuis si longtemps à l’égard des populations exilées. Interrogeons-nous surtout sur les ressorts et les manifestations de ce revirement, la mesure de « protection subsidiaire » n’ayant pour ne prendre que cet exemple jamais été déclenchée pour les populations déplacées à l’occasion de la guerre en Syrie ou du multi-décennal conflit afghan.[...]". Les femmes afghanes étaient certaines d'être rapidement oubliées. Elles l'ont été.
Autorisée ... parce que pouvais-je, devant les images, les cris et les larmes nous parvenant d'Ukraine, m'émouvoir de ces oublis ? Et du fait que 'Europe utilise pour la première fois le "statut de protection temporaire" découlant d'une directive européenne de 2001 (... 21 ans ...) Note de la Fédération des Acteurs de la Solidarité, 8 mars 2022
Voici ce que nous écrivent les Sans-Papiers :
"Plaidoyer de sans-papiers du Havre
Les situations politiques et socio-culturelles qui prévalent dans nos pays respectifs, nous ont contraint de quitter ces derniers pour pouvoir nous réfugier en France
Vous êtes sans ignorer que certains résidents parmi nous vivaient décemment et assumaient leurs responsabilités chacun dans son pays d’origine en bon père de famille, malgré qu'on se retrouve ici en France par contraintes des événements que nous ne pouvons détailler ici.
Chacun de nous a exposé son problème auprès des autorités compétentes pour régulariser sa situation administrative.
Nous nous sommes rapprochées des associations afin qu'elles nous assistent tant soit peu sur certaines démarches administratives mais aucun dossier n'a abouti jusqu’ici.
Ces démarches devaient en principe nous permettre d'obtenir un titre de séjour pouvant nous donner l’accès au marché du travail, malheureusement, nombreux d'entre nous ont été déboutés de ce droit.
En effet, logés au phare et ailleurs nous sommes dans le profond regret de constater la négligence ou le déni de traiter nos dossiers par les autorités préfectorales. C’est pour cela que nous sollicitons l’implication des associations réellement éprises par l’humanisme afin de faire un plaidoyer conséquent aux instances habilitées pour la régularisation de notre situation.
Effectivement nous avons fait des nombreux recours administratifs pour régulariser nos situations administratives mais cela fut en vain.
Pourtant la majorité d'entre nous vivent en France depuis plus de 3 à 9 ans.
Nous avons parmi nous des familles ayant des enfants scolarisés à l'école de la République Française dont les parents ne possèdent pas de titres de séjours.
II convient de signaler le fait que nous avons de différents des cas dans notre foyer que nous épinglons quelques-uns comme suit :
Les familles (père, mère, enfants) ainsi que les personnes seules, (individuel)
S’agissant de point A, plus de cinq ans sur le territoire Français avec enfants nés ici qui sont scolarisés au CP, CE2 mais dont les parents n’ont même pas de récépissés avec autorisation de travail enfin de prendre décemment charge de leurs enfants parce que les autorités préfectorales n’en veulent pas. Plus tristement grave, les obligations de quitter le territoire. OQTF en sigle qui du reste tombées caduques largement plus de 12 mois leur ont été notifiées.
Comment voulez-vous qu’un enfant puisse s'épanouir complètement quand ses parents doivent faire l'aumône pour le nourrir ?
Quel résultat voulons-nous obtenir d'un tel enfant ? Mais curieusement, malgré cela, ce sont les mêmes enfants qui s'appliquent avec brio aux écoles.
S’agissant des personnes seules B. tous plus de cinq ans. Pour certains les OQTF ont été expirées plus de trois ans. D’autres avaient des papiers et ont été formées mais curieusement sont bloquées tout de même faute de régularisation.
Nous estimons que ce pouvoir discrétionnaire du préfet de la seine maritime ne permet aucunement la considération de l’humain que nous sommes.
Contre toute attente, nous apprenons de bouche à l’oreille que la même autorité décide de notre délogement du PHARE où nous sommes logés dans un cadre purement humanitaire, il n’y a pas un communiqué officiel quant à ce.
En fait, nous nous demandons quel mal avons-nous fait pour mériter la foudre du Monsieur le Préfet (la préfète) ?
Sommes-nous dans le pays des droits de l’Homme !
Intégrés dans des associations et autres, nous avons des compétences dans différents domaines mais nous n’avons pas droit à avoir ne fut-ce qu’un récépissé avec autorisation d’occuper un emploi afin de mettre en pratique nos capacités.
ll ne s’agit pas en l'espèce d’une obligation mais d’une sollicitation du sens élevé d’humanisme des autorités préfectorales. Si on étudie nos situations, beaucoup de dossiers ne resteraient pas sans suite. Longtemps sans réponse.
Nous vous remercions de l’accompagnement et diligence que vous réserverez à la présente demande.
Sentiment de détresse !"
OQTF : Obligation de Quitter le Territoire Français
L'AHSETI mobilise par ailleurs également syndicats, associations et militants sur le sujet suivant :
" A notre connaissance, plus d'une quinzaine d'enfants ou d'adolescents scolarisés au Havre se retrouvent sans toit après l'expulsion des familles déboutées du Droit d'Asile qui résidaient dans des Foyers. Nous ne pouvons rester indifférents à ces situations indignes, d'autant plus que de nombreuses familles en attente d'une réponse administrative risquent d'être traitées de la même façon sous peu.
Nous vous proposons de nous rencontrer le mercredi 23 mars à [...] pour recueillir les informations que vous pouvez avoir et réfléchir ensemble à des actions et à des solutions. Cette réunion concerne les enseignants, les familles concernées et tous les soutiens potentiels. Merci de relayer cet appel ( en particulier aux enseignants ...)"
Des images, des cris et des larmes, ici dans notre pays, évitables.