
On n’est pas à Peshawar, ni à Kaboul, mais, on est bien dans la Tunisie de la Révolution de jasmin, à la cité Ettadhamen, dans la banlieue de Tunis, lors d’un meeting salafiste*, en mai 2012, à l’époque où le parti islamiste tunisien Ennahdha [anciennement appelé Mouvement de la tendance islamique (MTI)] était au pouvoir, parti dont Rached GHANNOUCHI est le président-fondateur.
Souvenez-vous de la vidéo fuitée de Ghannouchi 1),
Ce terroriste 2) qui, jusqu’à ce jour, n’est pas blanchi,
N’a pas été jugé et ne s’était pas repenti,
Complotant décontracté, sur son fauteuil avachi
Planifiant, calmement, avec ses barbus obscurs appuis
Représentant les partisans du Mouvement salafi
Qu'il appelle affectueusement ses enfants bénis
Presque tous, à l’ombre des ailes d’Ennahdha, ont grandi
Annonciateurs d’une divine nouvelle culture, a-t-il dit
En avouant se reconnaitre en ces habillés à l’afghani 3)
À l’exemple de leur leader Abou Iyadh al-Tounsi *
Ancien militant d’Ennahdha, au temps où il s’appelait MTI
Tué, cette année, par un drone américain, en Libye
Planifiant, dis-ai-je, avec ses barbus obscurs appuis,
Le noyautage des structures républicaines du pays,
L’armée, la police et la haute administration, aussi,
Avec machiavélisme, désinvolture et mépris
Envers toutes les valeurs qui nous ont jusqu’alors réunis,
Qui nous ont, pour le vivre-ensemble, tellement appris,
Lui qui joue à l’islamiste modéré, jusqu’aujourd’hui
Attitude qui lui a valu plein d’honneurs, plein de prix
De la part de cet Occident qui n’a toujours pas saisi
Qu’être islamiste et modéré reste une antinomie
Et, ce fut la culture de la mort et de la barbarie
En guise de la culture annoncée dans sa prophétie
Pratiquée par des monstres inhumains, abrutis
Par les promesses de la luxure au Paradis
Avec ses ruisseaux de vin, de miel,... et ses houris
Culture sous-tendue par une idéologie cherguie
Fantasmant sur la femme-objet, dominée, asservie
Raffolant de tortures, de sévices et de sanguis
Portée par Daech dont font partie ses enfants chéris
Qui ont assassiné Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi 4)
Nos policiers, nos soldats, aux environs du Djebel Chambi
Du Kef, de Sidi Ali Ben Oun, de Kasserine,…, de Meknassi
Sans oublier notre garde républicaine, notre gendarmerie
Sans oublier le tout jeune berger Mabrouk Soltani 5)
Décapité le même jour que les Attentats de Paris
En ce 13 novembre, en ce sinistre vendredi
Ils lui ont ôté la vie en cette fin d’après-midi
Parce qu’il a refusé qu’ils lui prennent toutes ses brebis
Le comble de l’horreur et de la sauvagerie
C’est qu’ils ont mis sa tête dans un sac, ensuite remis
À sa famille, par l’intermédiaire de son ami
Âgé de quatorze ans, soit de deux ans moins que lui
Et, c’est ainsi que sa pauvre mère a compris
Le supplice qu’ils ont fait subir à son petit
Sans oublier les citoyens qui, de leurs mains, ont péri
Dont nos hôtes, ces touristes amoureux de notre pays
Qui mitraillé, qui égorgé, qui sauvagement meurtri !
Tous, lâchement assassinés par ces sanguinaires purs produits
De la complicité politique du régime nahdhaoui 6)
Or, ses enfants, ingrats, ont poussé l’ignominie
Jusqu’à attaquer l’ambassade des États-Unis
Ainsi que l’école américaine en Tunisie
En y faisant flotter le drapeau noir de l’EI 7)
Et, c’est depuis ce temps-là que Ghannouchi les renie
Par interviews, par discours, par prêches et par écrits
Mais, cela pourrait n’être qu’une simple stratégie
Dans la lignée de la Taqiya 8) et sa magie
Pour ne pas fâcher l’un des soutiens de son parti
Qui lui fournit appui politique et royalties 9)
Pour son rôle de garde-fou contre les régimes ennemis
Qu’ils soient nationalistes, de gauche ou proches de la Russie,
Les spectres de Nasser, d’Allende,…sont encore ici,
Et Mossadegh qui aurait pu nous éviter Khomeiny,
Alors qu’en vérité, il ne s’en est jamais départi
Comme le montre sa défense des imams interdits
De prêche pour avoir appelé au Djihad en Syrie
Ou bien pour avoir semé discorde et zizanie
Chez les citoyens, avec leurs sermons nourris
De haine et d’islam, à leur façon, redéfini,
Ainsi que celle des imams réputés takfiris
Directement ou via son parti, en catimini 10)
En conclusion, tous ces faits d’armes de Ghannouchi
Prouvent que, de son chemin, il ne s’est jamais défléchi
Et que, pour l’avenir de notre jeune démocratie,
Il sera dangereux demain, comme il l’est aujourd’hui
Salah HORCHANI
* Source de la photo :
http://kapitalis.com/tunisie/2015/10/23/terrorisme-120-familles-du-grand-tunis-salariees-de-daech/
Dans ce contexte, voir, aussi, la terrifiante vidéo ci-dessous, qui donne les frissons à tout démocrate qui la visionne, prise lors de la session 2012 du Congrès du Mouvement salafiste dirigé par Abou Iyadh al-Tounsi dont il est question dans le poème, Congrès qui a eu lieu à Kairouan le dimanche 20 mai, dans le voisinage immédiat de la célèbre Mosquée Oqba Ibn Nâfi’ et auquel ont assisté plusieurs hauts responsables et figures historiques d’Ennahdha, alors au pouvoir. Dans cette vidéo, on aperçoit des salafistes et leur lugubre drapeau noir, qui est, aujourd’hui, celui de Daech, perchés en haut de l’enceinte de ladite Mosquée.
