Après la folle semaine que j'ai déclenchée bien malgré moi, en écrivant ma "lettre ouverte à l'abbé Grosjean et ceux qui le suivent", je voudrais parler ici des réactions tout à fait inadéquates de certains chrétiens. Ils constatent que je ne suis pas d'accord avec l'abbé Grosjean. Or, pour eux, celui qui critique un prêtre est forcément un ignare, voire un renégat. Alors, sans avoir pris la peine de voir ce que je reprochais vraiment à l'abbé Grosjean, ils se mettent en devoir de m'expliquer pourquoi le chrétien homosexuel ne doit pas se marier. On m'envoie des références bibliques, des textes d'Eglise et j'ai même reçu dans ma boite aux lettres des livres sur le sujet.
Or, cet enseignement de l'Eglise, je le connais très bien. Je pourrais même en faire l'objet d'un de mes cours. Je le connais d'autant mieux que je le partage. Beaucoup ont sauté une petite phrase de ma lettre qui disait que mon adhésion était totale à cet enseignement de l'Eglise : "... et je suis d'accord avec ça". Et dans les commentaires, j'avais même écrit : "Si j'étais un homosexuel, je crois que j'essaierais de vivre dans la chasteté". Je ne pouvais être plus net, je pense.
Alors, qu'est-ce qui me sépare de l'Abbé Grosjean ? C'est tout simple. Il n'a jamais été dit dans l'Eglise qu'une loi écclésiale doit être respectée aussi par des non-croyants. On n'a pas à vouloir imposer quoique ce soit à des non-croyants. L'Eglise demande même au prêtre de ne pas se mêler de politique. Surtout que, voulant se justifier et sachant que les arguments bibliques ne peuvent convaincre des non-croyants, les prêtres "manif pour tous" avancent des arguments qui sont faux ou dont on ne connaît pas la véracité. Je donne deux exemples :
1. Un enfant adopté par des parents de même sexe sera automatiquement malheureux, il lui manquera quelque chose. Rien ne permet de dire cela. Aucune étude ne le prouve. On voit même, dans les pays où le mariage homo a été institué, des enfants, dont les parents sont de même sexe, qui sont parfaitement heureux, bien dans leur peau. A contrario, on peut dire aussi une autre vérité. Beaucoup d'enfants de couples hétéros sont très malheureux. Le fait d'avoir un papa et une maman n'est plus l'assurance d'avoir une enfance heureuse et épanouissante.
2. L'adoption du mariage homo va nous mettre sur la pente fatale. On va voir légalisés l'inceste, la polygamie et la zoophilie. Même dite par un Cardinal, cette phrase est une énorme erreur. Rien, vraiment rien ne vient étayer cela. C'est une phrase lancée comme ça, gratuitement, sans avoir pris la peine de se demander s'il était censé de la dire. L'abbé Grosjean semble ne pas avoir dit cette phrase. Mais je ne l'ai jamais entendu dire qu'il la démentait.
Mais il y a aussi autre chose. Même si le mariage homo faisait partie d'un "civilisation de la mort" ce qui, pour un non-croyant, est vraiment inacceptable, même si les enfants à venir étaient en danger de mort, un chrétien n'a pas à manifester à côté des gens venant de la droite dure de l'UMP, du FN, du GUD, de la 3ème Voie, des JNR... Or tous ces gens marchaient avec les chrétiens qui faisaient masse dans la manif pour tous. C'était là qu'il y avait danger de mort. Et l'actualité toute récente nous l'a prouvé.
Voilà, en gros, ce que je voulais dire pour le moment. Mais je voudrais aussi répondre à des choses très méchantes que l'on m'envoie en pleine figure. En gros, pour ces gens-là, un simple chrétien ne peut pas critiquer le comportement d'un prêtre ou d'un évêque. Alors, je voudrais simplement recopier ici une partie de l'article 37 du chapitre 4 (sur le rôle des laïcs) de la constitution "Lumen Gentium" de Vatican II qui m'en donne le pouvoir :
Dans la mesure de leurs connaissances, de leurs compétences et de leur situation, ils ont la faculté et même parfois le devoir de manifester leur sentiment en ce qui concerne le bien de l’Église [118]. Cela doit se faire, le cas échéant, par le moyen des institutions que l’Église a établies pour cela, et toujours dans la sincérité, le courage et la prudence, avec le respect et la charité qu’on doit à ceux qui, en raison de leurs charges sacrées, tiennent la place du Christ.