Serge Marquis (avatar)

Serge Marquis

Secrétaire de rédaction (éditeur de presse)

Abonné·e de Mediapart

67 Billets

0 Édition

Billet de blog 1 juillet 2015

Serge Marquis (avatar)

Serge Marquis

Secrétaire de rédaction (éditeur de presse)

Abonné·e de Mediapart

Congrès du PG : dernière minute

Serge Marquis (avatar)

Serge Marquis

Secrétaire de rédaction (éditeur de presse)

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Hé non, le fameux amendement (voir mon billet d’avant-hier : http://blogs.mediapart.fr/blog/serge-marquis/290615/mes-camarades-du-pg) qu’un comité PG proposait à la discussion pour le congrès de ce WE du Parti de gauche ne sera pas soumis aux délégué-e-s ! La Commission des débats, véritable tamis par lequel la direction décide ce qui lui plaît ou pas, en a décidé ainsi.
C’est bien entendu un déni de démocratie. Mais c’est surtout la démonstration que ce parti va continuer son lent dessèchement.
Il faut dire que la servitude volontaire y est la chose la mieux partagée, dans un parti nouveau qui prétendait faire mieux que les autres là où il n’a fait que les caricaturer.
La responsabilité dans l’état du débat incombe aussi à ses opposants.
Leur plateforme a eu beau obtenir 45,5 %, ils ont décidé de ne pas structurer un courant politique au motif que cela apporterait la division… Au grand soulagement de la direction, qui ne consent pourtant à leur existence que du bout des lèvres.  Ce constat-là est le plus amer. Etre soi-même apporterait plus de désagrément que de faire comme si…
Ce parti souhaite donc conquérir le pouvoir sans courant politique interne autre que les fractions dirigeantes, car celles-ci existent évidemment bel et bien. Qu’on puisse évoquer la carrière de Mélenchon dans le PS, à travers notamment son courant Pour la République sociale, ne les fait pas sourciller. Pas plus d’ailleurs que l’existence de la plateforme de gauche dans Syriza, qui a tout de même permis que Alexis Tsipras finisse par rompt les négociations avec la Troïka !
C’est pourtant, notamment, l’absence de courants constitués dans ce parti qui a puissamment contribué au niveau politique extrêmement faible de ce parti. Pas de débat politique sérieux, juste des interventions fleuves de quelques privilégiés quand le règlement voudra que les simples délégués auront, quoi, 3 ou 5 mn d’intervention possible sur l’estrade du congrès ?! Pareil pour les Conseils nationaux.
Il faut être particulièrement inattentif à sa propre pratique, ou insensible, pour que des dirigeants comme Jean-Luc Mélenchon, Eric Coquerel, etc. ne voient rien à redire à ce mode de fonctionnement… Je reste encore interdit qu’ils puissent continuer de s’octroyer ce triste privilège. Qu’il est loin le parti-creuset !
Reste tout de même que les opposants veulent faire voter à la majorité du congrès trois amendements en particulier :
—     L’organisation de référendums internes sur les questions que demanderaient 5 % des militants.
—     Pas d’alliance avec le PS ni au 1er ni au 2e tour à toutes les élections.
—     Et une formule sur l’euro et l’UE : « Par ailleurs, si le cadre de l'Union européenne nous plaçait dans l'incapacité d'appliquer le programme pour lequel nous aurions été élus, la question de la sortie de l'UE se poserait à nous, car la souveraineté populaire ne se négocie pas. Nous privilégierons un référendum sur la question de la sortie de l'Union européenne, afin d'impliquer au maximum le peuple dans cette décision. Le fait que nous envisagions cette hypothèse, ainsi que les détails de la proposition, devront être connus de tous, dans la perspective de 2017. Sortis du cadre de l'UE, nous construirons alors d'autres solidarités, fondées sur un nouveau rapport de force. Nos plans de sortie de l'Euro et de l'Union Européenne seront travaillés à l'issue de notre congrès, en lien avec tous les économistes, intellectuels, syndicalistes et partenaires politiques souhaitant s'y associer. »
Tandis que, sur le même sujet, la direction du PG propose : « Notre plan de sortie de l'Euro et notre stratégie de rupture avec les institutions européennes seront travaillées à l'issue de notre congrès, en lien avec tous les économistes, intellectuels, syndicalistes et partenaires politiques souhaitant s'y associer. Par ailleurs, nous sommes conscients du fait que le cadre actuel de l’UE ne nous permettrait pas d’appliquer pleinement le programme pour lequel nous serions élus, mais aussi du fait qu’aucune procédure n’existe pour exclure un Etat de l’UE. C’est pourquoi, dans le cas où un ensemble d’Etats-Membres refuseraient de négocier nos propositions d’amendements aux traités, nous agirions unilatéralement en violation des traités sur tous les points que nous jugerions essentiels pour respecter le mandat donné par le peuple souverain. Nous engagerions les négociations avec tous les Etats disposés à engager une refondation progressiste et démocratique de l’UE. Si le rapport de force ainsi constitué ne permettait pas à l’UE de sortir du blocage, l’existence de l’UE serait alors remise en cause de fait. Nous assumons pleinement cette éventualité, puisque le statu quo d’une Europe déjà parfaitement désunie n’est pas soutenable. Si l’obstination des néolibéraux à ignorer la volonté des peuples devait provoquer la dislocation de l’UE, la France prendrait toutes les initiatives pour reconstruire une autre voie vers l’unité et la solidarité des peuples d’Europe. »
Même devant l’évolution de la situation en Grèce, voilà un parti qui ne sait pas proposer autre chose que des amendements aux traités existants de l’UE, éventuellement une désobéissance à l’UE, et finalement entonner la recherche d’alliance avec d’autres pays…
Par ailleurs, qui ne comprend pas que, dans une plateforme qui ne cesse pas de se payer de mots (devenue aussi volumineuse qu’un dictionnaire alors qu’il s’agissait à l’origine d’un texte d’orientation !), ce type d’amendements révèle le caractère abstrait de « la souveraineté » que revendique le Parti de gauche ? Le peu d’intérêt aussi qu’il envisage de consacrer à l’élaboration d’un plan B – cinq lignes ?
Comment peut-il encore entretenir l’espoir d’une refonte des traités alors que l’UE est le cheval de Troie de la mondialisation et l’euro monnaie unique son agent actif principal ?
Comment peut-il appeler à des regroupements « citoyens » pour 2017 sans une critique claire du dispositif en surplomb qui explique l’austérité et le chômage — le traité Merkel-Sarkozy, que Hollande décline en France, et l’euro responsable en direct de 30 % du nombre de nos chômeurs, selon le président de l’Observatoire française des conjonctures économiques (OFCE) ?
Au lieu d’être un aiguillon pour le reste de la gauche, le Parti de gauche ne cesse pas d’échapper à ses impensés, même à l’occasion d’un congrès dont les décisions vont courir pour deux ans.
Si l’on voulait être cruels, nous dirions que nous ne sommes pas très loin des gesticulations d’un capitaine de pédalo…
Encore un congrès bien confus se prépare au Parti de gauche, malgré des défaites (Hénin-Beaumont, marches citoyennes, FdG, M6R, etc.) qui devaient l'interpeller.
Le mouvement socialiste historique a bien du mal à trouver les voies de sa régénération.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.