Aujourd'hui de très nombreux syndicalistes, militants de gauche, écoeurés par l'expérience de 2002, par les positions d'Emmanuel Macron et par les reniements du PS se refusent à effectuer un choix clair pour le second tour de la présidentielle 2017 et espèrent que la France insoumise pourra, seule, constituer une alternative après le 7 mai. De leur côté, les (ir)responsables socialistes nous poussent à un vote d'adhésion à Emmanuel Macron et chercheront demain à faire partie d'une majorité libéralo-centriste en réalité alignée sur les positions de la droite en matière économique mais aussi de répression des mouvements sociaux et de régression écologique.
La discussion sur ce vote est en train de s'envenimer et par là de détruire tout espoir de consolidation d'une alternative de gauche autour du bon score de Mélenchon, qui reste pour l'instant insuffisant pour espérer peser au delà si la dynamique, qui a vu s'élargir ce vote au delà de la base des insoumis, est brisée.
Cette pétition n'a pas pour objet de dire comment chacun.e doit voter mais plutôt de recadrer les enjeux : non seulement le vote Macron de gauche ne doit pas être un vote d'adhésion ni évidemment un "chèque en blanc" mais il doit aussi s'inscrire dans un autre possible qui est de réconcilier la gauche antifaciste avec elle-même et avec des valeurs communes.
Hamon est sorti vainqueur de la primaire de la "Belle alliance populaire" qui n'était au départ qu'une opération pour faire triompher Hollande ou Valls comme "votes utiles", avec un projet visant à refaire battre le coeur de la gauche. Il est temps maintenant de nous approprier cette belle alliance populaire pour que de slogan creux elle ait une chance de devenir une réalité. Et elle ne peut le devenir que par un soutien populaire dans les consciences et dans les actes.
Pour rendre possible la construction d'un puissant mouvement ancré à gauche, nous, signataires de cette pétition, non membres de la France insoumise, nous engageons si une majorité de soutiens de la France insoumise rejoint le vote Macron pour battre Le Pen, soit à rejoindre une des composantes présentes ou futures de la France insoumise que nous essayerons d'aider à gagner les législatives au mieux de nos possibilités au niveau local et en essayant de convaincre d'autres sympathisant.e.s de gauche si c'est en notre pouvoir, soit à la soutenir par nos votes, soit les deux à la fois. Nous sommes pour une alliance populaire à même de reconstruire une gauche digne de ce nom, antifaciste, fraternelle, égalitaire, respectueuse de toutes les composantes de la société, ouverte sur les enjeux écologiques, de reconstruction de l'Europe et de solidarité internationale entre les pays et entre les peuples. Car c'est de cela que nous aurons besoin après le 7 mai et dès maintenant.
Pour signer : https://www.change.org/p/pour-une-v%C3%A9ritable-belle-alliance-populaire
Mise à jour (9/5/2017) : je vais probablement pour ce qui est de la pétition y mettre fin faute d'avoir dépassé une audience confidentielle. Je me suis inscrit hier sur le site des insoumis pour tenter de prendre au mot ceux qui annoncent que c'est là le grand mouvement populaire ouvert et pluraliste qui va refonder la gauche. Autour de moi, beaucoup ne pardonnent pas à Mélenchon de ne pas avoir davantage soutenu le vote Macron et à certains insoumis d'avoir plutôt fait la campagne du vote blanc ou de l'abstention. Pourtant, même si une nette majorité d'inscrit.e.s de jlm2017 ont annoncé voter blanc ou nul lors de la consultation annoncée, une bonne moitié ne s'est pas prononcée - ce qui, votes Le Pen à part, témoignait sans doute d'une réflexion et d'une attente (on était alors encore avant le débat de second tour). Chez l'ensemble des électeurs de Mélenchon du premier tour, les votes Macron ont été plus nombreux que les votes blanc (d'après un sondage Ipsos), les votes Le Pen ont représenté 7%. Enfin et surtout, Le Pen est largement battue. Même si je reste convaincu que la logique institutionnelle de la 5e République joue contre la construction d'une majorité parlementaire de gauche, beaucoup de choses peuvent dépendre de l'état de la gauche (je parle d'une gauche non ralliée à Macron) aux législatives, selon qu'elle sera divisée ou solidaire et capable de nouer des alliances. Au delà, les échanges de ces deux dernières semaines vont encore laisser des cicatrices : elles ont probablement éloigné nombre d'électeurs de Mélenchon et peut-être certains insoumis de ce mouvement et surtout élargi les incompréhensions entre les différentes composantes de la gauche. Faut-il laisser cette position sur le vote Macron dicter de futurs clivages et ne s'agit-il pas d'un piège tendu par tous ceux qui en ont pris prétexte pour présenter Mélenchon comme aveugle aux enjeux du second tour voir pour certains assimilé le vote nul à un soutien à Le Pen ? Je crois nécessaire au contraire de résister à ce durcissement de positions qui ont été au fond complémentaires et parfois inventives (comme ces appels à voter après 17h ou à former des binômes dont l'un.e votait Macron et l'autre blanc). Au fond, il faut réconcilier les électeurs de Mélenchon, qui ont majoritairement été voter pour Macron mais avec une forte minorité qui a voté blanc ou nul ou s'est abstenue et un consensus pour rejeter Le Pen et ne pas laisser Macron mettre demain en oeuvre une politique qui poursuivrait ou aggravait celle de Hollande et des législatures précédentes. Si ma participation peut aussi permettre d'aller dans le sens de cette réconciliation...