On doit lui en donner crédit : madame Sibeth Ndiaye, aujourd'hui porte parole du Gouvernement, est transparente sur au moins une chose : son statut de menteuse professionnelle. N'a-t-elle pas déclaré froidement à un journaliste de l'express en 2018, lorsqu'elle n'était que conseillère de presse à l’Élysée : "j'assume totalement de mentir pour couvrir le Président" ? Cette phrase était déjà prémonitoire de ce qu'allait devenir le quinquennat : une vaste opération pour museler les oppositions de toute nature, en commençant par les corps intermédiaires et en s'attaquant, ensuite, à la libre information.
Car on est un menteur beaucoup plus efficace lorsqu'on s'attaque aux journalistes d'investigation, ces fouille-merde qui empêchent de mentir en rond ! Alors on commence par promulguer une loi "sur le secret des affaires", pour bien marquer que les journalistes qui voudraient s'attaquer aux lobbies qui, comme Bayer-Monsanto, soutiennent financièrement l'ALDE (groupement du parlement européen dont fait partie LREM) le font désormais à leurs risques et périls. Selon les termes de Médiapart, c'est l'Omerta sur les entreprises voulue par les lobbies. Cela s'avère d'une gravité extrème car, sous l'emprise de cette loi, les révélations d'Elise Lucet sur la nuisance de Monsanto et concurrents n'auraient jamais vu le jour.
Le pouvoir part en guerre contre le secret des sources, avec une nomination qui fait polémique, celle de Rémi Heitz comme procureur de Paris. Il a tout de suite donné la pleine mesure de son inféodation au pouvoir en inventant, à l'encontre des manifestants Gilets Jaunes, une nouvelle notion juridique que l'on pourrait appeler la garde à vue préventive. A-t-il reçu expressément la mission de mettre la Presse au pas ? En tout cas, il fait comme si et avec un zèle louable : un de ses premiers actes a été, on s'en souvient, une tentative de perquisition au siège de Médiapart. La tentative a fait long feu, car ce n'est pas lui qui délivre les mandats de perquisition et il n'en avait pas. La Direction du journal en ligne avait donc toute possibilité de s'opposer une intrusion des enquêteurs dans ses locaux qui avait pour seul but de faire main basse sur ses sources et c'est ce qu'elle a fait.
Mais ce n'était qu'un prélude à une attaque beaucoup plus générale : d'abord contre les journalistes qui font leur métier sur le terrain : "nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité", déclaration qui ne manque pas de sel venant d'un roi de la Fake New ! Alors pour les remettre dans le droit chemin et les obliger à chercher la (sa) vérité, le Président utilise d'abord des moyens classiques (interdiction de conférence de presse aux journalistes pas bien en cour). Mais comme cela ne suffit pas, Macron préconise de "financer des structures qui assurent la neutralité [de la presse]. Que pour cette part-là, la vérification de l’information, il y ait une forme de subvention publique assumée, avec des garants qui soient des journalistes". C'est la censure qui fait son grand retour dans les salles de rédaction !
Et, derrière la censure, il y a la dictature qui pointe insidieusement son vilain museau. Mais celle à laquelle aspire Baby Erdogan n'est que la courroie de transmission d'une autre dictature, celle que prétend nous imposer les lobbies qui veillent aux intérêts du capital et de la finance, au prix d'une destruction massive de l'environnement.