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Je ne suis qu'un rêveur...

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Billet de blog 12 décembre 2022

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ÂME AMÈRE

“Les relations sont sûrement le miroir dans lequel on se découvre soi-même.” Jiddu Krishnamurti.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Encombrements © Vent d'Autan

Le téléphone résonnait dans le vide. Après plusieurs tentatives manquées, encore et toujours cette même voix laconique de répondeur aux abonnés absents. La vie, précieuse, délicate, fragile, ridicule, qui bascule entre les deux rives du Styx. Existence en rupture d’harmonie qui ne tient plus qu’à un fil. Simple coup de fil. Appel en détresse. SOS. Allo… ne coupez- pas ! Implacable destinée qui vous embarque dans un univers de controverses.

Une poignée de substances chimiques méticuleusement dosées. Juste le strict minimum. Posologie maîtrisée de main experte en la matière. À tout prix rendre l’acte barbare un temps soit peu crédible, tout en favorisant ces clichés qui révèlent les codes d’un climat hostile. Plausible évidence de se foutre en l’air.

Point de risque à convoquer cette bonne vielle Camarde à la chevelure  grisonnante, ni de faire tinter le glas du tocsin. Le trop, le peu, gâtant le jeu. Juste un tantinet de banalités pour effaroucher les plus proches, à tel point de titiller sournoisement la fibre émotionnelle des plus durs à cuire. De quoi leur faire gober les mouches les plus tsé-tsé. Chantage affectif, subjective culpabilité. Mère de tous les dangers.

Illustration 2
Pâle lueur © Vent d'Autan

La boite médicamenteuse bien mise en évidence sur le rebord de la table de nuit. La notice, à même le sol, délicatement froissée. La lampe de chevet renversée. Les draps à peine défaits. Une pantoufle qui traîne la savate à l’entrée de la chambre à coucher. Les volets mi-clos en clair obscur. Senteur de souffre sous effluences électriques. Mise en scène millimétrée, habilement orchestrée depuis des lustres. Bis repetita. Paranoïa de trépignements, délirium très mince. Mal de vivre laissant présager le pire. Suicide mode d’emploi. Scénario taillé au cordeau. Suspens au bord du précipice.

Placide, l’araignée du matin, chagrin, tisse sournoisement sa toile de crins. Piège à glu pour âmes tendres, bons samaritains et autres sauveurs patentés qui se donnent pour mission d'aider son prochain. Victime qui excelle dans le rôle de se plaindre, qui dans son rôle incarné rend les autres responsables de tout ce qui lui arrive ou pourrait bien se concrétiser. Statut taillé sur mesure sur fond d’histoire personnelle. Le chaud et l’effroi. La glace et le feu. Au jeu du chat et de la souris, souffler n’est pas jouer. Interactions de jeux psychologiques.

Fourbes ramifications d’intrigue vénéneuse. Thriller psychologique sur trame de fond du triangle infernal de ces relations à l’amer goût de fiel. Scène chaotique de la fin du monde avec pour intrigue les déferlantes en proie aux racines du mal. Tous les ressorts du cruel engrenage de l’emprise. Main mise insidieuse dont on ne perçoit que la partie émergée. Atmosphère sous très haute tension. A perdre haleine. Moteur. Action !

Illustration 3
Alluvions © Vent d'Autan

Plus personne au bout du fil. Cette fois ci aucun poisson ne mord à l’hameçon, l’appât bien trop gonflé de fausse naïveté. Insister, persister, multiplier les appels, enfoncer le clou, saturer la boite à messages, s’obstiner coûte que coûte. Aucune raison que personne ne vienne à la rescousse. Peine perdue. Un coup d’épée dans les eaux saumâtres du marécage de l’abject. Frustration faussement infantile. L’Arachnide fasciée a plus d’un fil à sa toile, ouvrage d’art contondant. Gare à l’imprudent, charmé par la mélancolie des âmes en peine.

