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Billet de blog 16 octobre 2025

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ADP et l'enfumage d'un débat public

Une précédente contribution à ce blog exprimait les raisons pour lesquelles le semblant de débat public autour du verdissement de l'activité aérienne, organisé par ADP, n'était qu'enfumage. Les opposants au projet de développement d'ADP ont exprimé leur opposition au cours d'une séance de clôture houleuse dont Reporterre nous fait le compte-rendu.

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Merci à Reporterre pour cet article qui relate fidèlement ce qui s'est passé à la séance de cloture du débat public lancé par ADP. Nous commen-cerons par faire justice de l'accusation de Pierre Abraham qui dit : « Est-ce qu’il y a des gens qui veulent continuer le dialogue et un débat constructif ? Car nous avons organisé 85 réunions pour cela et ces gens n’ont pas voulu débattre ». Nous voulons seulement rappeler à monsieur Abraham que, sur l'ensemble des réunions publiques, aucune n'a été organisée dans une commune de la vallée de Montmorency. Cette carence criante, qu'il nous est permis d'attribuer à la peur d'affronter des riverains particulièrement concernés sur les nuisances aériennes, a été "compensée" sur le tard par un rassemblement à la sauvette sur le parvis de la mairie de Soisy, sans le débat et les projections auxquels avaient eu droit les autres réunions. Cette façon particulièrement cavalière de traiter ses interlocuteurs devrait, s'il avait un minimum de capacité d'autocritique, dissuader  monsieur Abraham de donner des leçons en matière de "dialogue constructif". 

Une récente contribution à ce blog s'inspirait de celle du CPTG, officiellement publiée sur le site de la consultation publique. Elle faisait état de l'accent mis sur la décarbonation des activités au sol, nécessaire mais dérisoire en comparaison des émissions émises par les avions en vol car un simple calcul à partir de données fournies par Internet montrait que, sur les seuls vols Paris-New York au départ de Roissy, le coût énergétique de cette activité était cinq fois supérieur à celui de l'activité au sol. Or, pour la décarbonation des vols, deux mesures sont mises en avant par ADP. La première est la mise en service de l'avion à hydrogène. Il est pour le moins étrange de voir ADP mettre en valeur des solutions qui ne dépendent pas de lui, mais de la capacité d'Airbus à fabriquer cet avion qui, au demeurant, ne sera pas utilisable pour les longs-courriers. La deuxième est l'utilisation d'agrocarburants destinés à remplacer progressivement les carburants fossiles. La contribution du CPTG avait interrogé, sans obtenir de réponse, sur le "rendement énergétique" de la fabrication de ces carburants. Or un rapport récent, possiblement ignoré des dirigeants d'ADP parce que publié très récemment, nous apprend que la fabrication des agrocarburants émet 16% de gaz à effet de serre en plus que la production des carburants classiques, sans parler de l'impact de la déforestation pour la fabrication de ces carburants. Il est donc illusoire de compter sur ces carburants pour décarboner.

Enfin, l'arnaque des arnaques : cette nouvelle extension va créer des emplois ! Il y a longtemps qu'ADP n'en crée plus et, avec l'avènement de l'intelligence artificielle, la tendance est à la perte. Et, ceci, les dirigeants d'ADP ne peuvent pas l'ignorer !

C'est ainsi tout l'enfumage mis en place par ADP qui se décompose sous nos yeux et n'amène qu'à une évidence : avec les 19% d'augmentation du trafic annoncés, ADP se moque comme de la première chemise de ses dirigeants des conséquences de son activité sur le climat et la santé publique. Alors, pourquoi accorderions la moindre importance à leur verbiage médiatique ?

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