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Billet de blog 16 février 2025

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La mise en vente des billets SNCF pour les ponts de mai : rien de neuf sous le soleil

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Une vente très attendue comme toujours

Chaque année, les ponts de mai constituent une période charnière pour les voyageurs. Entre les départs en week-end prolongé et les retrouvailles familiales, la demande pour les trains explose. Raison de plus pour surveiller de près la mise en vente des billets SNCF afin d'évaluer les premières tendances tarifaires. le site web SNCF connect a d'ailleurs annoncé l'ouverture de la mise en vente de ces billets pour le 22 janvier, information reprise massivement dans la presse (par exemple ici). Voici un billet rapide, dans la continuité de cette analyse, sur les premiers prix accessibles pour les ponts du 1er au 4 mai 2025 et du 8 au 11 mai 2025 sur quelques lignes.

Contrairement à ce qui avait été annoncé, les billets étaient déjà en vente pour plusieurs lignes avant la date officielle d'ouverture. Face à cette situation, je me suis concentré uniquement sur les trajets Paris-Rennes et Paris-Bordeaux. L'analyse portera essentiellement sur les INOUI, car de nouveau, les trains OUIGO étaient déjà disponibles depuis un moment, rendant leur étude moins pertinente.

Les données collectées portent sur tous les allers-retours entre Paris et Bordeaux ainsi que Paris et Rennes pour les périodes suivantes : du 1er au 4 mai et du 8 au 11 mai. Tous les trains partant entre 7h et 20h ont été pris en compte.

Premiers constats : des tarifs déjà élevés dès l'ouverture

La mise en vente a officiellement commencé le 22 janvier à 6 heure du matin, mais j'ai débuté l'exploration quelques heures avant pour m'en assurer. En effet, c'est effectivement à partir de 6h du matin que les prix ont commencé à apparaître sur les deux lignes concernées. Seule exception notable : les trajets Paris-Bordeaux pour le pont du 8 au 11 mai, qui ne sont toujours pas en vente en raison de travaux sur la ligne. D'après les informations disponibles, ces billets ne seront accessibles qu'à partir du 11 février.

Les premières tendances tarifaires confirment ce que l'on redoutait : les prix sont déjà très élevés. Les trajets retour sont affichés à leur prix plafond, tandis que les allers sont déjà loin des tarifs planchers habituels. Autre constat frappant : de nombreux trains apparaissent déjà comme complets dès l'ouverture des réservations. Une situation qui pose question sur la disponibilité réelle des places ou sur une potentielle rétention de billets par la SNCF. Il faudrait, pour le vérifier, observer ces billets sur une période plus longue pour voir si cette situation change.

Illustration 1
Premiers tarifs le 1er mai 2025 de Paris à Bordeaux ou Rennes © Thomas Delclite
Illustration 2
Premiers tarifs le 4 mai 2025 Bordeaux ou Rennes vers Paris © Thomas Delclite

Une politique tarifaire peu transparente ?

La SNCF justifie ses prix par son système de yield management : une gestion dynamique des tarifs en fonction de la demande. Certes, l'entreprise en a le droit. Mais peut-elle encore prétendre à une politique de tarifs abordables lorsque les premiers prix disponibles sont déjà prohibitifs pour de nombreux voyageurs ?

Autre question soulevée : acheter ses billets dès l'ouverture est-il encore un bon plan ? Probablement oui. Non seulement les prix pourraient encore grimper, mais certains trains seront tout simplement complets très rapidement.

Les données collectées permettent également d'analyser l'homogénéité des tarifs. Les Paris-Rennes ont été récupérés à la fois pour le 1er et le 8 mai, tout comme les Rennes-Paris pour le 4 et le 11 mai. Pour une même heure de départ, les premiers prix appliqués étaient identiques. Cette régularité pourrait être due à un comportement homogène des acheteurs, mais il est plus probable que la SNCF applique des grilles tarifaires fixes selon l'horaire du train.

Illustration 3
Comparaison des premiers tarifs récupérés entre Paris et Rennes © Thomas Delclite

Conclusion : un service public qui n'en a plus que le nom ?

L'observation des tarifs à l'ouverture des ventes révèle une réalité que la SNCF peine à assumer : la logique commerciale prime sur l'accessibilité du service. Si les usagers ont pris l'habitude de ces pratiques, pourquoi continuer à entretenir l'illusion d'un service ferroviaire abordable ?

La question n'est plus tant de savoir si la SNCF maximise ses profits (elle le fait, et en a le droit), mais plutôt pourquoi elle persiste à communiquer sur des "petits prix" qui, dans la réalité, concernent de moins en moins de voyageurs lors des départs à forte affluence. Entre billets inaccessibles dès l'ouverture, prix déjà très élevés et l'absence d'offres sur certaines destinations, la politique tarifaire de la SNCF continue d'alimenter la frustration de ses usagers.

Et si, plutôt que de masquer la réalité, la SNCF assumait enfin pleinement son positionnement de transporteur commercial, au lieu de cultiver un imaginaire de service public qui n'existe plus que dans les discours ? Quitte à provoquer un débat sur la place publique sur ce choix. 

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