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Billet de blog 12 novembre 2023

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Guerre à la guerre, paix entre les peuples.

Comme chaque année devant le monument aux morts de Gy l'évêque, notre propre commémoration du 11 novembre. Cette année je ne lis par Luxemburg et Liebknecht mais ils sont présents par ce poème récemment découvert "Aux gosses qui meurent". Dédié en ce jour à tous ces enfants, pour tous ces mort.es de ces guerres incessantes ...

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Illustration 1

Lire :

https://blogs.mediapart.fr/villaeys-poirre/blog/041123/les-gosses-qui-meurent-langston-hughes

https://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/2015/11/pour-un-11-novembre-2015-contre-la-guerre-lecture-des-dernieres-lignes-de-la-brochure-de-junius-de-rosa-luxemburg-devant-le-monument

Un très beau et juste texte de La libre pensée de l'Yonne ouvre la commémoration

Les interventions des partis et initiatives présentes sont entrecoupées de très beaux textes chantés de Jacques Guillaume. qui chante  aussi Serge Utgé Royo : Amis, dessous le cendre. https://www.youtube.com/watch?v=jI6ExEe1tug

Amis, dessous la cendre, le feu va tout brûler... la nuit pourrait descendre dessus nos amitiés
Voilà que d'autres bras tendus
S'en vont strier nos aubes claires
Voilà que de jeunes cerveaux
Refont le lit de la charogne...
Nous allons compter les pendus,
Au couchant d'une autre après-guerre...
Et vous saluerez des drapeaux,
En priant debout sans vergogne

Amis, dessous la cendre...
La nouvelle chasse est ouverte
Cachons nos rires basanés...
Les mots s'effacent sous les poings
Et les chansons sous les discours.
Si vos lèvres sont entrouvertes,
Un ordre viendra les souder!
Des gamins lacheront les chiens
Sur les aveugles et sur les sourds... Si les massacres s'accumulent,
Votre mémoire s'atrophie...
Et la sinistre marée noire
Couvre à nouveau notre avenir.
Vous cherchez dans le crépuscule
L'espérance de la survie...
Les bruits de bottes de l'Histoire
N'éveillent pas vos souvenirs.
Je crie pour me défendre:
"A moi, les étrangers!...
La vie est bonne à prendre
Et belle à partager.

Illustration 2

Illustration 3

Et c'est avec beaucoup d'émotion que nous lisons en clôture le poème de Langston Hughes. C'est un ami Karl qui prête sa voix au poète.

Dominique Villaeys-Poirré

LE POEME

Ça c’est pour les mômes qui meurent,

Noirs et blancs,

Car les mômes mourront à coup sûr.

Les vieux et riches continueront de vivre un temps,

Comme toujours,

En mangeant du sang et de l’or,

En laissant les mômes mourir.

Les mômes mourront dans les marais du Mississipi

En organisant le métayage

Les mômes mourront dans les rues de Chicago

En organisant les travailleurs

Les mômes mourront dans les orangeraies de Californie

En expliquant aux autres qu’il faut se rassembler

Blancs et Philippins,

Nègres et Mexicains,

Toutes sortes de mômes mourront

Qui ne croient pas aux mensonges, aux pots-de-vin, au contentement

À une paix dégueulasse.

Bien sûr, les sages et les savants

Qui écrivent leurs articles dans les journaux,

Et les messieurs avec Dr. avant leur nom

Blancs et noirs,

Qui font des enquêtes et qui écrivent des livres

Continueront de vivre en tissant des mots pour étouffer le bruit des mômes qui meurent,

Et les tribunaux sordides,

Et la police avide de pots-de-vin,

Et les généraux assoiffés de sang,

Et les prêtres assoiffés d’argent

Lèveront tous la main contre les mômes qui meurent,

Les frappant à coup de lois et de matraques et de baïonnettes et de balles

Pour effrayer les gens —

Car les mômes qui meurent sont comme du fer dans le sang des gens —

Et les vieux et riches ne veulent pas que les gens

Goûtent au fer que sont les mômes qui meurent,

Ne veulent pas que les gens pigent qu’ils ont du pouvoir,

Qu’ils croient en un Angelo Herndon, ou même se rassemblent

Écoutez, les mômes qui meurent —

Peut-être que, là, il n’y a pas de monument pour vous

Sauf dans nos cœurs

Peut-être que vos corps se perdront dans un marais

Ou dans une tombe de prison, ou au cimetière des pauvres,

Ou dans les rivières où vous êtes noyés comme Liebknecht

Mais le jour viendra —

Vous pouvez être sûrs qu’il viendra —

Où les pieds des masses en marche

Érigeront pour vous un monument d’amour,

Et de joie, et de rires,

Et les mains noires et les mains blanches se joindront comme une seule,

Et un chant s’élèvera jusqu’au ciel —

Le chant de la vie qui triomphe

À travers les mômes qui meurent.



