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Billet de blog 15 décembre 2019

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Ferme la f’nêtre qu’on respire un peu…

Imposer des réformes impopulaires dans un pays démocratique… rien de plus facile se disent-ils! Le discours maîtrisé est l’instrument idéal de sujétion des masses. Monsieur Macron en a usé pour conquérir le pouvoir. Il en abuse encore, dans la droite ligne de cette théorie de la «fenêtre d’Overton», manipulation mentale d’une opinion… qui se rebelle!

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il est persuadé de sa propre excellence, il a l’arrogance des princes de la finance, il a le mépris de tout sauf de lui-même, il blesse, il brise, il humilie sans état d’âme, il est dénué d’humanité. L’orgueil démesuré nous dit l’adage est le commencement de toutes nos erreurs et de nos crimes. Lui n’en est pas à ses débuts ...

Il se pose en grand réformateur, en sauveur de la France et de l’Europe, il bouscule les codes, il veut ouvrir toutes les portes et se permet toutes les transgressions au nom de la start-up nation de ses rêves … mais sans réelle vision de la société du futur.

A mi-mandat et toujours cuirassé de contentement, il a bien du mal à digérer l’insulte du peuple objecteur. Un peu d’humilité aurait facilité le transit. Alors il use et abuse du discours dans le but de sauver une image de grand commandeur et de préserver contre vents et marées, une situation quasi-monarchique, poursuivant pour son clan, une œuvre de destruction des biens communs.

Comment a-t-on pu en arriver à cet état de précarisation du plus grand nombre et en même temps d’indécentes fortunes pour une infime minorité ? Comment a-t-on pu laisser ce déliter cet esprit de reconstruction d’une nation qui avait animé le Conseil National de la Résistance au sortir d’un effroyable conflit mondial où l’on s’était juré de faire la paix des peuples et l’éradication de la pauvreté ?

C’est encore la cupidité des hommes et le goût du pouvoir qui ont rongé peu à peu cet idéal.

De tous temps, les comportements des politiciens en charge de gouverner les pays, ont dérivé vers ce choix du contrôle des peuples dans le but non avoué de pérenniser les privilèges de leur caste en position dominante. Pour contraindre, dans les pays qui se disent démocratiques, l’usage de la force a été abandonné ou presque et le discours maîtrisé est devenu l’instrument idéal de sujétion des masses.

Overton

Tous les méandres discursifs et les talents rhétoriques destinés à rendre acceptables des idées jusque là rejetées par une opinion publique rétives à des changements incertains, ont été théorisés par Joseph P. Overton  (1960-2003). Dans le but de nous rendre dociles aux logiques du nouvel ordre mondial, nous subissons aujourd’hui et plus que jamais sous la présidence Macron, ces tentatives de conditionnement de l’opinion avec le soutien zélé des médias et sous l’influence féroce des lobbies. Mais les caves se rebiffent …


La fenêtre d’Overton est une théorie politique qui décrit comment on peut changer la perception de l’opinion publique pour que des idées qui étaient auparavant considérées comme insensées soient acceptées au fil du temps. Cette fenêtre recouvre donc un spectre de concepts qu’un politicien peut proposer sans paraître trop extrême. Il aura évidemment le désir de l’élargir ou la déplacer pour asseoir son pouvoir.

Le cannibalisme, pratique éminemment condamnable, a été donné en exemple pour illustrer comment le fonctionnement de cette fenêtre pouvait le rendre acceptable même dans le cadre d’une démocratie. La politique macronienne ne prétend pas à de telles extrémités … mais s’il poursuit au même rythme les réformes anti-sociales de son quinquennat, on se demande ...

On nous enfume

Le ruissellement, une imposture mondialisée théorisée par quelques économistes en mal de notoriété et mise en œuvre par Ronald Reagan qui affirmait : « Donner les réductions d’impôts aux individus les plus riches et aux plus grandes entreprises, et laisser les bons effets “ruisseler” à travers l’économie pour atteindre tout le monde. » Un tabou est tombé : prendre aux pauvres pour donner aux riches, mais c’est pour la bonne cause … et on y croit !

La fenêtre est grande ouverte, l’argent circule dans le sens voulu par les libéraux. Chapeau les artistes !

On nous enfume encore

Une politique migratoire qui, pour éviter les invasions barbares, impose aux frontières un contrôle drastique de la part de policiers parfois violents et d’une justice zélée aux ordres d’un pouvoir sans empathie. Mais il faut dire, et les médias ne cessent de le répéter, que ces gens là viennent nous prendre nos emplois et manger notre pain. Ils sont nombreux à ne débarquer chez nous que pour faire du tourisme sanitaire et encombrer nos hôpitaux. Le risque est grand également de souillure de notre culture et de perte de notre identité. « Ainsi, la radicalisation des propos de Zemmour, Julie Graziani, Soral et consorts font passer les discours de Marine Le Pen comme d’aimables bluettes que l’on peut afficher dans les dîners en ville sans crainte d’être ostracisés. » nous dit Clément Viktorovitch, docteur en science politique. Les médias en tant qu'acteurs influents de l'opinion publique, sont manifestement un outil efficace de modification de cette fenêtre.