Quelques jours auparavant, la dyade mère-fille avait essuyé quelques turbulences en sous-sol. Comme à l’accoutumée lancinantes rancœurs et amères reproches à la clé. Le lot quotidien de celle qui n’aurait jamais du n’être. Non désirée, malmenée, maltraitée, effacée, soumise au diktat de la génitrice, mère de tous les maléfices. Blessure d’abandon. Carences affectives. Bohémienne rhapsodie, tempo de liens maudits. Je thème tout autant que je te ai. Toxique relation, substance poison.

Illustration 4
Mur des lamentations © Vent d'Autan

Là où tout a commencé. Au bout de longues années de lutte contre le mal a dit, la fille proscrite avait accompagné le père fouettard jusqu’au bout de son dernier souffle, après l’avoir porté à bout de bras sans jamais rechigner d’un iota. Inconditionnel devoir de sacerdoce. Passé les contrariétés administratives, elle pensait bien pouvoir souffler un peu et s’extraire des griffes du tyran maternel qui la maltraitait copieusement depuis l‘aube de son premier jour.

Destinée d’une enfance contrariée sous les affects de l’impensable et de l’inconcevable. A l’extérieur, au vu de tous, une famille parfaite à souhait. L’envers du décor n’étant que le pire des sombres cauchemars. Qui l’eût cru et qui encore aujourd’hui pourrait bien le croire. Le bon Dieu sans concession, sans confession. Aux heures sombres, un ange déchu de ses louanges.

Quotidiennement sous emprise, elle vouait au substitut de mère un pouvoir absolu, dont celle-ci usait et abusait en toute jouissance pour libérer ses pulsions mortifères tout en exerçant son pouvoir sur autrui. Sans empathie et potentiellement diabolique. Le gout de l’odeur, l’odeur du dégout, le dégout de l’amer, la mer qui tangue. Rancœurs, aigreurs, dénigrements, récriminations, gestes et parole engluées en violences psychiques. Spirale infernale qui peu à peu vous conduit et vous éconduit à votre perte.

Illustration 5
Boire à la source © Vent d'Autan

À crier au loup jusqu’aux abois, les appels au secours restent coi. Cette fois ci, pas d’émulsion possible, la mayonnaise ne prend pas. Se sauver soi ou se noyer dans les profondeurs vertigineuses de propos toujours plus humiliants. Les paroles de son frère ainé résonnaient en elle comme le glas du tocsin. De légers chocs qui mettent en route la pensée.

Comment avait-il pu s’en extraire sans encombre, à tel point de tirer un trait sur cette tragédie familiale. Qu’avait-il affronté dans ces instants de grande solitude, lui que la famille avait cloué au pilori ? Lui qui avait osé s’opposer jusqu’à s’affranchir du diktat parental. Celui dont plus personne ne prononçait son nom. L’ainé,  premier de la fratrie, le préféré, chouchou de cette mère abusive, intrusive. Lui qu’elle chérissait d’une passion incestueuse, qu’elle étouffait en ses liens constricteurs. A contrario d’elle, rejeton sans bourgeon, la fille qui, aux yeux de cette folle coche, n’aurait jamais du exister. Famille fracassée, enfants tourmentés. Souffle la tempête des complexités anonymes jusqu’au jour où se dévoile la vérité comme un cruel tableau fissurant le monde familier.

Nous avons l’illusion d’imaginer un monde infini sans pouvoir y parvenir encore. Peu à peu vont s’estomper les lignes entre les ombres des maléfices et les lumières d’éclats de soleil. La vie est faite d’imperceptibles nuances dont chacun tente de s’accommoder. Réalité ou fiction, tout ceci n’est point un mensonge transformé en faux semblants. Aucun doute n’est permis, le récit d’enfance est vraisemblable, sans ambigüité dans l’atmosphère de ces paysages aux contours confus. Dénis, déboires, déroutes, débâcles,détours, déballages. Implacable destinée. L'enfer du décor. Pas de vie sans traces.

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