De l'audace, de l'audace, toujours de l'audace, et la France est sauvée !
A la suite du discours de Danton, à la Convention Nationale, un sursaut national conduisit à la victoire de Valmy, le 20 septembre 1792, puis à la proclamation de la République Française.
L'audace a bien manqué, hier, au forum républicain sur les institutions du PS.
L'art du consensus qui avait marqué l'époque du premier secrétaire Hollande se poursuit.
Est-ce le mythe du "sauveur suprême" qui a poussé le Parti Socialiste à voter pour les propositions de Manuel Valls en matière de réforme institutionnelle ? En clair, cette défense du présidentialisme aurait-elle pour but de complaire au directeur du FMI qui devrait se déclarer, selon les rumeurs persistantes, comme candidat aux primaires socialistes ?
"Pour que tout reste comme avant, il faut que tout change" disait Tancredi Falconeri, dans "Il Gattopardo". Mieux vaut un roi Piémontais à un roi Napolitain, plutôt qu'une vraie République… Tout est dit.
Cette maxime qui semble faire son chemin à gauche. C'est ce que peut donner l'impression de ce replâtrage de la Ve République. En apparence on change plein de choses, mais on ne touche pas à l'essentiel, notre monarchie républicaine.
Voici les 10 mesures censées changer nos institutions :
1. Interdire aux parlementaires de cumuler leurs mandats avec un exécutif local.
2. Interdire aux ministres tout cumul de fonctions et prévenir les conflits d’intérêts.
3. Renforcer le droit de tirage relatif à la création des commissions d’enquête.
4. Inverser la règle des 3/5èmes pour les nominations faites par le président de la République
5. Modifier les règles de nomination du Conseil constitutionnel.
6. Nommer les présidents de l’audiovisuel public par un Conseil du pluralisme.
7. Renforcer les règles anti-concentration dans le domaine des médias.
8. Compter séparément les bulletins blancs.
9. Ouvrir le droit de vote aux élections locales aux résidents étrangers.
10. Associer des Jurys de citoyens aux travaux du CESE.
Que d'audace !
"Ce texte est donc une formidable régression du Parti socialiste vis-à-vis des réflexions qui ont jalonné les dix années écoulées" vient de déclarer Paul Alliès sur Médiapart.
Hier il nous rappelait les paroles de Pierre Mendès-France :
"la question institutionnelle est partie de la question sociale".
Arnaud Montebourg va beaucoup plus loin, et s'il propose une sixième République, c'est bien pour changer en profondeur notre pays et le faire enfin entrer dans le 21e siècle. C'est ce qu'il a déclaré hier, à 20 Minutes :
"Depuis quinze ans, je défends avec constance et patience la naissance d'une 6e République qui ne serait rien d'autre que la République des gens et non plus celle d'oligarchies minoritaires qui accaparent le pouvoir au profit d'intérêts particuliers. Si la gauche engagent de grandes reformes, elle ne pourra les ouvrir qu'en accord avec la population et non plus contre elle. La 6e République réalise cette réconciliation entre reforme et adhésion populaire".
Ses propositions sont audacieuses.
… Et c'est bien d'audace dont nous avons besoin.