Il y a deux ans presque jour pour jour paraissait dans le journal Le Monde une tribune, regroupant les signatures de plus de 200 professionnels de santé, qui dénonçaient un problème de santé publique lié au trafic aérien. Documentée par une étude officielle (DEBATS) et par des centaines d'articles parus sur le sujet dans la littérature médicale internationale, elle pointait, outre la recrudescence de plusieurs états pathologiques (maladies cardio-vasculaires, cancer du sein, diabète, obésité...) autour des aéroports, des troubles de l'apprentissage liés au bruit et au manque de sommeil.
Pourtant, dans le même temps, les élus du département soutenaient - et continuent à soutenir - l'implantation d'une cité scolaire sur le triangle de Gonesse, un lieu soumis à une forte intensité et à une répétabilité importante du bruit aérien : pour avoir participé à des rassemblements sur ce site, nous savons que c'est plusieurs avions par minute qui passent à basse altitude en journée. Le refus du couvre-feu réclamé par l'ADVOCNAR engendre aussi le passage nocturne des avions-cargo de Federal Express et de DHL. On n'aurait pas pu choisir un lieu plus inapproprié pour implanter une cité scolaire avec internat. Alors deux questions se posent : les brillants politiciens qui soutiennent ce projet ont-ils jamais mis les pieds sur le triangle de Gonesse ? Et s'ils l'ont fait, laisseraient-ils leurs enfants étudier dans un pareil environnement ? On peut aussi s'interroger sur la cohérence de monsieur Blazy, maire de Gonesse, qui a participé à un rassemblement d'élus contre les nuisances aériennes, a déposé un recours jurudique contre le PPBE, mais préconise pourtant que des élèves et leurs professeurs soient exposés à ces nuisances. Et pour les médecins qui ont signé la tribune mentionnée plus haut, ce refus d'écoute peut apparaître comme une véritable provocation.
Il faut d'abord retracer l'historique de ce qui a conduit à cette décision absurde : après un combat de plusieurs années, le CPTG (collectif pour le triangle de Gonesse) réussissait à obtenir l'abandon d'un projet pharaonique de parc d'attraction, EuropaCity, rendant inutile la gare qui devait le desservir. Pourtant, au cours d'une visite sur le site, le premier ministre de l'époque, Jean Casteix cédait aux pressions des élus locaux qui voulaient une gare à tout prix et annonçait simultanément le maintien de celle-ci et la construction, sur les terres agricoles du triangle, de la cité scolaire. D'autres implantations étaient annoncées pour apporter un semblant de justification à la construction d'une gare aussi éloignée de tout lieu d'habitation : le transfert du service d'archivage de la bibliothèque nationale de France (et il ne semble pas être venu à l'idée de nos brillants élus qu'ils se heurteraient à une opposition massive des employés transférés et de leurs syndicats) et une petite partie du projet Agoralim. Ainsi, le projet de cité scolaire à cet endroit n'a pour seul but que de justifier la construction d'une gare, sans aucune considération sur les conditions d'apprentissage des élèves.
On attend toujours que les soutiens du projet nous opposent leurs arguments, mais ils vont jusqu'à refuser un débat public sous l'égide de la CNDP. Pourtant, un débat de même nature s'est déroulé sur l'emplacement d'une prison et un site a été éliminé pour cause de nuisances aériennes. Pour les détenus, on prend en compte les considérations sanitaires et on oppose une fin de non-recevoir pour les élèves. Les raisons de ce "deux poids, deux mesures" sont incompréhensibles. Et si on se dit que, parmi les responsabilités du rectorat, il y a celle de s'assurer que la scolarité des élèves se déroule dans de bonnes conditions, on risque d'être déçu. Car le CPTG a demandé, au cours d'une rencontre au rectorat de Versailles, que le recteur appuie devant le Ministère cette demande de débat public. Après le préfet du Val d'Oise, c'est le rectorat qui répond par la négative. Ce n'est pas de sa compétence, dit-il !!! Quand on considère l'état de l'enseignement public, on peut se demander ce qui est de sa compétence de bureaucrate.
Il ne reste donc que la désobéissance civile pour faire entendre sa voix. L'affaire, rapportée dans le communiqué en lien, dénonce une couardise politique et une irresponsabilité généralisées qui se passent de tout autre commentaire.