Patrick Cahez (avatar)

Patrick Cahez

Ligue des droits humains et Amnesty international Bruxelles ; MRAP Dunkerque ; SUD intérieur et Observatoire du stress de France Télécom Paris

Abonné·e de Mediapart

297 Billets

2 Éditions

Billet de blog 11 mai 2023

Patrick Cahez (avatar)

Patrick Cahez

Ligue des droits humains et Amnesty international Bruxelles ; MRAP Dunkerque ; SUD intérieur et Observatoire du stress de France Télécom Paris

Abonné·e de Mediapart

Saint-Brévin Les Pins : Qu'a fait le procureur de la République de Saint Nazaire ?

Le maire de la commune de Saint Brévin les Pins est victime d'un incendie criminel menaçant sa vie et celle de sa famille. C'est une infraction criminelle, voire deux, qui imposent l'ouverture d'une instruction. Au-delà du silence de l'exécutif si prompt à dénoncer les casserolades et persécuter les manifestants, la presse ne dit rien sur l'action de la justice contre ces crimes.

Patrick Cahez (avatar)

Patrick Cahez

Ligue des droits humains et Amnesty international Bruxelles ; MRAP Dunkerque ; SUD intérieur et Observatoire du stress de France Télécom Paris

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La discrimination politique est telle qu'elle alimente dramatiquement les faits divers. Il est d'ailleurs étonnant qu'un tel fait divers fasse l'objet d'une telle discrétion des médias, si rapide à s'emballer, sur des rumeurs.

Un incendie menaçant la vie de personnes est une infraction criminelle.

C'est la cour d'assises : vingt ans de réclusion criminelle et de 150 000 euros d'amende (article 322-8 du Code pénal ) ; si les réquisitions d'ouverture de l'instruction ne visent pas en plus la tentative d'assassinats, qui porte la peine à la réclusion criminelle à perpétuité.

Les faits permettent de suspecter une infraction préméditée, en bande organisée, de nuit contre une maison où dormaient le maire et les membres de sa famille.

Le code de procédure pénale impose l'ouverture d'une instruction et d'y mettre les moyens.

Les auteurs devraient déjà être identifiés puisque la dépêche cite un des instigateurs. Il serait déjà derrière les barreaux s'il était de gauche et suspecté d'avoir écrit un livre...

L'absence d'information sur l'enquête, de prise de parole de l'exécutif, de condamnation depuis l'incendie, le 22 mars 2023 (près de deux mois), contrastent avec la diligence et le luxe de moyens mis en oeuvre par les procureurs, la police, la gendarmerie et les préfets dans la persécution institutionnelle pour faire échec à la liberté d'expression et le droit de manifester - un droit humain et un droit constitutionnel, deux droits fondamentaux - des manifestants, des syndicalistes, des journalistes, des avocats, des éditeurs...

Apparemment, rien ne se passe et rien ne se passera ; puisque le maire a écrit au préfet qu'il souhaitait démissionner et quitter sa commune en considération du peu de soutien de l'Etat : « J’ai pris cette décision pour des raisons personnelles, notamment suite à l’incendie criminel perpétré à mon domicile et au manque de soutien de l’État et après une longue réflexion menée avec ma famille ».

Apprenant cela, des députés se sont levés pour rendre hommage au maire de Saint-Brévin-les-Pins, à l'exception des élus du rassemblement national qui sont restés assis. Ils cautionnent ainsi officiellement et publiquement l'attentat contre le maire de Saint Brévin les Pins... Aucun journaliste ne leur a demandé s'ils condamnaient cette violence ?

On n'a pas beaucoup entendu non plus Monsieur Yannick Haury, le député de la circonscription où se situe Saint Brévin les Pins. Il fait partie de la majorité qui prépare une nouvelle loi contre l'immigration. Ceci explique-t-il cela ?

L'absence de réaction judiciaire et politique ou d'annonce à l'attentat contre le maire de Saint Brévin les Pins interroge sur l'inertie à prévenir et sanctionner la criminalité politique d'extrême-droite, autorisée à manifester à travers Paris par un préfet de police qui, en revanche, interdit la distribution de tracts syndicaux, comme d'autres interdisent les casseroles.

Et Emmanuel Macron, qui persiste à ignorer et réprime à tout-va la contestation sociale, d'oser continuer à amalgamer le RN avec la NUPES.

Il avait aussitôt appelé Eric Zemmour pour le réconforter. Cela n'a pas été le cas pour le maire de Saint Brévin les Pins. L'humanisme de ce dernier contrarierait-il son traitement utilitariste des étrangers ? Cela s'ajoute à l'ambiguïté politique d'Emmanuel Macron dont l'action se limite aux annonces, à de la rhétorique, que viennent ensuite démentir les faits. Il a publié un tweet aujourd'hui, maintenant que le maire démissionne, sentant le scandale enfler (?), comme un repentir tardif...

Judith Bernard a raison d'exprimer son ras-le-bol de la vacuité démocratique des propos du président : " Je ne veux plus rien savoir de ce que déclare Emmanuel Macron ".

nb : L'article 68 de la constitution donne le pouvoir aux parlementaires - qui se plaignent de l'autoritarisme - de destituer le président de la République, et son modèle jetable de start-up nation et d'influenceurs, Allô, quoi ?

_____________

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-11-mai-2023-2106132

A la deuxième minute du podcast :

Question : "Yannick Morez a écrit à Olivier Veran pour se plaindre du manque de soutien de l’État, du manque de protection. Vous l'avez laissé tout seul ?"

Réponse d'Aurore Berger : "Je ne connais évidemment pas malheureusement ce maire, cet ancien maire et si jamais il y a eu des manquements évidement on saura exactement et précisément ce qui s'est passé et il faut impérativement que nos préfets soient en soutien de nos élus"

La députée compare ensuite l'incendie du domicile du maire de Saint Brévin les Pins avec la contestation de la réforme des retraites. Elle refuse de condamner le comportement des députés du RN qui sont restés assis au moment de l'hommage au maire victime de l'extrême-droite.

Mise à jour :

À Saint-Brevin-les-Pins, la démission d’un maire lâché par l’État

Menacé par l’extrême droite en raison de sa politique d’accueil des réfugiés, Yannick Morez a fini par démissionner mercredi. Il veut quitter la ville. En cause, notamment : l’inertie de l’exécutif et la responsabilité de Gérald Darmanin. Le ministre était alerté depuis des semaines. Par Nejma Brahim et Ilyes Ramdani le 11 mai 2023

L’extrême droite godille, la majorité rame

par Pauline Graulle et Christophe Gueugneau

Laure-Line Inderbitzin, élue à Callac : « On se doit de ne pas plier, jamais »

par La rédaction de Mediapart

Prolonger :

Réfugiés : cible de l’extrême droite, le maire de Saint-Brevin-les-Pins démissionne

Après une vague de dissolutions, l’ultradroite se regroupe

À Saint-Brevin-les-Pins, les réfugiés « font le bonheur » des habitants depuis 2016

Extrême droite : le pouvoir accélère sur le boulevard du pire

L’antisémitisme au cœur des mobilisations contre le « grand remplacement »

Cible de l’extrême droite, le maire de Saint-Brevin victime d’un incendie criminel

À Saint-Brevin, la solidarité avec les réfugiés triomphe des fauteurs de haine

À Callac, comment la solidarité a perdu contre l’extrême droite

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.