Une nouvelle femme a rejoint cette semaine notre petit cercle de jeux de mots au sein de la Maison des femmes de Saint-Denis (93). Pour la familiariser avec nos travaux d’écriture, nous avons repris notre arbre du premier jour où, autour de citations d’autrices, nous avions sélectionné les mots qui nous importaient ou qui étaient particulièrement signifiants pour chacune. Avec ceux que nous avions en commun, nous avions dessiné des racines, un tronc, des branches et des feuilles.

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La consigne ensuite était d’écrire un texte en utilisant des éléments de l’arbre, plus les autres mots que seules nous avions choisis, qui nous importaient donc mais ne se retrouvaient pas dans l’arbre.
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En utilisant les mots de l’arbre + les mots ou expressions : « âme », « combat », « soleil », « ma vie », « jour après jour », « ramener à la vie ».
« Toute ma vie, j’ai bataillé à chaque instant pour tout, J’ai mené de durs combats et oscillé entre ombre et lumière constamment. Jour après jour, j’ai dû tomber puis me relever, cherchant sans cesse la lumière, allant à la rencontre du soleil qui illuminera mon chemin pour me ramener à la vie.
Malgré mes débordements de l’âme, mes joies et mes peines plus nombreuses que de raison, je me sens maintenant assez forte pour me tenir enfin debout et libre devant vous et coucher ce petit texte ne laissant découvrir qu’un peu de ma route parcourue avec pudeur et humilité.
Malgré les éclaboussures de la vie, je m’émerveille et essaye de faire rayonner ma lumière à côté d’autres. »
En utilisant les mots de l’arbre + les expressions « ce qui me plait » et « toutes seules »
« Ce qui me plait, c’est la lumière du combat. Toutes seules, nous deviendrons des femmes libres, des merveilles d’avenir. »
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En deux heures de temps, nous avons pu entamer notre deuxième jeux d’écriture, celui sur les définitions subjectives, car chaque mot, au delà du sens que lui donne le dictionnaire, résonne en nous de façon particulière.
Ainsi, autour du mot « éclaboussure », nous avons écrit :
⁃ Fait d’éclats qui jaillissent et qui peuvent ou non laisser des traces.
⁃ Petites touches laissées par la vie
⁃ Ce qui explose quand on salit ses chaussures en sautant à pieds joints dans une situation.
⁃ C’est comme une tache que l’on se fait, de petite taille, insignifiante comme ce qui devait rester infiniment petit et voué à partir au lavage, comme autant de bassesses dans les actes que l’on reçoit, il faut les laisser à l’état d’éclaboussures.
Sur un autre registre, adolescente, à la sortie du lycée un jour de pluie dense, j’ai couru pour attraper le bus qui se trouvait à l’arrêt avec une bonne partie de mes camarades dedans. Et j’ai trébuché sur l’esplanade, faisant un « aquaplaning humain » devant tout le monde, et au lieu de me sentir éclabousser par la honte, l’autodérision et l’humilité, mes deux meilleures amies et meilleures armes m’ont aidée à m’asseoir dans la boue, aux yeux de tous, et trempée de la tête aux pieds, à avoir l’un des plus grands fous rire de mon existence.
⁃ Qui « feu d’artifice » dans du liquide
⁃ Qui mouille par petits éclats, sans prévenir
⁃ Souvent surprenant, parfois désagréable, de temps en temps raffraichissant.
Autour du mot « découverte » :
⁃ Action d’être comprise
⁃ Avoir perdue sa couverture
⁃ S’exposer avec risques et périls, succès et magnificence.
⁃ A qui on a retiré ses couverts et qui après avoir mangé avec les mains, maintenant dévore à pleines dents.
⁃ Quand le génie d’un chercheur peut changer le monde.
⁃ Se balader ainsi par temps froid et tu chopes la crève.
⁃ Les choses qu’on n’aurait pas dû voir, pas savoir.
⁃ Ça peut aussi mener à des merveilles quand on fouille.
⁃ Ce que l’on trouve au détour d’un chemin de vie ou non. Elle peut-être bonne ou mauvaise, être un cadeau ou une leçon. Mais la plus belle découverte à mes yeux, pour toujours, c’est se découvrir soi-même. Quelle belle aventure !
Chaque jour passé, il faut apprendre, découvrir des choses, n’est-ce pas là le vrai sens de la vie ? Cette quête conduit à l’émerveillement, au bonheur à tout niveau et est ennemi de l’ennui. C’est une philosophie de vie, soyons curieux de tout et découvrons !
Comme le jour où je me suis découverte mère, probablement ma plus belle découverte au monde jusqu’à mon dernier souffle.
⁃ Pour Christophe Colomb, c’était l’Amérique.
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L’atelier « Prendre mots » vise à permettre aux femmes vulnérabilisées et victimes de violence, prises en charge dans le parcours de soin de la Maison de femmes de l’hôpital Delafontaine, de s’exprimer dans le cadre d’exercices d’écritures encadrés. Ce n’est pas un groupe de parole mais une espèce de cercle de jeux de mots, animé par la photographe et autrice Louise Oligny, la dessinatrice, créatrice et autrice Clémence du Pontavice et la journaliste Sophie Dufau. Pour retrouver tous nos posts, cliquez ici.