La chute du gouvernement Draghi a été votée par les droites (Fratelli d’Italia le parti fasciste de Meloni, la Lega de Salvini e Forza Italia de Berlusconi). Le Parti Démocratique (PD avec chef l’ex démocrate-Chrétien Letta) ainsi que Calenda et Renzi - qui prétendent bâtir le “troisième pôle” - et bien d’autres résidus de droite et du centre, n’ont pas cessé de réclamer le retour à un gouvernement Draghi qui, rappelons-le, était en place avec la participation de tous sauf le parti de Meloni (qui quand même partageais pas mal de choix).
Il apparait évident que cette crise a été un choix des droites (Meloni, Salvini et Berlusconi) qui ont voulu saisir le moment le plus favorables pour rafler la grande majorité des votes par une élection politique anticipée, vue les sondages très favorables pour leurs partis. Une occasion extraordinaire vu aussi l’incapacité du PD de Letta de faire face à la montée des sondages favorables à Meloni et aux droites merci au travail dégoutant qui ont fait presque tous les médias et malgré la certaine prévision d’un abstentionnisme qui pourra dépasser 40% ou plus des ayant droit au vote. Mais il y a eu aussi le dégout de la part de Draghi qui n’avait marre des petits jeux mesquins des partis de la coalition gouvernementale et en bon homme de la finance a toujours prétendu gouverner avec le despotisme à l’apparence friendly.
Il est certain que la crise politique a fortement agacé le Président de la République Mattarella qui avait inventé une “coalition de tous” grâce au choix de l’homme de la providence, Draghi, pour pouvoir ravir les grands financements européens pour le PNRR (Plan National de Reprise et Résilience). C’était Mattarella qui avait bâti la “diarchie néo-libérale” (Mattarella-Draghi) qui avait recueilli la très grande majorité de consensus des droites, des centristes, de l’ex-gauche (PD) - depuis longtemps, de fait, devenue de droite - et notamment du patronat, des milieux financiers et d’affaires et même de la majorité des syndicats.
Depuis l’annonce des élections anticipées, tout le monde n’arrête pas de crier au spectre d’un futur gouvernement fasciste avec la cheffe Meloni et en plus juste au moment du 100e anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Mussolini. La campagne électorale de cette leader, qui se rêve premier ministre d’Italie, a commencée promettant la “paix fiscale”, c.-à-d. une sorte d’amnistie qui effacerais tous les délits d’affaires et surtout tous les impôts impayés du “peuple des fraudeurs du fisc” (on estime à environ dix millions les électeurs des droites mais en partie aussi de l’ex-gauche qui fraudent le fisc notamment à travers la hyper-exploitation au demi-noir et au noir total de millions de travailleurs -rappelons qu’en Italie les économies souterraines valent 32% du PNB, soit environ huit millions de travailleurs qui oscillent entre précarité et noir). Les autres promesses sont la soi-disant flat-tax qui de manière flagrante augmentera les impôts des revenus les plus bas et diminuera celles des plus hauts. Concernant la justice on promet l’abolition de la poursuite obligatoire des délits, un assujettissement des juges au pouvoir politique, et encore plein d’autres promesses pour satisfaire les attentes des patrons, des hommes d’affaires et toujours contre les travailleurs. Et dans la campagne des droites ne manque point l’acharnement contre les immigrants tout comme contre les luttes des travailleurs animées par les syndicats autonomes et les gauchistes.
De sa part le PD de Letta de fait n’a misé que sur la défense de l’œuvre de Draghi et donc sur tout ce qui n’a pas arreté de provoquer des luttes dures et parfois désespérées de la part des travailleurs qui ont subi les conséquences de la crise dû à la pandémie et surtout la super-exploitation qui atteigne aussi le caporalat et le néo-esclavagisme (précarité alternée au travail au noir et même aux brutalités de caporaux souvent liés aux mafias). Bref, une campagne électorale de l’ex-gauche qui ne peux absolument pas conquérir le vote des travailleurs. Et ce n’est pas un hasard si, contrairement à toute prévision, le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) de Giuseppe Conte, malgré le récent passée plus à droite qu’à gauche, il est en train de conquérir pas mal de consensus même parmi les électeurs déchus du PD car il s’est refait une «virginité» promettant une rupture nette avec la gestion néo-libérale de Draghi et des droites. Rappelons qu’une partie des parlementaires du M5S sont maintenant candidats dans une liste liée au PD (parmi eux notamment Di Maio qui cependant risque de ne pas être élu).
Mais voilà la surprise que mijotent Salvini, Berlusconi, faisant la félicité de Letta, des centristes et même de Mattarella.
Depuis toujours il est connu que Salvini et Berlusconi sont très hostiles à ce que Meloni s’impose comme cheffe des droites et cheffe du futur gouvernement. Saisissant la nouvelle crise du gaz et le risque que la Commission européenne n’accorde plus les financements prévus pour le PNRR (sans la garantie qui représentait indiscutablement Draghi) d’abord Calenda et maintenant Salvini, mais aussi Berlusconi, ont affirmé sans détours qu’après les élections il sera opportun que Draghi retourne à prendre la place de chef du gouvernement. Et cela faisant valoir le constat qu’il n’y a pas d’autres solutions: «donner plein mandat à Draghi", a dit Salvini le 28 aout dernier. Voilà donc que maintenant Salvini et Berlusconi invoquent l’«armistice» avec le PD et les autres et après les élections vont lâcher Meloni seule pour refaire un gouvernement avec Draghi chef. Mais pour l’instant, afin de profiter pleinement des avantages d’une loi électorale qui donne la victoire certaine à la plus grande coalition, les trois partis de la droite se limitent à quelques remarques entre eux réservant la rupture pour l’après élections.
En dehors de toute ces jeux tactiques à droite et de l’ex-gauche il y a seulement la tentative de l’Unione Popolareavec chef l’ex maire de Naples De Magistris, une coalition de gauche qui voudrait imiter la NUPES française. Mais c’est une tentative qui risque d’aboutir à l’échec de ne pas atteindre 3% des votes exprimés car elle n’a pas du tout la carrure qui ont les composantes de la NUPES; ce n’est qu’une coalition improvisée entre quelques résidus de la gauche juste en vue des élections. Mais encore les jeux ne sont pas faits et il est possible que cette petite coalition puisse ramasser plus de ce qu’ont conquis lors des dernière élections politiques. Mail il reste haut le risque qui encore une fois on ne va pas avoir des parlementaires vraiment de gauche dans le prochain parlement. C’est le résultat de presque 40 ans de dérive à droite de la vieille gauche qui n’a même pas plus d’héritiers; le PD n’est désormais qu’une version par ailleurs médiocre de ce qui était la Démocratie Chrétienne. En effet, l’Italie est le cas le plus incroyable de conversion néo-libérale de la vieille gauche alors qu’avait été le pays européen avec le plus fort Parti Communiste et le plus fort syndicat de gauche. Après la mort de Berlinguer en 1984 on a eu un processus de démolition de la gauche italienne à l’instar de l’érosion néo-libérale de l’action syndicale et populaire. Voilà donc qu’on arrive à un pays où les droites les plus réactionnaires, pire que les Orban ou les leaders polonais, vont arriver à avoir la majorité car il n’y a plus de gauche et la majorité des électeurs qui la votaient, dégoutés par la dérive de l’ex-gauche (PD), ne vont plus à voter.