Puis, il y a ces manifestations des bien-pensants de gôche (compris E. Morin qui y voit un risque historique… probablement depuis le Maroc où il est installé ?) ou sociaux-libéraux qui surlignent le fait qu'ils voient le RN comme plus dangereux que Macron…
Ils ne cherchent pas à actualiser leurs connaissances mais préfèrent essentialiser le RN ou trouver des éléments périphériques pour le condamner.
Enfin, Mélenchon réinsiste : surtout allez voter (évidemment pour Macron), après avoir effacé tout choix réel à la « consultation » LFI (une consultation : quel terme plus révélateur pour indiquer que les soutiens LFI sont d'abord et avant tout des petites mains ?).
Tout ça, c'est la gauche d'ores et déjà dévoyée.
Maintenant, une question : qui est aux affaires ?!
Macron incarne la perte de notre souveraineté nationale et populaire (c'est-à-dire LA DÉMOCRATIE et le cadre et la puissance pour l'exercer, pas du tout une une petite chose : l'essentiel pour que la politique soit l'affaire de chacun, en particulier des plus démunis, notamment pour résoudre la question sociale). L'autoritarisme. L'exploitation de la force de travail. L'appareil d'État mis au service des riches, etc.
Il incarne aussi l'UE, un dispositif transnational pour permettre au CAC 40 de mieux prospérer à l'échelle de 27 pays et du reste du monde. Une post-démocratie sur laquelle il n'y a aucune illusion à se faire quant à sa métamorphose en union des peuples, toute la méthode et l'imaginaire de cette construction depuis le début l'ayant prouvé (si tenté que ce type de messianisme, qui doit plus à l'idéalisme qu'au matérialisme historique, puisse quoi que ce soit pour créer un peuple européen et à plus forte raison une nation européenne).
En un mot, depuis ce 1er tour, Macron est le représentant d'une bourgeoisie accomplie, à laquelle se sont ralliés les idiots utiles du social-libéralisme tels que Jospin, Cazeneuve, etc. par crainte du… « fascisme » ! et la gauche qui croit renaître mais qui nous déçoit déjà dans les tactiques et l'attribution des postes.
2e question : si le RN est d'extrême-droite, LFI est-elle à l'extrême-gauche ? Pour A. Hidalgo, « L'Obs », et les commentateurs des mer-dias, oui. Pour les mêmes, le « pacte républicain » inclut d'être obligatoirement favorable à l'UE (« dixit » C. Weil, commentateur pro' de LCI-France Info-BFM-La Cinq et d'autres chaînes encore, ex-directeur de rédaction de « L'Obs »).
3e question : le RN est-il « fasciste », comme on l'entend en refrain ? Si l'on veut le mesurer au NSDAP ou aux faisceaux italiens de Mussolini, certainement pas. La période actuelle est-elle aux ligues antiparlementaristes, façon décennie 1930 ? Pas davantage. Le RN, ça n'est que 8,1 millions de voix sur 48,7 millions d'électeurs inscrits (soit 14 %, pareil d'ailleurs pour l'UP et pas loin pour Macron…), pratiquement pas de députés, de maires, etc. Et peu de militants. Quant à la frange réactionnaire autour de Zemmour (2,5 millions de voix), pour dangereuse qu'elle soit, elle est contrecarrée pour partie par Philippot, Dupont-Aignan, et même des personnalités réactionnaires plus modérées comme R. Ménard.
4e question : Le capitalisme national préconisé par le RN est-il plus dangereux que le capitalisme mondialisé ? Il y a plus de 150 ans, un certain libre-penseur (K. Marx), même ambivalent sur le libre-échange (tout comme sur ce que l'on appelait à l'époque « les nationalités », aujourd'hui la question nationale), n'avait pas craint écrire : « Dans l'état actuel de la société, qu'est-ce donc que le libre-échange ? C'est la liberté du Capital. Quand vous aurez fait tomber les quelques entraves nationales qui enchaînent encore la marche du Capital, vous n'aurez fait qu'en affranchir entièrement l'action. (…) La Fraternité que le libre-échange établirait entre les différentes nations de la Terre ne serait guère plus fraternelle. Désigner par le nom de “Fraternité universelle” l'exploitation à son état cosmopolite, c'est une idée qui ne pouvait prendre origine que dans le sein de la bourgeoisie. Tous les phénomènes destructeurs que la libre concurrence fait naître à l'intérieur d'un pays se reproduisent dans des proportions plus gigantesques sur le marché de l'Univers . » (« Discours sur le libre-échange », 1948).
Conclusion : Si M. Le Pen est élue, nous devrons à l'évidence combattre vigoureusement toutes les régressions qu'elle voudra décider (notamment contre le droit du sol, les devoirs de l'hospitalité, sa préférence nationale, son désir d'autorité dans les « quartiers » : personne d'origine étrangère ne devra être le bouc-émissaire de la crise dans laquelle le gouvernement des riches et ses prédécesseurs nous ont plongés), mais avec des arguments qui tiennent la route et pas en agitant des chiffons rouges. Sans compter qu'elle ne disposera pas d'une majorité à l'Assemblée nationale car tout le monde voudra rééquilibrer son pouvoir. En revanche, avec Macron, nous savons aussitôt qu'il faudra le combattre pied à pied, comme s'il s'agissait de notre propre vie, car il est responsable comme ses prédécesseurs de la situation de détresse dans laquelle nous sommes.
Autant vous dire, donc, que si je suis favorable au BOYCOTT CONSTITUANT je ne craindrais pas dire à ceux qui insistent : « Pas une voix pour Macron ! »
Et puis pour ceux qui veulent s'orienter vers une voie raisonnable (pas de Constituante qui ne soit précédée d'un mouvement social d'ampleur…) :
https://blogs.mediapart.fr/serge-marquis/blog/021221/le-peuple-francais-dans-la-panade-plaidoyer-pour-un-processus-constituant

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