Dans une tribune publiée par le journal "Le Monde", des professionnels de santé - médecins, infirmières, cadres hospitaliers, etc. alertent les pouvoirs publics sur le véritable problème de santé que constitue le bruit aérien pour les riverains des aéroports.
L'idée de cette tribune était déjà dans l'air. L'étincelle qui a allumé la mèche est le projet de plan de protection contre le bruit dans l'environnement (PPBE) des aéroports parisiens qui a été annoncé avant l'été. On ne voit pas comment ce projet - qui prend pour base de départ une augmentation de 37% du trafic aérien à Charles-de-Gaulle et le refus obstiné opposé à la demande de couvre-feu faite par les associations, contribuerait plus que les précédents à diminuer les décibels dont sont abreuvées les communes proches de l'aéroport ou dans l'axe des pistes.

Voir ci-contre la cartographie du bruit en Ile de France). Le collège de l'ACNUSA et les associations s'opposent à ce projet; mais leur avis n'est reçu qu'à titre consultatif et rien n'empêche son adoption par les pouvoirs publics.
La tribune du Monde a été largement commentée dans les médias. Dans le reportage qui a été diffusé sur le journal régional de France 3, une personne impactée fortement par le bruit de l'aérien et deux des signataires de la Tribune s'expriment (voir le texte de leurs interventions à la fin de l'article) .
Il est annoncé dans ce reportage que la signature du PPBE par le préfet serait imminente. Nous ne savons pas si cela est vrai, mais la signature d'un tel document en l'état où il était au mois de janvier serait un pied-de-nez aux signataires de la tribune et aux associations, qui ne pourrait que susciter la colère et le dégoût, non pas contre le préfet dont nous savons qu'il n'est rien d'autre qu'une courroie de transmission aux ordres de l’État, mais contre ceux qui n'écoutent rien, pas même les scientifiques, qui ne savent que promulguer des lois répressives contre les actes de désobéissance civile suscités par leur passivité. Si ces misérables politicaillons à la botte des lobbies de l'aérien donnent cet ordre de signer malgré toutes les réserves et oppositions, ils auront apporté la preuve éclatante qu'ils se foutent pas mal de la santé publique, qu'ils n'hésitent pas à la sacrifier aux intérêts économiques des aéroports et des compagnies aériennes, qu'ils n'ont pas même assez d'empathie pour entendre le message de détresse d'une femme qui vit un enfer au rythme des avions. Alors la honte sera sur eux, si toutefois ils ont assez de conscience pour éprouver ce sentiment.

Il n'y a pas de mots assez durs pour exprimer la répulsion inspirée par ceux qui sont prêts à faire n'importe quoi pour pourrir la vie de leurs concitoyens. Ce sont eux - et non les activistes que l'on voit trop souvent traînés devant les tribunaux - qui devraient être jugés, non pas devant un tribunal correctionnel, mais devant une cour d'assises pour mise en danger de la vie d'autrui.
Nous évoquerons aussi un point qui touche à la fois la protection contre le bruit et la sauvegarde du triangle de Gonesse : il est question d'y bâtir, au plus près des avions qui décollent de Roissy et qui survolent le site du triangle à basse altitude, un lycée d'excellence avec internat. Ainsi les élèves seront soumis aux nuisances de Roissy, ce qui n'est rien moins qu'idéal pour l'apprentissage, mais aussi s'endormiront - ou plutôt resteront évéillés - au son de la petite musique de nuit d'un concerto pour Airbus et Boeing. Il y a vraiment de quoi s'interroger sur la santé mentale de ceux qui ont conçu un tel projet et de ceux qui le soutiennent.
Il n'y a pas de démocratie possible dans un contexte de toute-puissance des lobbies. Or, tant au niveau national qu'au niveau européen - comme le démontre la dernière affaire bruxelloise de corruption, nous sommes dans ce contexte. Il est vital pour nos institutions que les associations puissent jouer un rôle de contrepoids. La signature de ce PPBE serait une preuve de plus que nos institutions politiques ne sont pas prêtes à leur concéder ce rôle.
LES INTERVENANTS AU JOURNAL TELEVISE DE FR3 ONT DIT :
Sophie Estada : "Aujourd'hui, je ne supporte plus le bruit d'un avion sans être agressive. Ca a modifié complètement ma personne. [Si on ne peut pas dormir], on devient fou".
Jean-Pierre Enjalbert : "[Le bruit induit une augmentation de la tension artérielle]. C'est un facteur de risque qui peut provoquer d'autres maladies cardio-vasculaires. Par exemple des AVC, par exemple des infarctus du myocarde. Si on augmente de 10 décibels les niveaux du bruit, la mortalité par infarctus du myocarde augmente de 28%".
Pierre Sassier: "[Le PPBE] ne prévoit pas de diminution du trafic, au contraire 37% d'augmentation. Il ne prévoit pas de couvre-feu, alors que les associations le réclament à cor et à cri depuis des années. En tant que médecin, je trouve absolument insupportable qu'on fasse toujours passer les intérêts économiques avant la santé des gens".