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Billet de blog 23 novembre 2025

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Parlons autrement de sécurité

La sécurité, voilà une thématique politique qui marche, qui parfois devient prépondérante en périodes électorales, souvent au détriment des libertés.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les élections municipales approchent et ces questions sont prégnantes : effectifs et armement des polices municipales, vidéo-surveillance, c'est la course à l'échalotte.

L'insécurité est d'abord une insécurité de classe (voir mon précédent article ici ) et de genre (la domination masculine). On peut alors retourner la proposition : le fonctionnement de la société telle qu'elle est génère du mal-être et du mal-vivre, pouvant causer des déviances ou des addictions. Le traitement des causes, l'éducation, la prévention et le souci d'autrui sont la meilleure manière d'éviter de violentes et tristes situations. Police et justice ne traitent que les conséquences, mais peuvent aussi aggraver les causes, car confortant l'ordre social existant.

Il faut documenter et dénoncer certaines pratiques, les armes de « maintien de l'ordre » souvent létales ou invalidantes, les logiciels intrusifs comme ceux de reconnaissance faciale déjà utilisés lors des JO, les abus de pouvoir ou certaines « missions » telles que les contrôles et interpellations au faciès, la police aux frontières, la rétention ou la répression contre des manifestant-es. Quant à la politique du tout-carcéral, elle est une réponse populiste et assumée du pouvoir face à un « sentiment d'insécurité », relayé et exacerbé par les médias du fait divers : elle est autant coûteuse et inefficace qu'indigne et inhumaine.

Une décroissance (pour rester modeste) des forces de l'ordre, de leurs prérogatives et missions serait bienvenue (de manière à ce qu'elles répondent juste à la définition de « gardiens de la paix »), mais nous savons que nous sommes à contre-courant sur cette position, difficile car elle est fondée sur un souci éthique, de l'intervention et des exigences sociales.

Utopique ? Quelques pistes simples d'intervention, si on s'en sent la force. Il ne s'agit pas de devenir des auxiliaires de police, encore moins une milice, mais agir selon quelques principes : empêcher, protéger, apaiser (empêcher une atteinte à la personne et à sa dignité, protéger cette personne, et quand c'est possible, apaiser et désamorcer un conflit qui s'envenime). Il ne s'agit pas de se mettre soi-même en danger face à quelqu'un d'agressif, mais de dire « arrête ! » ou « calme-toi ! », une sorte de « contrôle social » non-violent. Mais reconnaissons que ça reste limité à nos lieux de vie, de transport, de travail. A défaut, si la médiation échoue, que l'affaire tourne au vinaigre et que quelqu'un-e est en grave danger, on se résoudra à appeler les secours, dont la police, même si nombreuses sont les raisons de la redouter et/ou la détester.

Tout s'articule entre responsabilité individuelle (nos comportements personnels et leur portée) et responsabilité collective (agir ensemble pour atteindre un objectif commun). Les deux sont nécessaires et se complètent. Exemple basique : le Code de la Route, une convention généralement admise. Si je (me) conduis bien, je permets la sureté des autres usagers-ères, qu'iels soient automobilistes, cyclistes, piétons, etc. En retour, on attend des autres usagers-ères une égale attention, ne serait-ce que par intérêt bien compris. Si tout le monde jouait le jeu, le nombre d'accidents graves serait considérablement réduit et les forces de police et gendarmerie en seraient d'autant plus réduites.

L'extrapoler à l'ensemble de la société est hélas aujourd'hui difficile à imaginer, tant règne une situation d'oppression sociale, avec d'un côté la concentration de la propriété et des richesses, de l'autre beaucoup d'individualisme, d'acceptation de la compétition de tous/tes contre tous/tes et de soumission volontaire à la force étatique. Notre responsabilité collective est de démontrer que tout ceci n'est pas inéluctable et de donner envie de lutter. Dans un monde plus égalitaire, donc plus sûr, on réduirait d'autant les forces de répression. Mais il est certain que le vieux monde résiste et résistera par tous les moyens, la répression, mais aussi les idéologies rances et surtout la division, le racisme, le nationalisme et la guerre étant ses outils de prédilection.

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