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Billet de blog 16 avril 2017

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Mélenchon : la mauvaise foi d'un militant du PS

Tentative de réponse (calme et tranquille) à la contribution de Frédéric Lutaud, ancien membre du Bureau national du Parti Socialiste.

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Dans un récent billet de blog, Frédéric Lutaud cible la mauvaise foi de Mélenchon qui empêcherait une alliance avec Hamon, laquelle alliance serait le gage de la présence de la gauche au second tour de l'élection présidentielle. Outre que rien n'a jamais démontré qu'en matière électorale 1+1 = 2 (sur ce point, Mélenchon n'a pas tort, et il n'est pas le premier à l'observer), il me paraît un peu rapide d'incriminer le seul Mélenchon dans cet état des lieux de la division de la gauche.

Je m'apprête à voter Mélenchon aux deux tours de l'élection présidentielle (quel que soit le résultat du premier tour). Pour autant, Mélenchon m'agace, voire m'insupporte, par de nombreux aspects. Je veux même bien reconnaître que, s'il ne s'agissait que du programme et de la personnalité démocratique des candidats, Hamon pourrait me paraître un choix plus enthousiasmant... à condition qu'il ne représente pas le PS. Et là, désolé camarade Frédéric Lutaud, il ne s'agit pas que d'une allergie épidermique à une étiquette partisane.

Vous allez un peu vite en besogne en affirmant que Hamon ne veut pas faire de majorité présidentielle avec Valls ou El Khomri (ces deux-là n'étant cités que pour la commodité du propos) : Valls et El Khomri, que je sache, bénéficient bel et bien de l'investiture du PS dans les circonscriptions où ils se présentent. Allez maintenant m'expliquer comment, dans l'hypothèse d'école où Hamon serait élu, il refuserait que ces deux-là participent à sa majorité. Ce n'est pas sérieux, et vous le savez parfaitement. Si vous l'ignorez (ce que je n'ose croire), la lettre de mise en demeure que Cambadélis a adressée aux parrains de Macron n'a pas été envoyée à celles et ceux qui ont déclaré qu'elles ou ils voteraient pour le candidat centriste. Il se trouve que j'habite à Lyon : je ne sais toujours pas si les Collomb, Kimerfeld, Touraine (éminences du PS lyonnais et tous parrains de Macron) ont été exclus du PS. Vous figurez-vous vraiment que, dans ces conditions, je me risquerais à voter PS dans ma circonscription ?

La vérité, que vous connaissez sans doute mieux que moi, c'est que le PS s'apprête à tirer un trait sur Hamon et à survivre au prix de contorsions politiques que je préfère ne pas imaginer (encore qu'après ce quinquennat, le PS ne risque plus vraiment de me décevoir). La vérité, c'est qu'il n'y a pas d'avenir pour une formation politique qui ferait cohabiter des visions de la France, de l'Europe et du monde aussi divergentes que celles de Hamon ou Filoche d'un côté et Valls ou Le Guen de l'autre. La clarification politique au PS n'en est qu'à son début, et la primaire de janvier n'a fait que la lancer. En attendant que les nuisibles du dernier quinquennat aillent se faire pendre ailleurs, l'électorat de gauche ne peut faire aucune confiance à un parti qui semble avoir oublié jusqu'au sens même du mot "socialisme".

Pour finir, je fais partie de l'électorat qui aurait jugé préférable une candidature unique de la gauche... mais pas à n'importe quelles conditions. Pour bien faire, il aurait fallu qu'aussi bien Mélenchon que Hamon se retirent au profit d'une tierce candidature (à titre personnel, ma préférence serait allée à une candidature Taubira). L'acharnement de Hamon à faire croire que lui seul pouvait fédérer les électorats de gauche est au moins aussi responsable de l'impasse actuelle (si c'en est une) que la pulsion bonapartiste de Mélenchon.

Il me semble donc que les responsabilités de la situation actuelle sont très multiples : Mélenchon, sans aucun doute ; Hamon, sans aucun doute ; et l'électorat de gauche, sans aucun doute aussi.

Ce qui, d'une certaine manière, est aussi une façon d'exprimer un choix.

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