Sur le papier, c'est un mariage d'égaux: Newsweek (italique, c'est un magazine) et The DailyBeast (lien souligné, c'est un site d'information) vont fusionner à 50-50. Mais de façon significative, c'est Tina Brown, ex-rédactrice en chef de Vanity Fair et du New Yorker et fondatrice du dernier qui l'annonce sur Twitter.
Quatre heures plus tôt, Sidney Harman, propriétaire de Newsweek déclarait encore que rien n'était fait. Les discussions préparatoires d'ailleurs avaient été officiellement arrêtées voici trois semaines par le DailyBeast, constatant que Sidney Harman cherchait plus à débaucher une talentueuse rédactrice en chef, qui a montré qu'elle était capable de revivifier un institution de la presse, qu'à se mettre un magnat des médias – Barry Diller, propriétaire du DailyBeast – entre les pattes, qu'il n'envisageait que comme un investisseur dormant. «Sidney voulait une structure dans laquelle il pourrait embaucher et renvoyer», expliquait alors le magazine New York, et entendait bien avoir son mot à dire sur les articles.
Mais le 11 novembre au matin, The New York Observer révélait que le propriétaire de Newsweek et celui du DailyBeast, Barry Diller, avaient continué discrètement les négociations qui se sont conclues tard dans la soirée américaine dans l'immeuble de Barry Diller.
Aux termes de l'accord, c'est la direction complète du DailyBeast qui débarque à Newsweek: Tina Brown en devient rédactrice en chef et Stephen Colvin, PDG. Sidney Harman devrait certes avoir un «rôle quotidien» dans la vie du journal, mais Tina Brown s'est assuré une «forte indépendance éditoriale». Quand à Barry Diller, il y gagne la perspective de tirer des bénéfices de son investissement: au bout de deux ans, The DailyBeast est toujours déficitaire de quelque 10 millions de dollars annuels quand un pure player concurrent, Politico, est devenu rentable l'an passé majoritairement grâce à la publicité de sa version papier. «Newswseek peut dégager bien plus de revenus que The DailyBeast» comme le note le New York Times.
Buzz contre notabilité, c'est donc l'objet de l'accord: «C'est une merveilleuse occasion pour les rédacteurs et les éditeurs du DailyBeast, insiste-t-elle sur son blog. Après avoir travaillé à la chaîne, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 [outre les chroniques de quelques éditorialistes célèbres de la presse américaine, le DailyBeast compile essentiellement des informations parues ailleurs], nous ajoutons la capacité de creuser des idées et mener des enquêtes qui nécessitent le style narratif de l'imprimé. Et pour Newsweek, The DailyBeast sera comme une vitrine pour les informations exclusives et pour les signatures des journalistes, accélérant ainsi le rétablissement d'un grand magazine.»
Le DailyBeast a été créé en 2008; Newsweek en 1933.
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