Monsieur le Préfet
Dans quelques mois, vous aurez à vous prononcer sur une déclaration d'utilité publique concernant le Boulevard Intercommunal du Parisis (BIP). En tant qu'habitant d'une ville qui serait fortement impactée par ce projet, je vous prie de bien vouloir trouver dans la présente lettre mes observations concernant le BIP.
Les arguments contre le BIP : il s'agit d'un projet qui date d'avant la guerre et qui ressort soudainement des cartons, sans qu'il soit tenu aucun compte de données qui ont considérablement évolué : on veut construire cette voie rapide dans des villes dont la densité de population a fortement augmenté, sans tenir compte des facteurs environnementaux dans un secteur déjà très impacté par les nuisances routières et aéroportuaires, passant à proximité de trente écoles avec bruit et pollution garanties pour les élèves, en altérant encore un peu plus une biodiversité menacée par tous les projets de bétonisation du territoire. Si les autorités départementales voulaient rendre l'est de notre département inhabitable, elles ne s'y prendraient pas autrement.
L'utilité publique de ce projet apparaît plus que discutable : le Conseil Départemental veut nous faire croire que le BIP est conçu pour les citoyens, pour leur faciliter les déplacements, bien que les études qui ont été pratiquées ailleurs montrent clairement que la création de nouvelles voies rapides provoque un afflux de circulation qui annule les avantages que l'on pensait en retirer et qu'à l'inverse, la suppression d'une voie rapide existante amène à une diminution de la circulation automobile. De plus, on a du mal à discerner quelle peut être l'utilité publique d'un projet qui, selon les données même de l'INSEE (citées par Jacqueline Lorthiois) , n'attirerait que moins de 3% des migrations domicile travail du secteur.
Par contre, on ne peut que faire la relation entre le projet d'ouverture du méga-entrepôt Greendock à Gennevilliers et la création de cette autoroute quatre voies : La circulation induite par la création de cette autoroute serait principalement un défilé permanent dans les deux sens de véhicules utilitaires à fort pouvoir polluant, entre le port de Gennevilliers et les zones d'activité de Roissy. Encore une fois de plus, sous l'influence de lobbies puissants, la santé et le bien être des riverains seraient sacrifiés aux intérêts économiques d'Amazon et de Fédex. Comment peut-on parler d'utilité publique dans un tel contexte ?
Monsieur le Préfet, imaginons un moment qu'une autoroute de liaison soit créée entre l'A6 et l'A13, passant au pied de la Tour Eiffel. Combien de temps, à votre avis, faudrait-il pour que les habitants des quartiers riches de Paris fassent annuler le projet en usant de leur influence ? C'est pourtant ce que le Conseil Départemental prétend imposer aux habitants de huit communes du Val d'Oise, en se gardant bien de demander leur avis aux populations concernées, car les enquêtes menées par les associations montrent qu'il serait négatif dans la majorité des communes concernées.
Nous conclurons en citant l'article 1 de la charte de l'environnement qui nous dit que chacun a le droit de vivre dans un environnement sain et respectueux de la santé, le mot "chacun" excluant par ailleurs toute notion de majorité et de minorité. Le projet qui nous concerne augmentera encore l'incidence de l'asthme chez les enfants scolarisés le long du trajet (plus de 10000) et la mortalité cardiovasculaire chez les plus âgés. Tous les français le paieraient en termes de coût pour la protection sociale. Voilà pourquoi ce projet ne doit pas être déclaré d'utilité publique et voilà pourquoi, en tant que citoyen, je vous demande de refuser cette déclaration.
Je vous prie d'agréer, monsieur le Préfet, l'expression de mes salutations distinguées.
PETITION A SIGNER CONTRE LE BIP : https://agir.greenvoice.fr/petitions/non-au-projet-routier-du-bip-oui-a-la-preservation-des-espaces-naturels