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Billet de blog 31 mars 2011

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l'Affaire BOULIN, le boulet de la Ve République

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je voulais remercier publiquement ici Antoine PERRAUD, journaliste à Mediapart d'avoir écrit l'article "Retour révélateur sur l'affaire BOULIN" publié en ligne le 29 mars avec un angle intéressant (le témoignage du journaliste James Sarazin qui a vécu l'affaire et changé sa position entre 1979 et 1987).

Merci en effet, car si on considère les trois organisations normalement au service de la République (et de la démocratie) que sont la presse, la Police et la Justice, force est de constater qu'une seule a évolué en trente deux ans s'agissant de l'Affaire Boulin. Il faut donc rendre ici hommage aux journalistes qui ont soit évolué comme James Sarazin (qui ont eu le courage de le faire) et qui ont apporté les éléments concrets à la connaissance du citoyen, sérieux, incontestables et incontestés permettant de mettre en cause de façon évidente les conclusions de l'enquête s'agissant de la mort du Ministre Boulin. Je songe notamment à Philippe Alexandre, Francis Christophe de l'AFP (à l'époque) et Benoît Collombat de France Inter. Il y en a d'autres dont les noms ne me viennent pas spontanément en mémoire, qu'ils soient cependant associés à cet hommage.

A l'évidence, c'est bien parce que la presse n'est pas une presse d'Etat, aux ordres, (tout au moins une partie de la presse française) que nous pouvons ici écrire notre sentiment en connaissance de cause.

Evidemment, la Police et la Justice sont hiérarchiquement attachées au sommet de l'Etat, quitte à choquer j'ose ici écrire que les principes de l'indépendance des pouvoirs entre eux chers à notre constitution républicaine, sont illusoires s'agissant au moins du pouvoir judiciaire.

Car au fond, beaucoup s'étonnent encore de "l'absence de réouverture de l'enquête" devant les évidences rapportées par les journalistes sérieux, ci-dessus mentionnés, tout comme on pourrait s'étonner également des disparitions de scellés, et autres avatars survenus pendant trente deux années d'un parcours du combattant "don-quichottesque à défaut d'abracadabrantesque" réservé à la famille BOULIN.

Nous y voila donc, revenus à cette question obsédante :

- Quand rendra-t-on Justice à Robert BOULIN et à sa famille ?

Au delà du constat amer que nous faisons chaque jour, de vivre dans une République et une démocratie illusoires, vendues à la "com" des temps modernes, il faut rappeler que la Justice n'est pas le Droit :

Pour ouvrir à nouveau l'enquête, il revient à la partie plaignante d'apporter des faits nouveaux. Je ne suis pas juriste, mais je comprends que l'affaire est délicate, tant il faut être d'une rigueur absolue sur le fond comme sur la forme.

Car le pot de fer ne fera aucun cadeau au pot de terre, ne se privant d'ailleurs pas du cynisme qui récemment encore permit à notre tant regrettée Garde des Sceaux devenue Ministre des Affaires étrangères, (par ailleurs intermittente du spectacle ministériel lors de ses escapades tunisiennes) de signifier à Libourne une fin de non recevoir s'agissant de la ré-ouverture de l'enquête, avant même que le Procureur n'ait eu à le faire.

Il le fît donc, fidèle zèlé serviteur de la hiérarchie, et cela n'étonna personne.

Alors ? Mais que faire donc ? S'obstiner encore dans la voie judiciaire ou changer de stratégie ?

Nous ne sommes pas partie civile.

Nous sommes les témoins impuissants d'un déni de justice patent.

Il faut donc gagner la bataille de la communication à défaut de celle de la Justice, puisque Justice il n'y a pas !

Ici et là, des femmes et des hommes de ce pays peuvent d'abord lire les livres de Fanienne BOULIN-BURGEAT et Benoit COLLOMBAT.

On peut d'ailleurs télécharger le livre de Benoit COLLOMBAT après télépaiement au format nuémérique ici : http://www.evene.fr/livres/livre/benoit-collombat-un-homme-a-abattre-43047.php

Lire donc, et prêter voire recommander ces deux livres... en parler autour de soi.

Car chaque citoyen lecteur, chaque conscience imprégnée de cette affaire d'Etat gagnée sur l'ignorance, rendra chaque jour plus fragile la citadelle imprenable du déni d'Etat.

Un jour l'enquête sera réouverte. Des consciences voudront se soulager, des nouveaux témoignages apparaîtront, qui sait, des faits nouveaux mêmes pourront être produits par la famille BOULIN pour en droit, présenter une requête en bonne et due forme qu'un Procureur observé par ses concitoyens et ce qu'il reste d'honorable parmi notre classe politique, ne pourra qu'accepter dans son but légitime.

J'ai vu ce soir encore à la télévision, un spot publicitaire abjecte, me ventant une station de radio...

On m'y expliquait que "les Français ont élu un Président pour faire des réformes"...

Et qu'ils étaient sots et râleurs au point de ne pas les accepter... entre autres choses...

Cette publicité l'air de rien décrit le mépris avec lequel "on" nous gouverne.

Ce raccourci méprisant de quelques secondes diffusé en masse aux heures de grande écoute, est à mettre en rapport avec les trente deux longues années de déni de Justice faites à Robert BOULIN, sa famille, mais aussi aux citoyens français.

Au mépris opposons la conscience, la patience, l'information sans concession. Le calme et la dignité. Le nombre aussi peu à peu, comme un tissu résistant qui saura faire triompher enfin, la Justice.

J'ai proposé l'édification d'une croix de Lorraine à l'étang rompu dans un précédent billet. Je propose aussi de venir rendre hommage à Robert BOULIN le 29 Octobre prochain à l'étang rompu. Qu'on se le dise.

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