http://www.youtube.com/watch?v=49hsA5EzFX8
https://www.youtube.com/watch?v=Y5-Ke3h6bEg
En outre, la vidéo ci-dessus reprend l’un des slogans les plus fortement criés par la foule, lors du dit Congrès, à savoir : « Obama ! Obama ! Kolouna Oussama ! » (Obama ! Obama ! Nous sommes tous des Oussama [Ben Laden]), ainsi que leurs slogans menaçants anti-juifs habituels inacceptables dans la Tunisie de la Révolution de jasmin, et cela, rappelons-le, devant les personnalités d’Ennahdha citées ci-dessus.
1) Cette vidéo est parue sur YouTube en deux parties sous les liens suivants :
Partie 1 : https://www.youtube.com/watch?v=YlkvRiOZfL4
Dans ce contexte, voir, aussi :
2) Je reproduis ci-dessous, tel quel, l’avis, daté du 7 avril 2003, de la justice canadienne concernant Ennahdha et Rached Ghannouchi :
« Le MTI/Ennahdha est un mouvement qui prône l’usage de la violence ; il est composée d’une branche armée qui utilise des méthodes terroristes et qui est financé par plusieurs pays et mouvements. Cette branche du mouvement est impliquée dans des assassinats et des attentats à la bombe (…) Le leader du mouvement, M. Rached Ghannouchi, un terroriste faisant partie intégrante de l'internationale islamiste, est considéré par certaines sources comme étant l'un des maîtres à penser du terrorisme»,
lit-on dans les points [19] et [20] du document suivant émanant du Ministère canadien de la Citoyenneté et de l'Immigration et publié sur le site officiel du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR ou HCR dans l'espace francophone) :
http://www.refworld.org/cgi-bin/texis/vtx/rwmain?docid=47161475d
4)http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/a-mohamed-brahmi-139057
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/a-chokri-belaid-le-rossignol-de-la-132177
5)https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/141115/je-suis-paname
6)Nahdhaoui : adjectif et nom qui ont rapport au parti Ennahdha.
7) l’État islamique (EI) ou l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) ou, encore, État islamique en Irak et al-Sham = en arabe : الدولة الاسلامية في العراق والشام = ad-dawla-al-islamiyya-fi-l-iraq-wa-sham, phonétiquement, dont l’acronyme, en arabe, donne «DAISISH» ou, plutôt, le raccourci qui est le plus usité, «DAECH», mot utilisé surtout, péjorativement, par les non-islamistes. Quant au terme «al-Sham», il désigne, traditionnellement, la région couvrant les États actuels de Jordanie, Liban, Palestine et Syrie et une partie du sud de la Turquie. Aujourd’hui, les intéressés préfèrent plutôt se faire appeler « l’État islamique ».
8) Voir la note [2)] de mon poème intitulé « Dis-moi ! Les islamistes, comment les reconnaît-on ? », paru sous le lien suivant :
https://blogs.mediapart.fr/salah-horchani/blog/271015/dis-moi-les-islamistes-comment-les-reconnait
9) Voir, par exemple, le [8] du chapitre III du lien suivant :
10) Voir, par exemple :
http://www.tuniscope.com/article/80805/actualites/tunisie/ghannouchi-lakhmi-441730
http://www.businessnews.com.tn/details_article.php?t=520&a=60775&temp=3
Il est écrit dans ce dernier article qui date, soi-dit en passant, de cette semaine : «[Le communiqué] évoque (…) le double discours mené par le parti Ennahdha "qui se dit modéré alors qu’il continue à défendre ses acolytes qui veulent s’imposer dans les mosquées et qui sèment la zizanie chez les citoyens"».
Quant à l’adjectif « takfiri », il signifie être adepte du takfirisme qui est une mouvance djihadiste du salafisme, extrêmement violente, ayant la particularité de jeter systématiquement l’anathème (= takfir, en arabe) contre tout musulman extérieur à elle, ce qui implique, de fait, un permis de tuer.