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Billet de blog 28 novembre 2024

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La COP 29, une coquille vide en regard de l'urgence climatique

Les COP , plus que jamais,  font figure de bavardages et de palabres impuissantes et la dernière ne fait pas exception. Cette année, elle s'est focalisée sur un accord financier contesté par les pays en développement. Et la COP 30 devra faire face à une nouvelle menace de retrait des accords de Paris, par le nouveau locataire de la Maison Blanche.

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C'est dans le contexte d'une augmentation des émissions carbonées que s'ouvre la COP 29 de Bakou : le Global Carbon project fait état d'un accroissement de 0,8% des émissions d'origine fossile, portant à 37,4 milliards de tonnes le CO2 rejeté dans l'atmosphère. Et un scientifique prévient : sur la trajectoire actuelle, c'est en 2024 que le seuil fatidique de 1,5°C de réchauffement, fixé par les accords de Paris, sera dépassé. Et, si rien ne change, il le sera de façon permanente dès 2030 et  c'est à plus de 3°C à la fin du siècle qu'il faut s'attendre.

Les courbes ci-dessous, élaborées par le Global Carbon Project, montrent l'évolution de ces émissions, par pays (globalement et par individu) et par nature de fossiles (charbon, gaz, pétrole). 

Illustration 1
Source : Global Carbon Project

La vue de ces graphiques pourrait amener la Chine dans le box des accusés, avec ses 32% de part dans les émissions de CO2. Il faut pourtant tempérer ce constat par la notion "d'émissions importées", qui mentionne la responsabilité de chaque pays importateur des produits chinois, car, en tenant compte de ces émissions importées, l'empreinte carbone d'un européen est du même ordre de grandeur que celle d'un chinois. 

C'est dire l'urgence de la situation climatique alors que s'ouvre la COP 29 à Bakou, affublée par l’Écho du surnom de "COP finance" en raison d'une absence de débat sur les moyens de revenir dans les clous des accords de Paris et sur la part de chacun pour y parvenir. De fait, parmi les "six points a retenir de la COP 29", on relève d'abord une aide aux pays pauvres qui passe par un engagement de 300 milliards d'aide annuels contre 100 milliards depuis 2009. Ce n'est pas, comme le font valoir certains de façon fallacieuse, un triplement de l'aide, mais un simple réajustement en fonction de l'inflation, dénoncé par le journaliste Frederic Rohart dans un éditorial de L’Écho, : "l'effort réel supplémentaire n'est que de quelques dizaines de milliards".

Ceci est perçu à juste titre comme une aumône en comparaison des 1300 milliards par an préconisés par un groupe d'experts indépendants et revendiqués par les pays pauvres. L'appel non contraignant "à tous les acteurs publics et privés" à concrétiser cette aide d'ici 2035  ne satisfait ni dans sa mise en place, ni dans son délai car d'ici 2035, les catastrophes naturelles ont tout loisir de s'amplifier, comme elles le font aujourd'hui d'année en année. 

Le magazine Alternatives Économiques, sous le titre "le piètre bilan de la COP 29", dénonce la vacuité de cette grand-messe du climat et confirme la "focalisation" sur les décisions d'ordre financier. Pour l'auteur de cet article, "il ne s'est pratiquement rien passé du 11 au 22 novembre, à une exception près" : l'adoption, le jour de l'armistice de la Grande Guerre, des règles encadrant la mise en oeuvre du quatrième paragraphe de l'article 6 de l'accord de Paris, qui mentionne, sans en détailler les règles, l'éventualité de mesures d'atténuation.

Le texte élaboré par la COP 29 précise la possibilité pour les pays riches de financer des projets bas carbone dans les pays pauvres, non sans contrepartie puisque, en retour, leur seront attribués des crédits carbone qui leur permettront d'alléger de façon virtuelle leur bilan carbone. On retourne ici dans la polémique autour des compensations carbone, assimilées par Jean-Marc Jancovici au système des indulgences qui permettaient d'acheter son paradis. 

D'année en année, il apparaît qu'il n'y a rien à attendre des COP. Ce sera encore plus avéré l'année prochaine en Europe, où les difficultés budgétaires feront, une fois de plus, passer les préoccupations climatiques au second plan. Et puis, le retour à la Maison Blanche du climatosceptique le plus puissant du monde, inaugurera une politique de forages débridés et un nouveau retrait probable des États-Unis de l'accord de Paris.

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