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Pierre-Adrien MARCISET

Professeur certifié de français, Doctorant, Étudiant en Théologie, Romancier, Essayiste.

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Billet de blog 19 novembre 2015

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Entre aveu et déni - réponse à Samuel Piquet.

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 Article faisant suite à une attaque de Samuel Piquet dans le journal en ligne Causeur.

Une fois n’est pas coutume, je vais écrire un billet court. 

Il s’agit de réagir à l'article publié sur le site du Causeur par Samuel Piquet, et de lui répondre. Alors que mon roman ne paraît que mercredi 25 novembre, et que je ne suis même pas journaliste, il y a quelque chose d’aussi gratifiant qu'ironique à être attaqué de plein front par quelqu'un dont c'est le métier, quelle que soit la légèreté du coup porté. Cela étant avec mon prénom mal orthographié dans les mots clefs ; j’enrage ! À quoi bon acquérir un peu de visibilité, condition sine qua non de l’existence dans les mondes des discours, si l’on se trompe de nom ? C’est le syndrome dit de Provençal le Gaulois. Car cependant que je n’ai pas encore les attributs sociaux d’une personne qui fait de son écriture son métier, et quoique je désire ardemment les obtenir, Samuel Piquet s’attaque à mon propos.

C’était sans compter sur ma rigueur, ma détermination et la sérénité de mes arguments. D’ailleurs, je ne répondrai sur le fond que rapidement, et cela consistera surtout à renvoyer aux deux articles qui forment le triptyque de mes réflexions sur les attentats, leurs origines et leurs conséquences politiques — politiques au sens du mythe du pacte social. En effet, l’article de Samuel Piquet ne cesse d’interroger en boucle, de façon par trop superficielle pour que cela soit convainquant, l’objet de mon article, sous la forme d’une question : qui est l’ennemi, si nous devons refuser l’esprit de guerre ? Je reconnais au journaliste l’honnêteté de ne pas mélanger les choses et de penser, également, qu’il faut éviter les amalgames. En revanche, je lui reproche de me taxer de déni. Et j’attaque donc la forme.

Il n’y a aucun déni dans ces trois articles — et je suppose que l’auteur se sera contenté de lire le premier et le seul qui a bénéficié d'une large audience, Ne laissons pas s’installer l’esprit de guerre. Pourtant, La fin d’un monde complète sur le plan concret d’une mise en application. Quant à Cesser d’être ‘Charlie/Paris : apprendre à être soi, s'il s'occupe de partir d'un exemple pour tirer les principes à la base d'une restauration nécessaire du vivre-ensemble, socle du pacte social aujourd'hui en péril. Il montre enfin comme les singularités assumées prévalent sur un esprit de corps trop fusionnel pour ne pas être suspect, et que personne, et j'écris bien personne, n'est hors de l'humanité. J’irai donc jusqu’à dire que c’est un déni que d’en prétendre un chez moi, voire un aveu que de l’interpréter ainsi. Soit un déni d’existentialisme dans la méthode philosophique, soit l’aveu d’une insuffisance méthodologique. Vous constatez que je n’ose pas supposer la mauvaise foi de mon interlocuteur, alors même qu'il y avait tout à fait de quoi comprendre ma pensée dans ce tryptique.

Je l’écris une bonne fois pour toute : l’ennemi est en chacun. Violence en nous tous prête à sourde dès que vacillent nos certitudes identitaires ; haine réactionnaire et refuge dans le tout sécuritaire sitôt que nos habitudes sont bouleversées ; narcissisme de civilisation qui hiérarchise la souffrance en fonction du kilométrage de sa distance à l'épicentre occidental. Il ne s’agit en aucun cas de reprocher quoique ce soit à la République ; je rappelle simplement que les hommes qui en occupent les plus hautes fonctions sont corruptibles et sont pour l’essentiel rongés par le pouvoir. Il n’y a qu’à voir la réponse de la députée de Paris lorsque le ministre de l’Intérieur proposait le retrait de la censure des média du texte légal de l’état d’urgence. Il n’y a qu’à voir le fossé entre le discours presque mécène de François Hollande et la réalité des places très chères dans le monde de la culture, infiniment politisé, donc clientéliste. L’ennemi, je le redis autrement, est contenu dans toute propension à la violence. Si nous sommes en guerre, ce n’est que de cette guerre mythique et millénaire de la lutte, en soi, pour nourrir le loup noir ou le loup blanc.

À chercher le sentiment de culpabilité que je voudrais infuser à notre pays, on ne peut voir la responsabilisation que j'appelle comme un antidote au nihilisme de notre société. Il faudra relire mes articles : je ne cherche pas à culpabiliser les français ; je m'attaque tout au plus à la classe politique passive et nihiliste. Et cette faiblesse de méthode, qu'elle résulte d'un fétichisme des éléments de discours ou qu'elle soit l'enfant naturel de la nécessité de faire vite pour meubler l'insatiable vide du nihilisme, est précisément un symtpôme de ce que je reproche à nos politiciens. Je rêve d'un journaliste qui répondrait par la méthode et dont l'examen critique porterait d'abord sur la méthode.

Trêve de manichéisme, me répondra-t-on ; et l’on n’aurait pas tout à fait tort. Pas tout à fait parce que, pourtant, le manichéisme a ses vertus dans une époque de cynisme. Quant à m’associer avec Edwy Plenel, je répondrai, pour reprendre un twitteur dont j’estime particulièrement les estoques, que la flatterie ne le mènera à rien. Si l’on me reproche de m’aligner sur l’attitude digne d’un disciple d’un homme intègre, combattif et intransigeant, dois-je rougir ? J’ai sans doute mes méthodes propres, mon expérience et la somme de mes singularités esthétiques, qui me distinguent d’Edwy Plenel, mais la ressemblance avec lui sur tout plan de la pensée me convient. Si quelques hommes et quelques femmes ont pu, dans l'intimité d'une relation universitaire ou dans celle d'une amitié précieuse, influencer mes choix, ils ont toujours été mesuré à l'aulne de la rigueur intellectuelle et de l'honnêteté des méthodes. Pour finir, je citerai de Nietzsche une phrase que j’ai longtemps porté comme étendard et que je porte encore :

« J’habite ma propre maison

Je n’ai jamais imité personne en rien 

Et je me ris de tout maître

Qui n’a su rire de lui-même. »

Épitaphe au Gai Savoir.

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