Le Mexique a présenté son candidat pour la direction du FMI : il s'agit d'Agustín Carstens, gouverneur de la banque du Mexique, formé à l'école de Chicago. Un monétariste pur jus que Mexico veut présenter comme l'homme du tiers-monde. Retour sur son parcours.
Paradoxe. Au même moment où Christine Lagarde a présenté sa candidature au FMI en insistant sur l'importance d'aider le Moyen-Orient et l'Afrique, de l'autre côté de l'Atlantique, la presse mexicaine encense Agustín Carstens, actuel gouverneur de la Banque du Mexique et ancien directeur adjoint du FMI, en oubliant de préciser sa ligne politique : c'est un ultra orthodoxe. Surnommé « docteur petit rhume » au Mexique, Carstens s'est ridiculisé pour avoir minimisé la crise économique en provenance des Etats-Unis. Alors qu'il était ministre de l'Economie du Mexique, il a déclaré: « On dit toujours que lorsque le Mexique souffre de pneumonie lorsque les Etats-Unis s'enrhument, je pense que cette année nous n'aurons qu'un petit rhume ». Le pays connut une récession de 6%... (Et l'épidémie de grippe H1N1 ! )
Mais il serait trop facile d'attaquer Carstens sur sa myopie qui est l'apanage. Après tout, qui est capable de prédire une crise économique grave ?
Non, ce qui inquiète, c'est que le Mexique pousse au FMI un véritable Chicago boy endoctriné au monétarisme le plus pur. Carstens, ou 200 kilos d'orthodoxie derrière un masque tiers-mondiste. A la tête du ministère de l'Economie et des Finances du Mexique ("Hacienda") pendant la crise, il a impulsé une politique procyclique : argent cher, augmentation de la TVA, pas d'investissements publics... Pour le Nobel d'économie Joseph Stiglitz, le Mexique a mené la pire politique économique durant la crise.
Formé à l'Université de Chicago, Carstens, 53 ans, a tout pour accéder à la tête du FMI : les diplômes, le prestige d'avoir été directeur général adjoint du FMI entre 2003 et 2006 et des fonctions nationales de haut niveau : il a été ministre de l'Economie et il est actuellement directeur de la banque centrale du Mexique. Et surtout, il vient d'un pays émergent, à l'heure où le monopole européen sur la direction du FMI commence à agacer de toute part.
Le FMI va-t-il replonger dans l'orthodoxie ?
Carnet de notes :
Uruguay : déception après le rejet d'une proposition de loi anti-aministie. Les familles de victimes regrettent qu'à une voix près, la proposition d'abroger une loi qui amnistie les crimes de la dictature commis entre 1973 et 1985 restent impunis, soit rejetée.
Mexique : la jeune Marisol Valles, chef de la police à 20 dans un petit village du nord du Mexique, a avoué avoir fui au Mexique après des menaces. L'héroïne n'a pas pu tenir face à la peur constante de sortir et d'aller travailler.
Bolivie : les magistrats suprêmes seront désormais élus au suffrage universel après une première sélection par l'Assemblée nationale. C'est une première dans la région. La réforme a suscité une forte opposition dans le pays.
Mexico, 25 mai 2011.
Photo: Wikipedia.
Les chroniques précédentes:
Le Mexique interdit les narco corridos, ces chansons à la gloire des narco trafiquants.