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Billet de blog 14 février 2015

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Dans l'après Minsk les obstacles prévalent sur l'optimisme - par Giulietto Chiesa

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12.02.15 - Entre la défaite de l'armée ukrainienne et la première grande divergence au sein de l'OTAN, se joue le fragile équilibre d'une paix difficile.

italian.ruvr.ru

par Giulietto Chiesa 

Dans la succession frénétique des interprétations des résultats du sommet de Minsk - "format Normandie" - on ne pourra se dépêtrer qu'après une lecture attentive des documents finaux. Pour l'instant, en laissant de côté les optimismes trop aventureux, il faut premièrement évaluer les obstacles qui s'interposent à leur mise en application.

Loin de la table des négociations, autour de laquelle étaient assises la Russie, la France, l'Allemagne et l'Ukraine, il y avait et il y a beaucoup de forces hostiles à tous, ou à une grande partie, des compromis qui ont été atteints.

Il n'y avait pas les Etats Unis, et c'est crucial, parce que Washington était et est pour armer massivement l'Ukraine.

Il n'est pas clair si celle-ci soit la position de Obama, mais il est certain que c'est la position de ceux qui conduisent le Sénat et la Chambre des Représentants et qui font le mauvais temps américain. Derrière eux manquait la cohue des vassaux européens de l'Amérique : Pologne, Estonie, Lettonie et Lituanie. Il y avait Porochenko, mais dans son ombre il y avait les nazis de Kiev, les oligarques amis qui financent les escadrons de la mort comme le malfamé "bataillon Azov". Les 'joueurs de pierre".

Mis tous ensemble, tous sous le parapluie américain, ces "dissidents" peuvent amener beaucoup d'ennuis dans les semaines à venir. Les agences montrent des photographies des longues files de chars déjà prêts à la frontière polonaise. Et les avions chasseurs de l'Otan sont déjà prêts à se lever en vol à quelques kilomètres de la frontière russe, le long de tout son arc européen. Donc tout optimisme est déplacé.

Vladimir Poutine a parlé en premier, significativement, après le marathon des négociations, tout en contenant l'optimisme, mais il était satisfait.

Et on le comprend bien, de son point de vue. Trois importants pays européens (la Grande Bretagne n'y était pas mais avait fait savoir être contraire à l'envoi d'armes à l'Ukraine) ont changé de route par rapport à la ligne de Washington. 

Nous n'en ferons pas ici l'éloge simplement parce que en politique les actes correspondent toujours aux intérêts et, évidemment, Berlin, Paris et Londres ont fait leurs calculs et ont conclu que le désastre (encouragé par eux-mêmes, par ailleurs) pourrait se transformer dans leur catastrophe.

Reste le fait que les efforts russes pour favoriser une fracture du bloc occidental ont eu, pour l'instant, un succès. Nous verrons maintenant si Merkel et Hollande, qui ont endossé le rôle de garants pour le compte de l'Europe, parviendront à transformer la position assumée par eux en "position de l'Europe" toute entière. De la Pologne et des pays Baltes j'ai déjà dit. L'Italie de Renzi est un oiseau des bois, bien que Gentiloni, ministre des Affaires Etrangères, et Mogherini, ministre des Affaires Etrangères européenne se soient avancés sur la ligne de Merkel-Hollande. La Grèce appuiera. Les autres n'ont même pas été consultés. 

Plus difficile la situation de Kiev. Là-bas dominent directement les USA. Porochenko n'est pas une colombe. Yatseniuk est presque un nazi. La Rada est un auditoire de chiens enragés russophobes, prêt à repousser un quelconque plan de paix. Sur le champ de bataille les seuls qui prennent l'initiative, lorsqu'ils peuvent, ce sont les nazis de Secteur Droit et les ultras de Svoboda. S'ils ne seront pas contraints ils n'accepteront et n'appliqueront aucun cessez-le-feu.

Mais le deuxième facteur, qui a rendu très lourde l'épée de Moscou sur la négociation, a été la défaite de l'armée ukrainienne. Poutine a révélé que sur cet aspect central il y a eu un bras de fer pendant la nuit. "De six à huit mille hommes de l'armée de Kiev" sont piégés dans le cul de sac de Debaltsevo. Porochenko ne le savait pas. Il a été nécessaire d'appeler à consultation les experts militaires des deux parties pour faire sentir concrètement que la Russie était en train de garantir la survie physique de ce contingent. Si les rebelles du Donbass ne fussent pas retenus par le Kremlin, Debaltsevo serait actuellement un gigantesque cimetière. En toute probabilité non seulement de cadavres ukrainiens, vu que des sources du Donbass parlaient de plusieurs centaines de soldats européens, parmi lesquels des allemands, des français, des polonais, des baltes. Ceci expliquerait, aussi, la hâte du voyage à Moscou de Merkel et Hollande.

Mais, en substance, une armée combattante ukrainienne n'existe plus. Et elle ne pourra pas être reconstituée dans de courts délais, toujours à condition qu'il y en ait la possibilité. Tout au plus le problème, pour Poutine, sera de tenir sous contrôle les milices gagnantes du Donbass en les persuadant à ne pas avancer ultérieurement, au contraire à rétrocéder sur les lignes du front de septembre 2014.

