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Billet de blog 19 septembre 2020

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Les tatoués du GRU à Paris.

Paris, manifestation des Gilets jaunes. Des Russes avec lunettes de piscine, masqués, batte de baseball à la main, tous tatoués. J’ai réalisé qu’il s’agissait d’hommes du milieu. Que faisaient-ils dans une manifestation strictement française et politique ?

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Illustration 1
Tatoué place Wagram © Pierre HAFFNER

À la ronde, il n’y avait pas un seul autre tatoué, et soudain devant moi, cinq Russes. Seulement dans un camp de l’Oural, on aurait pu apercevoir une telle concentration de russophones tatoués, car le monde carcéral et criminel russe est traditionnellement tatoué.

Illustration 2
Tatoué place Wagram © Pierre HAFFNER

Pourquoi des tatouages sur des repris de justice ? La vie carcérale est très dure. Elle possède son langage et ses règles. Comme toute société, le milieu pénitentiaire est hiérarchisé. La promiscuité aggrave les tensions. Le tatouage ​​permet au prisonnier d’obtenir un ascendant sur ses codétenus. Il doit démontrer à la fois qu’il est membre de ce milieu (« криминальные братки », frères criminels) et qu’il est trempé. Il lui donne une identité, lui permet de s’affirmer, d’inspirer la peur, le respect, la soumission des autres détenus, d’imposer son autorité dans un environnement particulièrement sévère. En général, le tatouage est un diplôme de bandit aguerri. Le milieu soviétique et à présent russe est tatoué. Cette prétention poursuit les caïds russes dans l’au-delà. Elle est exprimée par leurs stèles funéraires.

Illustration 3
Tatoué place Wagram © Pierre HAFFNER

Pourquoi ces individus à Paris ? Les manifestations des Gilets jaunes sont une affaire strictement politique franco-française. Notre actualité politique passionne très certainement des intellectuels russes, mais il est peu probable qu’elle puisse stimuler un tel échantillonnage de touristes armés d’une batte de baseball. Ces personnes sont en mission. Laquelle ?

Illustration 4
Tatoué place Wagram avec lunettes et foulard © Pierre HAFFNER

Les manifestations françaises ont une influence dans la politique intérieure russe. Elles sont suivies par des chaînes russes, dont « RT » qui filme celles-ci en direct. Les vidéos de « RT » disponibles sur la toile sont les plus longues que l’on puisse trouver sur l’événement. Une sélection des scènes les plus violentes projetée par les journaux télévisés russes donne une impression d’apocalypse parisienne au téléspectateur. Elle permet à Vladimir Poutine de poser la question : « Voulez-vous comme à Paris ? » La réponse naturelle est « Non ! » Grâce à Vladimir Poutine, la Russie peut rester un sanctuaire de stabilité dans un monde en proie aux révolutions. Pour cela, il suffit de conserver Vladimir Poutine au pouvoir.

Les Gilets jaunes et Poutine. © ATR

A priori, nos cinq Russes tatoués sont superflus pour faire flamber Paris. D’autres s’en chargent, en premier lieu le pouvoir français, incapable depuis deux ans de résoudre cette crise, et la police française qui en rajoute avec la militarisation de la répression.

Ces Russes ont été missionnés dans un plan monumental défini par la stratégie Guérassimov, nom du chef d’État-major des forces armées russes. Cette stratégie met l’accent sur des moyens non militaires. Elle est un élément de la guerre hybride qui doit permettre à Poutine de renégocier un nouveau Yalta, car le partage actuel du monde, issu de la guerre froide et de la dislocation de l’URSS, ne lui convient pas.

Les services secrets jouent un rôle primordial dans cette guerre secrète, mais bien réelle. Le service civil du renseignement extérieur, dirigé par le polyglotte Sergueï Narychkine, a mobilisé toute la diplomatie et la paradiplomatie de salon qui excelle en ronds de jambe, comme notre consul honoraire de Russie à Biarritz.

Par contre, le service du renseignement militaire (GRU) du chef d’État-major Valeri Guérassimov n’a pas besoin d’intellectuels, mais de voyous. Embauchés par la compagnie militaire privée « Wagner » de Evgueni Prigojine surnommé le cuisinier de Poutine, ces mercenaires sévissent en Ukraine, Syrie, Libye, au Venezuela, en Centrafrique, en Biélorussie. Les voici à présent sur le pavé parisien.

Les réseaux du Kremlin ont pour objectif de retourner l’opinion publique des pays ciblés, afin de faire perdre à l’adversaire le contrôle de la situation dans son propre camp, de téléguider ses masses grâce à un réseau d’agents recrutés sur place. Ces derniers seront le catalyseur prépondérant susceptible d’élever l’intensité de conflits existants, d’en susciter de nouveaux, de balkaniser ces pays avec des politiques perfides, intrusives et agressives.

Le Kremlin a besoin de combats de rue en France. Ses services les préparent.

La mission de ces tatoués s’inscrit dans un cadre général : organiser des combattants résidents. Il y a matière à travailler.

Les politiques régressives du pouvoir actuel français ont brisé la paix sociale et civile qui nous est indispensable. La tâche primordiale de tout président serait de préserver la paix civile avant toute chose. Macron a failli. Toutes les injustices, les amertumes, les rancœurs engendrées par le système capitaliste et les régimes successifs ressurgissent des subconscients. Les haines, accrues par la violence policière, se libèrent. Une violence spontanée inorganisée réagit à une violence permanente, séculaire. Une faille s’est entrouverte dans notre société. Elle permet à des agents étrangers infiltrés d’exacerber nos contradictions.  

Toutes ces vocations violentes attendent d’être organisées par un combattant puissant et aguerri : le voilà. Ce 12 septembre 2020, j’ai vu les services secrets militaires de la puissance militaire russe sur place Wagram. Ils agissent en plein jour au centre de notre capitale. Nos autorités sont inopérantes. Rien d’étonnant, elles avaient été aussi muettes lorsque la taupe russe, Alexandre Benalla, était blottie à l’Élysée.

Le GRU a depuis longtemps créé à cette fin sur notre territoire de centres de combat « Systéma ». Ils ont tous été fondés par des Spetsnaz. « Systéma » n’est pas un sport, mais une arme destinée à éliminer l’adversaire par tous les moyens : la mort, la paralysie… En URSS, son enseignement au public était interdit. À présent, il est autorisé en France. Les cours apprennent à survivre dans la clandestinité en milieu urbain ou naturel. Ces écoles sont ouvertes à tous ceux qui veulent en découdre, aux Blacks-blocs, aux spécialistes de « Kale borroka » au Pays basque, aux indépendantistes catalans, etc. Des stages de perfectionnement sont proposés en Russie. Pour le maniement des armes et une instruction militaire plus poussée, le centre « Partisan » à Saint-Pétersbourg accueille des volontaires du monde entier.

J’ai maintes fois prévenu les autorités françaises des activités des services secrets russes en France. Ces actions sont « Casus bellis ». On ne peut pas les ignorer, car elles mettent gravement en danger notre Défense nationale. Elles méritent depuis longtemps une réponse.

Mais dans la France de Macron, tout est à vendre : des Aéroports de paris, de la Française des jeux, jusqu’à notre souveraineté nationale en passant par notre sécurité nationale.

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