Cette phrase est extraite d’un documentaire qui doit être diffusé lundi soir. Le président la met en regard des « valeurs » pour lesquelles le colonel Beltrame est mort lors des attentats de Trèbes.
La phrase risque de ne pas passer inaperçue, alors qu’Emmanuel Macron achève sa première année à l’Elysée. Dans un documentaire qui doit être diffusé lundi 7 mai au soir sur France 3 (Emmanuel Macron, la fin de l’innocence, réalisé par Bertrand Delais), le chef de l’Etat critique « ceux qui pensent que le summum de la lutte, c’est les 50 euros d’APL », et les met en regard des « valeurs » pour lesquelles le colonel Beltrame est mort lors des attentats de Trèbes.
Voici ce qu’il déclare, dans un extrait du documentaire diffusé sur France Inter :
« Le colonel Beltrame est mort(*, **) parce que la France, ce sont des idées, des valeurs, quelque chose d’une guerre qui le dépasse. Les gens qui pensent que la France, c’est une espèce de syndic de copropriété où il faudrait défendre un modèle social qui ne sale plus (…) » et où l’« on invoque la tragédie dès qu’il faut réformer ceci ou cela, et qui pensent que le summum de la lutte c’est les 50 euros d’APL, ces gens-là ne savent pas ce que c’est que l’histoire de notre pays ».
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« L’histoire de notre pays, c’est une histoire d’absolu, c’est un amour de la liberté au-delà de tout, c’est une volonté de l’égalité réelle », ajoute le président de la République.
Méprisant et indigne pour Alexis Corbière
« Emmanuel Macron méprise les gens qui se sont indignés pour la baisse des APL. C’est petit et indigne de sa fonction. La France, c’est une France sociale et républicaine », a d’ores et déjà réagi le député de La France insoumise Alexis Corbière sur Twitter.
La baisse à l’automne dernier des aides personnalisées au logement (APL), de 5 euros mensuels pour 6,5 millions de ménages bénéficiaires, sans distinction, avait été vivement critiquée par les ONG de défense des mal-logés, les bailleurs sociaux et certains syndicats.
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Le premier ministre, Edouard Philippe, avait qualifié de « pas intelligent » ce coup de rabot, qui représente une économie mensuelle de 32,5 millions d’euros pour l’Etat. Mais il l’avait justifié par la nécessité de réaliser les économies prévues dans le budget 2017 par la majorité précédente. Un argument repris par Richard Ferrand, chef de file des députés de La République en marche (LRM), lundi sur France Inter, pour qui la mesure était donc « une connerie inévitable ».
Dimanche, le secrétaire d’Etat à la cohésion des territoires, Julien Denormandie, a reconnu sur France 3 que cette baisse avait été une « mauvaise décision ». « Nous avons corrigé la chose, nous avons lancé une réforme de fond sur le logement social qui fait que demain, il n’y aura plus aucun perdant aux APL », a-t-il ajouté.
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Macron : une collusion manifeste entre pouvoirs publics et grands intérêts privés
7 mai 2018 Par ATTAC FRANCE
Plus qu’aucun autre auparavant, le gouvernement mis en place par Emmanuel Macron incarne la porosité entre les plus hautes sphères de l’Etat et les intérêts des grands groupes privés. A commencer par le cas d’Edouard Philippe, ancien d’Areva, ou celui de son directeur de cabinet, venu de l’industrie pétrolière et gazière.
Quand il était ministre de l'Economie entre 2014 et 2016, Emmanuel Macron s'était vite distingué (...). Des ouvrières « illettrées » de l'entreprise GAD à « la meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler », il avait multiplié les phrases chocs.(...) depuis Athènes, il a demandé aux représentants de la communauté française à qui il s'adressait de ne « rien céder aux fainéants, aux cyniques et aux extrêmes ».
« Les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien »
Un manque de proximité avec les Français
"Je dirai que c'est une communication très maîtrisée, mais une communication qui est en distance avec les Français. Il va falloir qu'il devienne à la fois homme d'État et homme du terroir", souligne l'ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, Franck Louvrier. "Et pour être homme du terroir, il faut beaucoup de proximité et ça pour l'instant, on sent qu'il y a un manque très clair de proximité avec les Français". Un lien distant accentué par des images grandioses, symbole du monarque républicain, qui font leur effet à l'étranger.