C'est un fait, cependant, que Poutine, pour la première fois, a parlé explicitement de la République de Donetsk et de Lugansk, en affirmant que la négociation sur la ligne de séparation, de positionnement des armes lourdes en cas d'attaque ou de défense*, de rétrocession des troupes, devra être fait directement par Kiev et par les institutions des rebelles.

Ce sont toutes des choses qui doivent encore être faites. De même qu'il n'est pas du tout certain que Kiev soit disponible à concéder une quelconque forme d'autonomie au Donbass, tandis que toute disponibilité des deux républiques à rester à l'intérieur d'une telle Ukraine est totalement à exclure. Mais Poutine a été explicite en ceci : la Russie ne prétend aucun territoire et laisse aux parties en conflit la décision sur le long terme, pendant que les canons ne devraient pas tirer. Le conditionnel est d'obligation. Silence sur la Crimée. On ne sait pas si on en a parlé, mais tout laisse penser que, sur ce point, il n'y ait pas eu de négociation. Poutine ne se serait pas rendu au sommet de Minsk si une telle question eut été même seulement évoquée.

Un pas en avant a été fait. Il va dans la direction que Moscou voulait. Il offre à l'Europe la possibilité d'éviter le pire, soit se trouver en guerre pour défendre un pays qu'elle ne pourra pas sauver du désastre. Mais il n'est pas encore dit que l'Europe sera capable d'arrêter l'Amérique et de rester unie au moins sur ce point, vu que unie elle ne l'est plus sur presque aucun des points de sa propre crise. Le Fond Monétaire International a trouvé un prêt de 15 milliards d'euros pour Kiev, mais il faudra le restituer. La crise continue. L'arrêter sera difficile, l'assainir sera long et douloureux. Pour les Ukrainiens et pour l'Europe.

*attestare signifie en italien, dans le jargon militaire, le fait de faire arrêter temporairement des troupes en mouvement pour un bref repos, pour réordonner, vérifier et réactiver les liaisons avec les unités proches ; déployer les troupes en position adaptée de défense ou d'attaque.(ndt)

Source : http://italian.ruvr.ru/2015_02_12/Nel-dopo-Minsk-gli-ostacoli-prevalgono-sullottimismo-6820/.

Minsk, dernier arrêt. Une victoire de Poutine ou une retraite de l'Occident ? 

13.02.15

Dernier arrêt Minsk, c'est le terminus pour l'Ukraine d'EuroMaïdan, le pays a urgemment besoin de 30 milliards de dollars pour payer les retraites, distribuer l'électricité, l'eau et le gaz, pour survivre en somme. Et aujourd'hui, après les presque 17 heures de négociations dans la capitale biélorusse, l'approbation ou le courroux de la presse internationale est unanime pour indiquer Vladimir Poutine comme le vrai maître du jeu. Poutine, qui renaît dès les premières déclarations officielles très attendues sur les résultats du marathon de Minsk, cessez-le-feu et autonomie pour le Donbass, mais avertit-il  il y a aussi 8.000 soldats de Kiev encerclés à Dobaltsevo qui feraient mieux de se rendre parce qu'ils risquent le massacre, nonobstant Porochenko s'obstine à nier l'évidence.

https://www.youtube.com/watch?v=9TJdUeH6Wu4

Il y a seulement deux dimanches de cela, Barack Obama se vantait sur CNN d'avoir orchestré le coup d'état à Kiev, mais dans la longue nuit de Minsk l'Europe a dû minimiser et contenir les désastreuses conséquences d'une colossale erreur géopolitique de l'Occident. 

Après Minsk, le jeu de rôles ne tient plus, un Petro Porochenko boudeur, rentré à Kiev de Biélorussie, a juste eu le temps hier à reverser les accusations rituelles contre le président russe qui, dit-il, est en train de lancer une offensive sur notre territoire avec blindés et batteries lance-missiles, ce sont les siens depuis le Ministère de la Défense ukrainien qui le démentent sèchement avant même les déclarations du Kremlin et de l'OSCE. 

Dans toute cette phase le Premier Ministre ukrainien Arseny Yatseniuk, le préféré d'Obama, s'est évaporé. Le Président Petro Porochenko comme on a vu, a des difficultés à prendre acte de la tragédie humanitaire dont il est co-responsable. 

Devant la centralité retrouvée de Poutine, qui a fixé les limites pour la solution à une crise qui a impliqué toute l'Europe, les médias et les analystes occidentaux ont peu de quoi être perplexes.

Maintenant le vrai problème est la sauvegarde des accords, le retrait d'hommes et d'armes lourdes, la création de couloirs humanitaires, l'envoi d'aide à la population. 

Celle-ci est Lugansk cette nuit, sous les tirs d'artillerie, samedi et dimanche entre en vigueur le cessez-le-feu. Une autre longue nuit attend l'Europe. 

Adolfo Marino

PandoraTv

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