Si on s'en tient aux délais habituellement requis par la Justice pour se prononcer en appel, la réponse est incontestablement oui. Elle bénéficie ainsi de garanties judiciaires auxquelles aucun autre justiciable ne peut prétendre et surtout pas les co-accusés qui sont jugés en même temps qu'elle. Et c'est probablement pour couper court au débat inepte qui s'est développé autour de son cas que cette décision a été prise. Mais ce peut être pour elle un risque : en raison même de la gravité accablante des charges qui pèsent contre elle, on ne voit pas pourquoi la cour d'appel désavouerait le premier jugement. On ne voit pas non plus pourquoi la Cour de Cassation, dont le rôle est de vérifier la conformité à la loi des jugements rendus, s'opposerait à l'inégibilité votée par le pouvoir législatif. C'est ce que dit dans une interview publiée par le journal Le Monde le premier président de la cour de cassation. Et, même si la loi venait à changer dans la période qui précède le deuxième jugement, il faut rappeler que, dans un état de droit, cette modification ne serait pas rétroactive.
Plus encore, la polémique trumpienne qu'elle a elle-même lancée sur l'indépendance de la Justice - crédible seulement pour ceux qui n'ont jamais entendu parler de Montesquieu - et les menaces qui pèsent aujourd'hui sur les juges de première instance pourraient susciter une solidarité des magistrats d'appel, sous forme d'une aggravation de sa peine de prison.
Dis-moi quels sont tes soutiens, je te dirai qui tu es : ceux de Trump, d'Elon Musk et de Poutine dévoilent à eux seuls la vraie nature du Rassemblement National. Après la justice, ce seront les blogueurs de Médiapart - ceux qui se sont exprimés sont unanimement favorables au jugement - puis Médiapart lui-même qui seront accusés "d'entrave à la Démocratie". La "logique" qui s'est mise en place avec la contestation de la Justice peut nous mener beaucoup plus loin que ce que nous pensons. Et les déclarations à géométrie variable de Marine le Pen sur la tolérance zéro laissent augurer de ce qui nous attend si le RN vient au pouvoir. On ne peut que souhaiter - sans toutefois trop y croire en ces temps triomphaux pour le populisme - que les récents évènements ouvrent les yeux des électeurs du RN. Et, pour cela, nous avons besoin que le rempart de la Justice ne cède ni devant les critiques, ni devant les menaces des "fans" de Marine Le Pen, qui la croient propriétaire de son parti.