Un glissement prononcé vers l’extrême droite.

Et plus que jamais

Le mépris de la vie des déshérités de la terre et des opposants politiques.

Le corps sans vie du petit Aylan échoué sur une plage avait ému le monde entier. Enfin presque, parce que dans les hautes sphères politiques et économiques l’apitoiement ne s’est pas exprimé avec trop de véhémence. Pour cette oligarchie, les noyés de la Méditerranée ne sont qu’une conséquence regrettable de la nécessité de préserver notre monde d’une néfaste régression entropique où un partage trop prononcé pourrait mettre en péril la nouvelle doxa libérale. Le message est à peu près bien passé dans une population qui endure déjà les méfaits d’une austérité imposée par les mêmes. Et puis tous ces noyés d’une autre couleur, d’une autre culture, on ne les voit pas, ils sont loin de nos jardins, alors tout compte fait, inutile de les compter.

Faut-il accepter sur notre sol que se multiplient dans une infâme indifférence, ces victimes des violences policières et ces suicidés du mal-vivre français, agriculteurs, enseignants, étudiants, policiers, salariés et autres désespérés d’une société qui ne reconnaît plus que le mérite individuel ? Cette coupable froideur des politiciens affichée comme un déni de responsabilité, devient-elle la norme d’une société sans âme et sans idéal ?

La fenêtre qui s’ouvre sur l’ ignominie.

Un gros nuage de pollution très inquiétant

Une démocratie obsolète. Sa conquête fut lourdement payée de leurs vies par nombre de nos ancêtres et son maintien reste un combat de tous les instants. Mais il ne fait aucun doute que les dirigeants de la quasi totalité des pays occidentaux considèrent maintenant la démocratie comme étant un concept obsolète dans « l’art » de gouverner les nations. L’ordolibéralisme qui s’étend insidieusement en est bien le signe. Les intouchables traités européens et nos institutions monarchiques en ont marqué les limites. Dans le contre-langage macronien, et nous le constatons depuis deux ans, avec les gilets jaunes et les manifestations sociales très réprimées, le peuple serait une menace pour la démocratie.

Une fenêtre qui laisse entrevoir une inversion des valeurs.

Toxique

La croissance. Il fut un temps pas si éloigné où nombre d’utopistes éclairés proposaient un monde de partage des richesses et des tâches qu’une semaine de travail de 32 heures aurait suffit à rendre viable et moins conflictuel. Mais le paradigme libéral débridé en a imposé un autre, qui fait fi de la catastrophe climatique à venir, se nourrissant d’une croissance ininterrompue astreignant les humains à produire toujours plus … et plus longtemps au cours de vies de consommateurs repus mais peu satisfaits de la qualité de leur existence.

La fenêtre ouverte sur un mythe qui risque de signer la fin de l’espèce.

Parmi les concepts qui fourmillent dans cette fenêtre de discours, il en est d’autres comme le déni de désastre climatique ou la dette qui mériteraient aussi analyse et lucidité. Est-il indispensable de l’ouvrir, cette fenêtre, à tous les vents mauvais d’un « nouveau monde » dont la caste dirigeante semble bien incapable d’en tracer les contours ?

Monsieur le Président, vous êtes jeune, mais à vous entendre pérorer, on a le sentiment que le printemps vous a oublié, que du soleil d’été, vous n’avez vu briller que les reflets de l’or des riches, que vous n’avez vu fructifier que les placements des actionnaires, que ce n’est que le blé en gerbes dorées de vos amis milliardaires qui vous gonfle de cet orgueil des fausses victoires. L’automne de vos réformes ne nous annonce qu’un hiver glacial.

La vie, monsieur le Président, la notre, celle des humbles et des laissés-pour-compte de plus en plus nombreux, nous est si précieuse qu’en ces temps troublés nous n’acceptons plus de la brader à la raison du profit exclusif de vos amis. Cette stratégie de manipulation des peuples, de moins en moins solubles dans votre néolibéralisme a pour conséquence de provoquer une fracture sociale qu’il devint difficile de résorber par de nouveaux discours. Le votre ne passe plus. Que vous reste-t-il monsieur le Président ? La violence d’état ?

Monsieur le Président serait-il trop irrévérencieux de vous chanter :

Ferme la f’nêtre qu’on respire un peu … ?

Ps1 : Il y a un mois, je n’avais aucune connaissance de cette fenêtre d’Overton. C’est par curiosité, après sa discrète mention dans un commentaire, que Wiki m’a ouvert la sienne. J’ai trouvé passionnante cette similitude entre les discours de notre basse-cour politicienne et le développement théorique du sieur Overton : de l’impensable au radical puis à l’acceptable puis au raisonnable puis au populaire puis au politique qui n’hésite pas à promulguer des lois d’application.

Ps2 : Étant privé de liaison internet depuis plus d’un mois suite à l’épisode neigeux de mi-novembre dans la Drôme ( 20 centimètres ), je ne pourrai pas répondre rapidement aux éventuels commentaires faisant suite à ce billet. Veuillez m’en excuser.

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