Le psychodrame antivaccination a commencé au moment où le nombre des vaccinations obligatoires a été porté à onze : Il y a eu, à ce moment, une levée de boucliers, orchestrée par un professeur de médecine. Pour un médecin, cette opposition est incompréhensible : au dix-huitième siècle en Grande Bretagne, l'espérance de vie moyenne à la naissance était de 17 ans, en raison d'une surmortalité infantile massive. La médecine était tellement inefficace que certains disent même que l'espérance de vie était supérieure dans les classes populaires, car seuls les riches pouvaient faire appel à un médecin, en ce temps des médecins de Molière, où il était plus risqué de se faire soigner que de laisser la maladie suivre son cours. Aujourd'hui, la preuve de l'efficacité de la médecine repose sur deux faits : la mortalité périnatale a presque entièrement disparu, tant pour la mère que pour l'enfant, en raison des notions d'hygiène introduites par le médecin autrichien Semelweiss. L'autre élément déterminant qui a fait reculer la mortalité est la vaccination, qui a fait entièrement disparaître les maladies infectieuses les plus graves. Déjà, au moment de cette extension des vaccinations obligatoires, les ignorants de tout poil ont donné libre cours à leurs délires : ainsi, pour une élue, on ne pouvait pas imposer onze injections à un enfant. Elle ignorait seulement que plusieurs vaccinations sont réunies dans la même seringue.
Lorsque la vaccination anti-covid a été mise sur le marché, elle a donné lieu à un délire de propos et actions hystériques, certains même allant jusqu'à attaquer des pharmacies ou des centres de vaccination. Lorsque les sectaires anti-vax condescendaient à donner des arguments, c'était d'abord que ce vaccin, mis au point en quelques mois, ne pouvait pas être efficace. Ensuite que ces vaccins n'avaient reçu qu'une autorisation de mise sur le marché (AMM) transitoire, ce qui démontrait la méfiance des autorités. Un opposant totalement dépourvu d'esprit critique a même été jusqu'à prétendre que le vaccin anti-COVID provoquait plus d'effets secondaires à lui tout seul que toutes les autres vaccinations réunies. Enfin, pourquoi développer un vaccin alors qu'il existait des traitements médicamenteux efficaces, tels l'Hydroxychloroquine ou l'Ivermectine ? Et j'ai constaté sur mon blog Médiapart que ces arguments étaient souvent émaillés d'injures ou d'attaques personnelles.
Pour quiconque a une formation scientifique, il est facile de contrer point par point ces arguments : d'abord, il est faux de dire que le vaccin a été mis au point en quelques mois, car cela fait des années qu'une chercheuse de Philadelphie travaillait sur les vaccins à ARN messager ; quant aux AMM, elles sont toujours délivrées, dans un premier temps, pour une durée limitée, le temps pour la pharmacovigilance de faire son travail ; l'observation des effets secondaires était entachée d'un biais statistique évident et important, sachant que ceux-ci sont toujours évalués sur le mode déclaratif : or qui songerait encore à déclarer un effet secondaire pour une vaccination ayant fait la preuve de son inocuité alors qu'à l'inverse, l'affichage des centres de vaccination poussait à déclarer les effets secondaires de la vaccination anti-COVID, allant même jusqu'à fournir une adresse Internet pour cette déclaration.
Quant aux traitements médicamenteux, la seule étude randomisée concernant l'Ivermectine n'a pas démontré l'efficacité du traitement. Pour l'Hydroxychloroquine, les articles de Didier Raoult étaient tellement entachés d'erreurs méthodologiques, voire de fraudes, qu'ils ne permettaient en aucune façon de tirer des conclusions en faveur de l'efficacité du produit. L'étude Recovery, menée sur une grande échelle a démontré l'inefficacité de la molécule, mais cet article a été récusé sur ce blog Médiapart par un opposant au vaccin, sous prétexte que les doses d'Hydroxychloroquine administrées étaient le triple des doses normales. Ce contradicteur, tout simplement; ne sait pas lire un article scientifique, car il était spécifié que cette dose initiale était une dose de charge sur une période limitée et que l'on revenait ensuite aux doses normales (pratique courante en médecine pour accélérer l'effet d'un traitement). Bien plus encore, une étude récente dévoile l'étendue du mal qu'a fait la prescription de l'hydroxychloroquine : la surmortalité des patients ayant reçu de l'Hydroxychloroquine est estimée à près de 17000 patients dans une étude incluant six pays. Et encore cette donnée est sans doute très sous-estimée, car elle ne concerne que des patients hospitalisés, à l'exclusion de cas extra-hospitaliers et d'automédication. Cela démontre au passage que les opposants au vaccin sont beaucoup moins regardants sur la pertinence méthodologique des études sur les traitements médicamenteux que sur celles concernant les vaccins.
Car la preuve de l'efficacité du vaccin en termes de gravité des symptomes et de mortalité associée, a bien été démontrée par une étude randomisée portant sur un effectif important dans un pays - Israël - où la vaccination a été pratiquée à grande échelle. Mais, là encore, une pièce est à rajouter au bêtisier antivax : l'argument selon lequel les 40% des cas de COVID déjà vaccinés seraient la preuve d'une inefficacité du vaccin est une pure ineptie : lorsque toute la population aura été vaccinée, ce pourcentage sera mécaniquement de 100%, sans que cela démontre l'inefficacité du vaccin.
Mais les sectaires antivax ne désarment pas : selon eux, le prix Nobel attribué à Katalina Kariko serait "le prix Nobel de la honte". Les élucubrations antivax fleurissent sans aucune référence aux données scientifiques : 17 millions de décès liés au vaccin ? cette donnée numérique n'est appuyée sur aucune étude scientifique, rendant cette quantification peu crédible. Le risque de myocardite ? Peu fréquent et d'évolution favorable, selon les données de l'ANSM. L'effondrement de la natalité ? pas-d'infertilité consécutive au vaccin selon les experts. Le risque de mutation ? C'est le cas pour la grippe et ne met pas en cause l'efficacité du vaccin. Un décodeur du journal Le Monde apporte des réponses à un certain nombre d'idées reçues. Alors à moins de supposer les scientifiques complices de manipulations grossières - ce qui serait aller très loin dans le complotisme - on peut considérer que ces affirmations sortent tout droit du cloaque des réseaux sociaux.
Car les réseaux sociaux, avec toutes les inepties qu'ils véhiculent sans aucune modération, sont bien à l'origine de tous les délires sectaires de l'antivaccination : c'est comme un supermarché ou chacun, avec plus ou moins de sens critique, va chercher les arguments qui confortent ses idées à priori. Le mode de pensée qu'ils développent est contraire à la démarche scientifique et c'est une des raisons qui en fait le fléau de notre temps.
AVERTISSEMENT : APRES HESITATION, J'AI DECIDE DE MAINTENIR OUVERTE LA POSSIBILITE DE COMMENTAIRES. MAIS JE PRECISE D'AVANCE QUE JE NE REPONDRAI PAS AUX CONTRIBUTIONS A BASE D'INJURES OU D'ATTAQUES PERSONNELLES.