Les dépêches de l'AFP manquent totalement de distance critique avec ce qu'elle produit. Cela se limite souvent une simple retransmission du résumé d'une déclaration officielle sans contextualisation ni mise en perspectives.
C'est le cas - encore - pour deux* d'entre elles à propos de la déclaration d'Emmanuel Macron sur les violences sexuelles faîtes aux mineurs.
Cet opportunisme de communication politique renvoie dramatiquement à la superficialité de son engagement sur les violences faîtes aux femmes, dont la sinistralité établit la vacuité et l'indécence des promesses de l'Elysée.
Je souhaiterai que les dépêches de l'AFP soient signées, comme elles le sont normalement.
L'AFP doit cesser d'être réduite à une fonction de boîte aux lettres de l'exécutif et tromper l'opinion en les publiant. En l'état actuel, c'est conférer aux mensonges institutionnels une crédibilité, voire les valider. Une forme de complicité à l'escroquerie intellectuelle qui décrédibilise l'action publique.
Laisser faire cela sur Médiapart est d'autant plus grave que le journal confère à l'AFP un certificat de sérieux en lui permettant de mettre en ligne ses dépêches.
Au-delà du fait que cela risque de préjudicier à la confiance des lecteurs dans Médiapart et la presse, c'est en laissant publier des inepties que se produisent des élections ratées et le désintérêt de l'opinion pour la démocratie.
L'abonnement ne se justifie plus. Le lecteur n'en paye pas un pour lire un travail aussi mauvais et si peu respectueux de sa confiance.
Il serait nécessaire que Médiapart exige de l'AFP que ses dépêches soient signées, comme elle le sont normalement. Cela rendrait le travail de cette agence plus responsable et plus transparent.
Ou alors, pas besoin de trompette de la renommée. Internat permet à chacun de se tenir informé en temps réel de l'actualité et de croiser les sources pour identifier les fake news.
* Les dépêches en question :
- Violences sexuelles sur mineurs: « aucun répit aux agresseurs », assure Macron 23 janvier 2021 Par Agence France-Presse « Vous ne serez plus jamais seules », a déclaré samedi Emmanuel Macron aux victimes des violences sexuelles sur mineurs, en promettant dans une vidéo et une série de tweets de ne laisser « aucun répit aux agresseurs » et d’« adapter notre droit ».
- Macron aux victimes de violences sexuelles : « vous ne serez plus jamais seules » 23 janvier 2021 Par Agence France-Presse Emmanuel Macron a promis samedi aux victimes de violences sexuelles sur mineurs qu’elles ne seraient « plus jamais seules » et annoncé des mesures pour lutter contre ce fléau, au moment où la parole se libère en France avec des milliers de témoignages ces dernières semaines.
Par respect pour les lecteurs de Médiapart, l'AFP aurait pu rappeler que :
Emmanuel Macron s'était aussi engagé en début de mandat à faire de la lutte contre les violences faîtes aux femmes la priorité du quinquennat :
Discours à l’occasion de la Journée de lutte contre les violences faites aux femmes
Les femmes victimes de violences sont toujours aussi nombreuses et abandonnées. Marlène Schiappa s'y est notamment illustrée par son (in)action bavarde :
Violences conjugales : Marlène Schiappa est "complètement à côté de la question"
Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, est " complètement à côté de la question " avec son Grenelle organisé en septembre, a estimé Luc Frémiot, ancien procureur de la République de Douai, sur franceinfo mercredi 7 août.
Quant au Droit, à l'opposé des engagements passés comme du présent, il signale une régression qui contredit les promesses de l'exécutif :
Violences au sein de la famille : un recul stupéfiant des droits des victimes
La lutte contre les violences faites aux femmes (et plus généralement les violences intrafamiliales) vient de vivre un recul stupéfiant avec la publication au Journal officiel de la République française du 28 mai 2020 du décret n° 2020-636 du 27 mai 2020 - Par Jean-Michel Garry et Aurore Boyard le 05…
Ces quelques lignes montrent à l'évidence que l'AFP, en négligeant la contradiction manifeste qu'apportent les faits aux déclarations de l'exécutif, se réduit plus à une chambre d'écho de la communication institutionnelle qu'elle ne remplit une fonction d'organe de presse, au sens journalistique.
Médiapart perd de sa crédibilité à laisser cela perdurer.