Certes le SNES, syndicat majoritaire chez les enseignants du second degré ( collèges et lycées), appelle à la grève du 5 Décembre. Et il commence à envoyer des emails via les adresses académiques des enseignants, comme le font tous les syndicats. Certes, dans son appel ( email de la FSU-Versailles), il dit : « La retraite par point, c’est de la retraite en moins ! Soyons nombreux à refuser cette perspective d’une paupérisation généralisée. Les personnels de l’Éducation Nationale seront particulièrement lésés en voyant leur pension diminuer drastiquement » et on ne lui en fera pas grief.
Mais pourquoi donc le SNES-Versailles minore-t-il l'ampleur des dégâts quand il ajoute : « de 300 à 800 euros en moins par mois ». Quand on clique sur « lire la suite », on tombe sur une page du site académique du SNES sur lequel on trouve ses chiffres : « 274 à 952 euros par mois ». Ah, ce n'est plus 800, mais 952 de moins....On clique sur le lien suivant « l’analyse et les estimations du SNES-FSU » et on tombe sur le site national du SNES d'où proviennent ces chiffres de 274 et 952.

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Mais de quoi s'aperçoit-on alors ? Que les calculs du SNES concernant la somme de 274 euros de moins par mois s'appuie sur un calcul de la retraite dans l'ancien système d'un enseignant partant après 38 ans de carrière, c'est-à-dire à quelqu'un qui part AVANT d'avoir cotisé 42 ans (ou 43, suivant l'année de naissance) et subissant dès lors une décote de sa retraite de 1,25% par trimestre manquant, soit 5% par an, soit pour 4 ans 20% de décote. Quel est donc le pourcentage d'enseignants arrivant à la retraite actuellement pouvant se permettre de partir avec une pension amputée de 20% : on aimerait bien le savoir – mais le SNES ne le dit pas. On observera juste que le SNES s'appuie sur le cas d'un enseignant partant dans le régime actuel avec une pension de 1912 euros, soit une pension concernant 10% des enseignants pensionnés actuels , ceux qui touchent les pensions les plus basses (2 090 dans le second degré ; 1 846 pour le premier degré, dont d'anciens instituteurs dont la grille n'était pas celle des professeurs des écoles – la pension médiane étant de respectivement 2845 et 2587 euros).
En revanche, le document du SNES précise que « dans le projet par points […],le calcul est effectué sans paramètre lié à l’âge de départ » , autrement dit sans décote...Et voilà comment on peut laisser entendre que le différentiel de pension ne serait « que » de 274 euros...
Car le vrai chiffre, le seul sur lequel il faut se baser parce qu'il énonce une situation générale et claire, c'est celui qui annonce une baisse de 952 euros de pension pour un titulaire professeur certifié ou professeur des écoles ayant cotisé tous ses trimestres ( 43 annuités pour les plus jeunes actuellement), sans décote donc : on passerait donc d'une retraite de 2 885,42 € à une retraite de 1932,64, une chute de 952 euros – chiffre qui confirme approximativement ceux qui avaient été publiés sur ce blog ( si on prend en compte le fait que le SNES suppose des primes de 10%, ce qui, avoue-t-il, est « un taux de primes élevé[qui] correspond par exemple pour un certifié au fait d’avoir une heure supplémentaire et une indemnité de professeur principal sur quasiment toute les années de sa carrière »).

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A quoi joue le SNES ? La pension médiane actuelle des enseignants du second degré dont ce syndicat est censé défendre les intérêt est de 2845 euros, soit conforme au modèle fait par le SNES pour 43 annuités. C'est donc bien à une perte de 952 euros et plus pour la moitié des enseignants, ceux qui ont une carrière complète dans l'Education Nationale, qui est en vue.
Et c'est sur ce constat qu'il faut se battre pour repousser la retraite par points ( à moins d'une augmentation de 30% des salaires) : dès lors, rien n'est négociable. Il faut se battre, en étant clairement conscients des enjeux – l'impérieuse nécessité de repousser, sans négociations, le projet de retraites par points. Se battre et appeler à se battre - sans atermoiements. Le SNES l'a-t-il compris - et veut-il que les enseignants aient une claire conscience des enjeux... On peut se demander...