La justice, après avoir été condamnée (par elle-même !) pour déni de justice, ouvre (enfin) un procès sur des faits vieux de 30 ans, au mépris du principe du droit à être jugé, pour les personnes poursuivies, et de voir sa cause entendue, pour les victimes, dans un délai raisonnable (un droit de l'homme).
Ce procès, pose en effet avant tout la question du (dys)fonctionnement de la justice.
La lenteur judiciaire de cette affaire est inadmissible et inexplicable comparée à la précipitation de l'afffaire d'Outreau, où la même justice française n'a pas hésité à mettre de nombreuses personnes en prison et les condamner - à tort - dans la foulée, sans oublier que l'une d'elle, François Mourmand, est morte des mauvais traitements qui lui ont été prescrits par des médecins et imposés par l'administration.
La mise en perspective des deux affaires montre que l'une met en cause un notable à la mode et l'autre des provinciaux anonymes. Il n'en faut pas plus pour penser que la notoriété et l'entregent - le réseau - rend la justice pusillanime et qu'elle se rattrappe sur le dos des sans-grade.
Une telle contradiction impose aux pouvoirs publics de s'expliquer, d'autant que l'affaire du "Karek Ven" (l'école en bateau) met en cause une personne déjà connue pour être apparue dans une affaire qui fit scandale, l'affaire du "Coral".
La pédophilie en France relèverait même des intérêts supérieurs de la Nation. L'affaire "Zandwoort" aurait été couverte par le secret-défense (!) après qu'il apparut que des personnalités y soient mélées.
Le monde de l'enfance serait si sensible en France qu'il faut couvrir les turpitudes des adultes du secret-défense (lequel n'est pas absolu selon la décision CEDH Stohl) ou, comme dans l'affaire de "l'Arche de Zoé", soulève des implications avec des association de recherches.
L'affaire de l'Yonne, l'affaire Estelle Mouzin témoignent d'un même manque de volonté de l'Etat, que dénoncent des enfants de magistrat douteux.
Pourquoi une telle inertie au pays des comparutions immédiates et de l'abattage judiciaire ?
Voilà la question essentielle de ce procès à laquelle il n'appartient pas aux juges de répondre mais au politique de s'expliquer.
Il appartient en effet à l'exécutif et au législatif français d'assurer l'effectivité des droits de l'enfant tels qu'ils sont consacrés dans la Convention relative aux droits de l'enfant que la France a ratifiée le 7 août 1990.
L'affaire du Karek Ven démontre, une fois encore, que les pouvoirs publics ne s'y appliquent pas. La "parole" de la France ne vaut donc rien.
La justice française, quant à son budget et ses moyens comparée aux autres pays membre de l'OCDE, est l'une des dernières. La pédophilie, comme la corruption, n'intéressent pas les autorités.
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Sur le Net à propos des dysfonctionnements de la justice du fait de l'exécutif :
Déni de justice, pour une réforme de la justice
Affaire Borrel : « Chirac a tout fait pour étouffer les choses »
L'OCDE épingle la France dans la lutte contre la corruption
L'OCDE juge la France trop clémente contre la corruption
L'OCDE critique la France sur la lutte anti-corruption