La majorité s'affole : la fin du quinquennat approche et les seules courbes qui se sont inversées sont celles de la natalité, descendue à 1.9 enfants par femme, et celle de l'espérance de vie moyenne ! Or Hollande ne se représentera que si la courbe du chômage est durablement inversée - tout au moins le promet-il, mais comme on peut mettre quiconque au défi de citer une seule de ses promesses de campagne qu'il aurait tenue, rien n'est sûr. le remède : mettre 500000 chômeurs en apprentissage, pour diminuer les statistiques du chômage au moins le temps d'une campagne. La politique de Gribouille des emplois aidés n'a jamais eu de résultat positif et il le sait ! Mais un maquillage des statistiques lui permettra de se représenter sans avoir l'air de se dédire. S'il a décidé de prendre les électeurs pour des cons, il économiserait du temps et de l'énergie en le disant clairement. Reste à savoir si ceux-ci apprécieront !
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Autre mesure "phare" pour stimuler l'emploi : partant du principe que les sociétés esclavagistes sont, tout compte fait, des sociétés de plein emploi, on va accorder au patronat tout ce qu'il désire afin de le pousser à embaucher. Cela a déjà donné un Crédit d'Impôt Compétitivité Emploi (CICE) accordé à des entreprises qui se sont empressées de le redistribuer à leurs actionnaires, Cela a également donné le Crédit Impôt recherche (CIR) accordé, entre autres, à SANOFI, qui a perçu ce pactole alors qu'elle ferme des laboratoires et licencie des chercheurs ! Cela a donné l'inversion de la hiérarchie des normes, qui donne la primauté aux accords d'entreprise avant les accords de branche et même la loi. Cela n'a rien d'anodin car cela signifie que l'état, qui, au moyen des lois sur le travail, avait un rôle régulateur sur une relation employeur-employé marquée par un rapport de subordination, se défausse de cette prérogative sur les entreprises, avec les conséquences que l'on peut imaginer.
Pour expliquer la montée du chômage, le bouc émissaire tout désigné est le code du travail, dont la lourdeur est prétendument un frein à l'embauche. Alors on crée une commission censée réfléchir à un dégraissage de fond, sous l'égide d'un homme auréolé de son combat victorieux contre la peine de mort, mais n'ayant aucune compétence reconnue en droit du travail et clairement manipulé !
En attendant, il faut agir : les lois Macron ont déjà lourdement taillé dans le vif, en matière de représentation du personnel, de possibilité d'action des Comités d'Entreprise, de contrôle des inspections du travail en matière de plans sociaux, de repos dominical, mais, comme Gattaz en veut toujours plus sans accepter la moindre contrepartie, on va encore plus loin avec le projet de loi El Khomri.
Ces nouvelles dispositions offre aux employeurs la possibilité de faire travailler les salariés jusqu'à 60 heures par semaine, en augmentant aussi la durée du travail des apprentis, ce qui permettra aux patrons peu scrupuleux d'exploiter cette main d'oeuvre sous-payée (le tiers du SMIC la première année), en diminuant la rémunération des heures supplémentaires. Et le législateur écrit sans rire que la durée légale du travail reste de 35 heures, mais qu'est-ce que cela signifie en regard des dispositions de cette future loi ? Il est complètement irrationnel et irréaliste de prétendre que ces mesures vont dans le sens de la création d'emploi, mais c'est pourtant ce qu'essaient de faire croire le MEDEF et le gouvernement.
D'autres clauses de la loi sont commentées par un rapport émanant des économistes atterrés : l'inversion de la hiérarchie des normes est confirmée et commentée ; la possibilité de contourner les syndicats par référendum, dont les conséquences sont analysées ; l'encadrement des indemnités prud'homales par un barème dépendant de l'ancienneté du salarié, mesure qui revient sur le métier, polie et repolie pour la rendre acceptable par le Conseil Constitutionnel.
Sur le terrain, ce projet de loi, contesté à des degrés divers par l'ensemble des syndicats, pourrait bien susciter un rejet comparable à celui du Contrat Première Embauche du temps où Villepin était premier ministre. Du côté de la majorité, un collectif rassemblé autour de Martine Aubry, s'est déjà exprimé contre le projet, qu'il considérerait comme une tache indélébile sur le quinquennat de François Hollande. Le parti Nouvelle Donne a lui aussi clairement motivé son opposition, observant au passage que son plan de lutte contre le chômage rédigé en cinq points, n'a jamais été débattu. Enfin, dans l'opinion publique, la pétition lancée par Caroline de Haas contre le projet avait rassemblé, au jour où ce billet est écrit, plus de 700000 signatures.
Mais ce que dénonce Nouvelle Donne, justement, c'est la méthode Valls, cautionnée par Hollande : avec ses prétentions de "démocratie sociale", il n'accepte pas le débat et va même jusqu'à dire qu'il ira jusqu'au bout de sa réforme quelle que soit l'opposition et, sans aucun doute, il ira pour cela jusqu'à utiliser le 49-3, comme il l'a déjà fait avec la loi Macron. La seule façon d'enfin mettre au pas ce sinistre individu : que les "frondeurs" prennent enfin le risque de lui signifier son congé en votant la motion de censure qui s'en suivra. Après la tribune de Martine Aubry, ils ne seront crédibles qu'à ce prix.
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