- Il sollicite les suffrages pour diriger les affaires publiques et demande ensuite aux électeurs de régler le problème qu'il prétendait résoudre en concluant ses voeux par une apostrophe culpabilisante qu'il copie d'un président US.
- Le respect de la théorie générale du droit est une option comme l'était le programme lors de la campagne, qu'il ne cesse pourtant pas d'invoquer maintenant.
- Il se prend pour un certain nombre de personnages mais rejette celui du Père du Noël. Pas de bol.
- Il dit une chose mais demande à ce qu'il soit fait le contraire dans le secret des cabinets (lire " La Mare aux Canards "page 2 dans le Canard enchaîné tous les mercredis).
- Il s'inquiète de la santé des milliardaires et des funérailles de célébrités dans les paradis fiscaux, inaugurant le concept d'évasion fiscale post-mortem, tout en exprimant son agacement à l'égard des personnes modestes qui ne sont "rien" ou des "fainéants".
- Il ne veut plus que les médailles soient distribuées à tort et à travers mais communique quand il en décerne une à un civil.
- Sa parole est complexe et rare mais il la réserve à des animateurs de chaînes privées qui remplissent des slips de nouilles ou pour des entretiens dont l'indigence intellectuelle (1) rabaisse le service public - qu'il dénigre à tort - au niveau du secteur privé.
- Il prétend faire la révolution mais ce ne sont que régression. Ses réformes sont régrolution et rétrolution
- ...
L'accumulation des contradictions montre la superficialité du marketing politique français usant d'artifices pour une propagande paradoxale et hyperbolique. Ainsi, par exemple, des réfugiés dont le président promet à Orléans en juillet qu'il n'y en aura plus un dans la rue et dont il charge son ministre de l'intérieur à prendre en décembre des circulaires pour aboutir à l'inverse, au mépris du droit.
Il y a une fatalité française à ne pas être capable d'élire des dirigeants raisonnables - l'intelligence n'est pas synonyme de raison - et sérieux (2).
Cela montre l'urgence d'affirmer une presse insolente et exigeante pour la qualité démocratique des élections ; une presse refusant de se laisser compromettre à la fonction d’échotier complaisant du double-langage mystificateur évident qui s'exprime très clairement « en même temps ».
La qualité d'une élection repose avant tout sur une information suivie de l'état du pays, par des tableaux de bord synthétisant les données disponibles ici, Ce préalable indispensable est nécessaire pour critiquer et apprécier la pertinence des programmes à faire progresser le bien-être général. La campagne n'aborde pas l'état réel et détaillé du pays et se concentre sur les personnes.
La politique n'est pas une course de chevaux. C'est la qualité des idées qui fait la démocratie où l'important est de mettre l'ensemble des électeurs dans la capacité d'exprimer un choix éclairé. Cela n'a pas été le cas lors des campagnes électorales de 2017. Le niveau d'abstention signale le nombre d'électeurs ayant le sentiment d'être moqués.
Peut-on espérer que, dès 2018, la chronique politique s'émancipe de sa conception turfiste à traiter du personnage pour s'appliquer à critiquer le fond et exiger des réponses de qualité conformes aux attentes des électeurs ? Cameron et le Royaume-Uni l'ont trop négligé lors du débat sur le Brexit.
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(1) Le commentaire ironique sur Twitter du journaliste Michel Rose de l’agence Reuters à propos de la pantalonnade macronienne à laquelle s’est prêté Laurent Delahousse et qu’a programmé la direction de France télévision ("La question sur le sapin fut l'une des questions les plus percutantes. Le journalisme déférent français à son pire") ne fait que reprendre les critiques d’Eva Joly déplorant l'inertie d'une presse aux ordres lors de l'émission "Des paroles et des actes" : "Je me sens investie de dire dans ce pays ce qu'on ne dit parce que nous avons le culte du secret, on oublie et on continue ; on a aussi un très fort loyalisme envers le pouvoir en place."
(2) New York Times : "Emmanuel Macron sera encore un autre président raté"