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Une circonscription où il n’a pratiquement pas d’élus, mais où il réalise parmi ses plus gros scores dans un département qui était le seul à avoir placé Marine Le Pen en tête au premier tour à la présidentielle de 2012.
Des gros scores, mais peu de poids
Ainsi, au second tour des régionales de 2015 le FN arrivait en tête dans les principales communes de la circonscription, à l’exception de Villeneuve-lès-Avignon (32 %) : 43 % à Bagnols, 46 % à Laudun-l’Ardoise, 48 % à Aramon et 49 % à Roquemaure, avec entre 37 et 45 % d’abstention. Certaines communes atteignaient même des records, comme Codolet, tranquille petit village posé entre Cèze et Rhône, entre les vignes et le site nucléaire de Marcoule, où 62 % des suffrages exprimés sont allés au FN lors du second tour des régionales.
De quoi mettre en évidence un paradoxe : si le FN est donc assurément le premier parti de la troisième circonscription dans les urnes, il n’y pèse rien politiquement, ou presque. Très (très) peu d’élus, des absents chroniques de Bagnols et Villeneuve aux exclus, le FN n’est pratiquement jamais présent dans le débat public dans le Gard rhodanien, même pas dans un rôle d’agitateur. D’ailleurs, le groupe FN à l’agglomération du Gard Rhodanien a disparu après que parmi les trois élus qui le composaient, deux ont été exclus du parti et, ne jugeant plus utile de se présenter aux réunions de leurs conseils municipaux respectifs, ont été évincés de l’assemblée communautaire. A Villeneuve, il y a fort longtemps qu’on n’aperçoit plus le dernier élu d’opposition du FN, et on n’a de toute façon jamais entendu le son de sa voix.
De fait, le Front national a du mal à faire émerger de nouveaux « talents » sur cette circonscription. Ainsi, pour les départementales de 2015 le FN avait propulsé sur le canton de Bagnols l’adjoint aux travaux de la mairie de Beaucaire (commune qui ne fait partie ni du canton, ni de la circonscription) Yvan Corbière, en binôme avec celle qui allait devenir conseillère régionale quelques mois plus tard Monique Tézenas du Montcel, ancienne du secteur bancaire installée à Cavillargues, novice en politique sur ce territoire. Deux candidats très peu connus — pour ne pas dire pas du tout — du côté de Bagnols, mais qui ont quand même failli ravir à la gauche ce canton historiquement socialiste.
Plus Marion que Florian
Autre particularité du FN sur la troisième circonscription : son discours. Ici, les effets de la « dédiabolisation » sont moins visibles qu’ailleurs. On y entend parler en meeting de « grand remplacement », d’ « islamisation » ou d’immigration « submersion », on y ricane de versets du Coran. Ici, clairement, on est bien plus proche, tant géographiquement qu’idéologiquement, du courant plus dur du FN incarné par la député de Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen que de la ligne de l’ancien chevènementiste autoproclamé Florian Philippot.
Pour l’heure, le FN est, avec le mouvement En Marche, le dernier parti à ne pas avoir encore dévoilé son casting pour les législatives. Si le candidat sur la troisième devrait être une candidate, à savoir Monique Tézenas du Montcel, au fond peu importe : ici les dernières élections l’ont démontré, les candidats importent moins que la flamme sur l’affiche. Une flamme qui sur ce bout de Gard offre a minima un accessit pour le second tour à chaque élection.
Pour l’heure, le « front républicain » y a fonctionné sans faille, mais sans marge, et rien ne dit que cette fois ci il suffira à faire battre le FN sur cette circonscription. Du reste, il n’en aura peut-être même pas l’occasion : l’hypothèse d’un FN victorieux dès le soir du premier tour n’est plus considérée comme de la science-fiction par le mundillo politique local.