Et toujours en ce jour un peu de Luxemburg et Liebknecht

Les dernières lignes de la « brochure de Junius » de Rosa Luxemburg

(Dont le titre exact est « La faillite de la social-démocratie », texte paru sous pseudonyme, car Rosa Luxemburg était emprisonnée)

La guerre mondiale se révèle être non seulement un crime grandiose mais aussi un suicide de la classe ouvrière européenne. Ce sont bien les soldats du socialisme, les prolétaires d’Angleterre, de France, d’Allemagne, de Russie, de Belgique, qui se massacrent les uns les autres depuis des mois sur ordre du capital, qui s’enfoncent  les uns les autres dans le cœur le fer glacial du meurtre, qui basculent ensemble dans la tombe en s’enlaçant les uns les autres d’une étreinte mortelle.

 » L’Allemagne, l’Allemagne par dessus tout! Vive la démocratie! Vive le tsar et le panslavisme! Dix mille toiles de tentes garanties standard! Cent mille kilos de lard, d’ersatz de café, livrables immédiatement! » Les dividendes montent et les prolétaires tombent. Et avec chacun d’eux, c’est un combattant de l’avenir, un soldat de la révolution, un de ceux qui libéreront l’humanité du joug du capitalisme qui descend dans la tombe.

Cette absurdité insensée, ce cauchemar infernal et sanglant ne cesseront que lorsque les ouvriers d’Allemagne et de France, d’Angleterre et de Russie se réveilleront enfin de leur ivresse et se tendront une main fraternelle, lorsqu’ils couvriront le chœur bestial des fauteurs de guerre impérialistes et le hurlement rauque des hyènes capitalistes par l’ancien et puissant cri de guerre du Travail : Prolétaires de tous les pays, unissez-vous! »

https://comprendre-avec-rosa-luxemburg.over-blog.com/2015/11/pour-un-11-novembre-2015-contre-la-guerre-lecture-des-dernieres-lignes-de-la-brochure-de-junius-de-rosa-luxemburg-devant-le-monument


Lettre de Karl Liebknecht après son arrestation le 1er mai 1916 en vue de son procès

"Moi qui rejette fondamentalement la société de classes, la guerre et le militarisme,

je ne reconnais aucune loi aucune interdiction même militaire qui contredise des devoirs politiques et sociaux,

ni le commandement « Tue ton prochain ! "

Extrait d'une lettre à la Commandanture de Berlin. 10 juin 1916. Cette lettre fait partie des documents rassemblés par Karl Liebknecht sur le procès qui lui a été intenté suite à son arrestation lors de la manifestation du 1er mai 1916, organisé par le courant révolutionnaire au sein de la social-démocratie allemande. Elle est disponible  en français dans le remarquable volume publié chez Maspéro : militarisme, guerre, révolution en 1970. La lettre a été écrite après sa lecture de l'acte d'accusation : il y répond à la contestation que cette guerre soit impérialiste et corresponde à des buts de conquête allemand, en donnant de multiples exemples. Et à la célébration des soldats allemands dont le pouvoir vante la vaillance. Il termine cette lettre par une affirmation forte : Moi qui rejette fondamentalement la société de classes, la guerre et le militarisme, je ne reconnais aucune loi aucune interdiction mêmemilitaire qui contredise des devoirs politiques et sociaux, ni le commandement « Tue ton prochain ! »

https://comprendreavecrosaluxemburgdocumentsetdossiers.over-blog.com/2022/11/karl-liebknecht-s-interroge-sur-l-adhesien-des-proletaires-a-la-guerre-et-affirme-je-ne-reconnais-aucune-loi-aucune-interdiction-meme-militaire-qui-contredise-des-devoirs-politiques-et-sociaux-ni-le-commandement-tue-ton-prochain.html



Lu sur : https://www.facebook.com/strasbourgnovembre1918

Bertolt Brecht : "On peut tirer beaucoup de l'homme ... Il a un défaut, il sait penser"

De Saint Petersbourg à Kiel, de Craonne à Strasbourg, un seul mot d'ordre qui résonne encore : guerre à la guerre !

Paix, pain et liberté !

« ...Mon général, on peut tirer beaucoup de l'homme.

Il sait voler, il sait tuer.

Mais il a un défaut : il sait penser »

Bertolt Brecht (1898 – 1956) poète allemand - poème « Il peut voler »

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